soleil et vent moyen sur
la ville
sur Brigetoun en petites
démarches
juste de quoi donner envie
de tenues d'été – y penser, longuement et lentement, s'y
consacrer un peu... un petit peu, un tout petit peu... éternuer,
lire, rouspéter contre le monde tel qu'il se fait, se dire que
sommes sans doute responsables, sans doute, mais... faire du thé,
dormir, vaquer, casser, etc... passionnantes choses qui tissent le
jour,
et se borner à reprendre,
parues chez les cosaques http://lescosaquesdesfrontieres.com
des réminiscences, plus ou moins exactes, condensées, de vacances
en temps très anciens.
(image google.street)
C'était dans la douceur
humide des monts d'Ambazac..
je découvrais l'humus, la
vie.. et je tentais de m'attaquer à des pierres, lors d'un de ces
séjours-ateliers-pour-ne-pas-bronzer-idiot qu'offrent les campagnes
en été.. en fait, cela devait devenir mieux, et je referai le
voyage pendant plus d'un an, tenant dans mon ingrat travail parisien
grâce à ces petits séjours en week-end, seule, au coeur de l'hiver
pour retrouver ceux qui étaient devenus des amis.
Mais là c'était dans la
chaleur, entrecoupée de pluies orageuses, de la fin août - il y
avait des couples, des isolés, beaucoup d'enseignants si je me
souviens bien, comme ceux que je venais de quitter à Avignon,
campant dans un lycée.. il y avait des ennuyés ou passionnés,
venus là pour le plaisir de rencontrer d'autres gens (et qui
retrouvaient en fait leurs semblables) ou pour apprendre, ou pour
éviter d'autres vacances, et nous étions tous, ou presque, pleins
de bienveillance réciproque et souvent de gaité.
Il y avait ce grand type
qui, seul, voulait faire de la pierre un métier, qui passait ainsi
ses vacances d'apprenti tailleur de pierres, parce son amour pour
elles lui imposait de les sculpter (et sans doute parce que ce
perfectionnement pouvait lui servir). Je me souviens qu'il nous a
rapidement considérés comme une bande de joyeux farceurs et que,
gentiment, souriant, il s'est trouvé un coin un peu à l'écart, où
travailler avec sérieux et acharnement, et pas forcément plus de
succès que d'autres, mais avec l'entêtement qui lui faisait
transformer en persistance sa rage contre lui-même.
Parce que ceux d'entre
nous qui nous prenions au jeu (il y avait aussi des maris qui
s'occupaient ainsi pendant que leurs femmes tissaient, et ils étaient
les premiers à organiser de grandes promenades, le long du ruisseau
ou dans les bois, avec ou sans recherches de champignons) nous
étions, majoritairement, assez maladroits et incapables de tirer de
nos petits blocs de granit, ou vagues cailloux irréguliers et pleins
de veines malicieuses, ce que nous désirions, bien entendu, mais que
nous continuions parce que nous étions là pour ça, parce que
c'était un petit défi, parce que la barbe et les yeux rieurs d'A se
faisaient sévères si nous renoncions..
Je me souviens des
commentaires trop sincères des enfants et que nous refusions de les
écouter.
Je me souviens que je
prenais mes échecs avec bonne humeur et un apparent détachement,
mais que je buvais le plus léger signe d'encouragement, ou les
conseils contre lesquels je grognassais bien entendu - et que je
constatais chaque matin avec une surprise sincère combien le fait de
trouver une forme par soustraction diffère du modelage.
Je me souviens qu'avec C,
le frère de la tisserande, qui promenait parmi nous son ironie, sa
guimbarde et son refus d'essayer quoi que ce soit, nous avions
projeté d'enterrer une de mes "oeuvres", comptant sur la
perplexité d'archéologues futurs, et, qu'une fois de plus, nous
avions été traités d'idiots.
Je me souviens que, comme
j'avais tout de même un peu d'amour propre, lorsqu'un groupe de
visiteurs-vacanciers s'approchait pour voir ce que diable je pouvais
fabriquer, je faisais jaillir à grands coups de masse assénés sur
un ciseau posé avec l'angle voulu, une belle gerbe de petits éclats
pour les tenir à distance.
Je me souviens de ma
fierté devant ce petit jaillissement, mais aussi que l'on prétendait
que, quand je soulevais ainsi la masse pour l'abattre avec force, le
risque était grand, étant donné le rapport entre son poids et le
mien, d'une belle culbute en arrière.
Je me souviens qu'A m'a
installée devant un petit bloc de bois, avec des gouges, un carnet
pour dessiner un pré-projet, et des conseils de prudence, pour un
long labeur ingrat.
Je me souviens surtout des
séjours suivants.
6 commentaires:
Tailleuse de pierres... comme l'on taille sa route !
ô Dominique, ma gratitude pour vos fidèles marques de passage
trouver une forme par soustraction, comme dans le texte... j'aime beaucoup ce souvenir vôtre!
des souvenirs tout en humour léger et auto-dérision, un présent d'une élégance qui ne se dément pas pour "tisser le jour", votre marque
Vous laissez les souvenirs affleurer … ce mouvement est si subtile.
se rappeler les bons souvenirs, oublier les autres.
Enregistrer un commentaire