jours où j'étais un peu
ainsi, ... et un peu en recherche d'éléments pour tenter de comprendre le
monde, un peu en tentative de montage du vase de juin, sur mauvaise
base..
et puis comme mardi matin,
le ciel semblait de belle humeur – comme Toulon est en vadrouille
et que c'est le bon moment pour aller à Marseille – comme j'avais
lu des billets me donnant désir impérieux d'aller à la Vieille
Charité, un peu pour la connaître enfin, un gros peu parce que ce
qu'on disait de l'exposition en cours me tentait..
un peu aussi (faut pas se
l'avouer) parce que ma réaction lundi à notre désarroi (bon le FN
c'était prévu, mais qu'il n'y ait plus de front de gauche dans le
sud-est non, et puis d'autres choses comme la confection des listes
et la disparition de gens que je pensais estimables), après un
budget fait à grosses masses, je suis rentrée de la ville avec les
produits d'entretien prévus, mais aussi une robe de bonne maison et
enfin et surtout un petit nouveau, juste un peu plus grand que mes
anciens compagnons... que j'ai mis dans mon sac/seau de paille,
après avoir survolé le mode d'emploi, et jugé que, bon je verrai
ça plus tard..
et m'en suis allée
prendre un train vers les visages
http://www.marseille.fr/sitevdm/jsp/site/Portal.jsp?document_id=20093&portlet_id=8
(lien vers le site officiel de l'exposition Visages – Picasso
Magritte Warhol)
mais lisez surtout le
billet de Pierre Ménard
http://liminaire.fr/palimpseste/article/visages-d-une-exposition - suis totalement incapable d'en parler intelligemment ce soir (bon je
pourrais attendre... pas certaine que dirais aussi bien)
petite attente dans ma
vieille gare
trajet en sautillant de
gare en gare, nez dans le studio de l'inutilité de
Simon Leys, levant parfois les yeux pour voir, entre autres, un coin
de champ borné par des cyprès noirs contre le bleu, en rive d'une
herbe turquoise rougie légèrement par un voile de coquelicots,
fermant le livre en arrivant à la première gare marseillaise sur la
fin de son article sur Conrad, après l'avis négatif de Gide : Pour
revenir au coeur de notre effroyable époque, écoutons plutôt Primo
Levi : «Si mon travail littéraire a ses racines quelque part, c'est
dans Conrad».
Prendre
le métro pour une station (économiser mes vieilles jambes..)
et
contrairement à mes craintes ne pas trop me perdre dans le quartier
que je découvrais
arriver
à la Vieille Charité, la caresser des yeux un moment, soulever un
poco un sourcil devant la coupole obuesque
et
aller affronter mon visage à ceux que n'ai pu photographier
(prohibé)
les
deux premières salles vouées aux «visages de la société» avec
(ma mémoire tente de capter l'écume de ce que j'ai vu) – visages
du retour en rude figuration après la première guerre mondiale avec
Grosz, Richard Gessner, deux beaux dessins de Hubbuch etc.. - un
Segal très plâtreux derrière un hygiaphone, et puis Hélion, trois
têtes chapeautées, face à un beau Dubuffet, la vénus du
trottoir, blafarde, tête sur seins, forte et effondrée, et à
la silhouette de bronze roux d'une marcheuse de Giacometti -
les
visages icônes avec Warhol et Vik Muniz,
l'homme
effacé dans notre monde contemporain – un fusain plus grand que
nature (ou de peu) de Robert Longo, une silhouette en veston
déséquilibrée comme par une danse et qui est un gangster mourant –
des photos de Brassai, Gisèle Freund, S. Weiss, William Klein..
montrant ces humains effacés, brouillés..
un
portrait de Marial Raysse, la belle mauve, un oeil
soigneusement maquillé, ombre de paupière mauve, un oeil éborgné
par un plumeau lie de vin
l'influence
de Hopper – et, à côté, deux photographes que j'ai beaucoup aimés, Beat
Streuli et Philip Lorca di Corcia
et un portrait que les grands coups de brosse rendent abstrait de Yan
Pei Ming
une
autre salle pour les «visages de l'intimité»
avec
un autoportrait de Kirchner, superbement violent, des Bonnard où le
corps est montré se dissolvant, un Picasso la femme au miroir
repris sur l'affiche, d'autres...
et une
photo de Nan Goldin étonnamment semblable à une de celles exposées
à la prison Sainte Anne
une
petite pause visage au soleil et puis «les visages de l'esprit»
avec, bien entendu, De Chirico, Magritte, Brauner, mais aussi ce que
j'ai préféré : une femme au sourire de Picasso (tordue et belle),
un petit portrait de Diego de Giacometti, et deux Bacon
et je
passe le reste...
la
possibilité de garder des images (en visant au dessus des oeuvres)
de la chapelle qui abrite des petites sculptures - deux Brauner (dont
le beau signe composé de deux visages superposés), et pour mon
plaisir grand un Max Ernst, un Gargallo, d'autres...
un
café, et dix ou quinze farfalle... pas faim et je commençais à
avoir mal aux pieds (nouvelles sandales à talons anormalement hauts
pour moi, portées avec aisance depuis trois jours, mais qui là ne
s'imposaient sans doute pas)
et
monter au premier étage, flâner un chouya en regardant la ville, la
cour, avant de pénétrer dans la pénombre du Musée d'Archéologie
Méditerranéenne, en avançant entre la collection permanente
soigneusement laissée dans l'obscurité
et les
oeuvres choisies pour accompagner le thème des visages (en
l'étendant souvent aux corps et aux canons, égyptien et grecs)
oeuvres
des Cyclades, enfançon étrusque, visages copte, grecs, silhouettes égyptiennes, petites
statuettes irakiennes, etc... rien noté, aimé souvent, le plus
souvent
et sur
le visage rêveur du diadunème, suis sortie... la petite suite
gardée pour demain.
13 commentaires:
Immense plaisir de retrouver ces images par tes yeux
et le plaisir du petit canon, je pleure le mien hélas que je vais remplacer.
moi, malheureusement, carcasse n'en respecte aucun, puisqu'il s'agit là de canons de beauté
Ce ne sont jamais trop de photos. :)
Toujours le paradoxe de ces expos de photos que l'on ne peut prendre en photos...
Mais vous avez su très bien contourner l'obstacle (et votre Sony semble impeccable).
Et puis, il y avait - entre autres - un Martial Raysse, alors...
L'attente récompensée: cela valait la peine d'une longue préparation. Belle note.
La beauté que donne le temps sur les objets ethniques...
oui Dominique,mention dédicace (enfin pas que pour cela)
euh Michel : statues grecques entre autres ethniques (à leur aune ce sont nos oeuvres qui le sont)
Quel plaisir de vous suivre dans votre Sud !!
magnifiques photos à voler...
Tu as même ramené un tailleur gorgé de soleil
merci de partager ainsi vos visites !
Ce que tu montres du musée archéologique me donne une bonne raison de retourner à Marseille, meilleure que l'exposition à la Vieille Charité. Enfin une raison de plus...
sur tes pas, je te suis, revois avec tes yeux, ce que j'ai vu... effet loupe garanti... merci!
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