Pluie,
soleil, vent, pluie, soleil, vent
la
ville bourgeonne, le vert s'installe entre les pierres
le
ciel se précipitait en cataracte le long du mur de ma chambre, au
petit matin
et
commençait à se soulever, à rêver légèrement bleu en fin de
matinée, quand je revenais vers l'antre, avant que la lumière
revienne en gloire dans l'après-midi.
Ai
rêvassé un peu à mon enfance pour la compagnie des cosaques, ai
suivi des dynasties de nobles provençaux (souvent d'origine
italienne) de plus ou moins ancienne origine grâce à Gallica, ai
envie - tant pis si suis un peu seule à m'en amuser - de continuer
ici mes rencontres avec le duc d'Ormond (qui, lui, n'était pas
provençal), les vice-légats, d'autres et, pour commencer, reprend
ici la fin des amours de la marquise de V et du duc, parue sur
http://lescosaquesdesfrontieres.com
(devriez le suivre surtout pour les autres auteurs) –
histoire
dont le début, sur Paumée, se trouve sous le tag, petites
histoires avignonnaises (colonne
de gauche, vers le bas) les 16 et 24 février dernier.
Je
ne sais plus si c'est Jasmin ou moi - ou peut-être notre souci de ne
pas trop peser aux éventuels lecteurs - qui avait interrompu la
relation de l'histoire du duc et de la marquise, mais je sais que
c'est Jasmin qui est venu en reprendre le fil.
«L'impossibilité
d'une réconciliation était donc évidente, mais comme tout le monde
voyait les efforts du marquis pour reconquérir sa femme, et guettait
ce qu'il en serait, elle pria le duc de venir moins souvent, de se
faire discret, pour qu'on ne dise point qu'il était cause de son
refus, ce qu'il accepta respectueusement.
Cependant
le mari n'avait pas le public pour lui, et tout le monde était ravi
de la résistance de sa femme.
Furieux,
il soudoya un domestique de la maison de B., son beau-père, pour
qu'il l'introduise dans la chambre de son épouse, en son absence,
afin, disait-il de la forcer à écouter son plaidoyer lors de son
retour. Je ne sais si le domestique fut ou non dupe du prétexte…
j'en doute un peu, je le connais pour un rusé macaque, et lui en
veux pour cela (et là Jasmin a marmonné, pour lui même, mais j'ai
cru comprendre : et pour ses prétentions auprès de Rosette), mais
il le fit entrer et le cacha derrière une tapisserie tendue devant
la profonde embrasure d'une fenêtre.
La
marquise soupait en nombreuse et brillante compagnie chez une amie,
et le duc, qui était au nombre des convives, la raccompagna, fort
tard, dans son carrosse.
Il
entra avec elle et ils s'installèrent dans une salle basse pour
continuer leur entretien qui semblait fort vif ; la marquise renvoya
Rosette, sa femme de chambre, lui dit de préparer son coucher,
qu'elle monterait dans un moment. L'entretien se fit tendre, peu à
peu, de plus en plus tendre, mais fut interrompu par des cris dans la
maison.
Le
Duc se redressa, mit la main à son épée, voulut sortir de la
salle, mais la marquise épouvantée s'accrocha à lui, le serrant
dans ses bras. Le bruit augmentait, ils entendirent des pas dévaler
l'escalier, la porte de la rue s'ouvrir, se refermer.. Ma foi,
Vincent, mon camarade, qui se tenait près de la porte de la salle,
m'a raconté que le Duc semblait bien trop inquiet pour continuer à
donner des marques d'amour à la marquise...
Ils
entendirent des pas hésitants qui descendaient, qui se dirigeaient
vers leur petit salon. Sur un signe du duc, Vincent ouvrit la porte
et ils se récrièrent en me voyant entrer lentement, soutenant
Rosette couverte de sang.
Elle
était montée préparer la chambre, et je l'avais suivie sans bruit,
parce que j'avais du goût pour elle, ce qu'elle savait. Je le lui
répétais pourtant, avec toute la galanterie dont je suis capable,
et elle me répondait avec une grâce piquante, et, soudain, le
rideau remua, la bougie qu'elle tenait s'éteignit, elle se retourna
vers la fenêtre et, sans rien comprendre, elle reçut un coup de
poignard au dessus du sein (mais ne fut que légèrement blessée
grâce à son corps de baleine,… les femmes ont les armes qu'elles
peuvent) et comme en entendant nos cris, parce qu'elle hoqueta sa
douleur et que je donnais de la voix en battant l'air en cherchant à
atteindre son agresseur, un valet accourut avec de la lumière nous
reconnûmes le marquis qui, furieux de s'être trompé, donna un
second coup de poignard dans la main de mon amie, lui faisant une
entaille qui saignait beaucoup, me bouscula et s'échappa.
La
marquise et le duc se réjouirent je crois, sans trop le montrer, de
la méprise, et malgré les craintes qu'elle avait d'une embuscade de
l'époux contre l'amant, il s'en alla, bien escorté par moi et mes
trois camarades, et fort décidé à ne plus risquer ce genre
d'aventure.
Le
marquis se retira dans un château et se fit oublier (on ne sait s'il
emmena la couturière, je l'espère pour lui)."
Comme
Jasmin prétendait n'avoir plus rien à dire sur la marquise, je suis
revenue aux mémoires, pour constater que le duc ne parle plus de ses
amours avec elle que pour dire qu'ils ont duré mais avec rareté et
en secret, ce qui les rendait charmants, et qu'il eut grand regret
lors du départ annoncé.
Car,
à peu de temps de là, le roi Jacques tomba malade, gravement, et
une fois guéri dût partir pour l'Italie, après avoir tenté
Stockholm.
4 commentaires:
Avignon, passé, présent : l'art de la mémoire.
grand merci:)) - mais suis pas sure que ça ne va pas être Avignon, fin (au moins pour quelques jours)
Le Duc et la Marquise c'est un peu comme Roméo et Juliette
euh ! avec nettement moins de fraîcheur
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