images banales d'un lundi
matin, d'un circuit Carrefour, teinturier...
Je marchais en constatant
qu'aucune trace, sauf les gradins de la cour d'honneur, ne vient
annoncer les transformations des lieux en théâtres, in ou off, ce
qui, avec la facilité avec laquelle j'ai eu de très bonnes places
grâce à l'abstention des comités d'entreprise et agences, me rend
un tantinet pessimiste...
et me fait penser que je
n'aurais pas eu de mal à lire et recenser les vases communicants de
juillet, le premier jour du festival, même si la liste n'était pas
aussi désespérément étique (deux échanges, et deux candidatures
isolées)... me sens un peu coupable, crains d'avoir découragé en
annonçant mon abstention... mais cela ne concernait que la lecture
le jour même (et ma participation, par honnêteté, ce qui n'a guère
d'importance) mais pas la liste – et ceci est une supplique, ne
laissez pas tomber les six candidats !
Et comme j'étais un peu
fiu, un peu déconnectée, un peu plongée dans lectures au long
cours et petits soins domestiques, je reprends ce que Julien
Boutonnier avait gentiment accueilli chez lui en juin.
Nuit
Eveillé seul - sans
route, bagage, campement , bêtes de selle ou de charge - dans la
savane aigre de ma nuit
mes
nuits de profonde houle
la
nuit que tuent les lumières – la nuit de ténèbres, fille de la
nature – la nuit douce des veilleuses –
la
nuit étendue entre ciel et terre, sommeil, rêve et amour – la
nuit ombre de l'âme – la nuit pétrie de mystères –
la
nuit rythme du temps
éveillé
seul
mes
nuits ombreuses
la
nuit enveloppe où se blottir – la nuit qui protège notre départ,
notre fuite dans l'autre part –
la
nuit libération de l'esprit – la nuit qui s'ouvre comme un domaine
–
les
pas qui habitent les rues désertes – le chemin de lanterne en
lanterne – la paix ambulant à côté de la fête -
la
nuit qui pèse à trois heures du matin, écoeurement épuisant,
frontière à vaincre
sans route, bagage,
campement , bêtes de selle ou de charge
mes
nuits amicales
la
nuit nourrie du jour – la nuit de pensée lucide –
le
calme des membres dénoués – l'abandon d'un corps d'enfant, dont
on soulève légèrement la main pour que le doux souffle vienne
rassurer –
nuit
bruissante des arbres – nuits adolescentes de si longtemps, la voix
de Germaine Montero, Lorca, une terrasse sur l'odeur des pins qui
perdent la chaleur du jour et le ressac qui chantonne sur les rochers
plats
dans la savane aigre de
ma nuit
mes
nuits sans fin sans espoir ni tendresse
la
nuit de pluie sur des cartons –
la
nuit d'une cellule surpeuplée, la nuit d'une cellule solitaire –
la nuit de l'hôpital, le bruit des pas en savates, la voix lasse et
douce, la main, le sourire, la morphine, sombrer dans le jour qui
monte –
la
nuit qui pèse entre les épaules, avant la relève – la nuit de
ceux qui craignent le jour qui vient -
ce
très ancien doux temps de la marche enclose sur l'autre quitté,
vers ma chambre vide
ma, ou
votre, nuit, night, noche, nacht, notte, noite, Nout -
mais
Nout ce n'est pas la nuit ! Je sais, c'est la voute, l'arc au dessus
de son époux Geb, la terre, pourtant...
Je
tiens la lumière et Nout m'engloutit, Nout qui se fait noire
parsemée d'étoiles, et la lumière et moi, agrippée à ce mot,
l'idée de clarté, entraînée à sa suite, nous entreprenons le
long voyage de la nuit, dans Nout la guérisseuse, aux larmes de
pluie, Nout aux amours qui ne durent que cinq jours, Nout la
faiseuse d'orages, Nout au rire de tonnerre, Nout sur laquelle
brillent les morts pour nouvelle vie, Nout d'où émergeons, la
lumière et moi toujours dans son sillage, son espoir, jaillissant de
son giron pour que vienne le matin.
Sur le tard, tard! je
compris enfin, je
compris clairement
(comme à travers la glace claire)
d'où je dirais mon
souffle et comment m'en servir
avec clarté - sinon
bien :
Clarté!
clame en son chant le
rouge-gorge. Clarté!
Clarté!
Note :
première
citation : Leiris dans «Haut Mal» mon choix
poème
final : William Carlos Williams dans «Paterson», le beau choix de
Julien Boutonnier
image
de Nout – détail du papyrus Greenfield - Shou soutenant Nout
PS suis en désarroi, très en colère, même si ce n'est jamais que la goutte qui fait déborder le vase (pas le même, là il s'agit de l'éventuelle signature de l'accord sur l'indemnisation des intermittents et précaires, de ce nouveau bras d'honneur qui nous est fait)
6 commentaires:
Chère Brigitte,
Jamais ce que nous faisons de généreux, d'utile, de si précieux aux autres ne doit s'imposer à nous comme un reproche, donc bonne respiration sans lecture des vases. Sur la participation, je me demande s'il n'y a pas un problème plus structurel, nous n'invitons pas assez de nouveaux venus, ne prenons pas assez de risques avec des échanges incertains et du coup le petit univers des vases continue à explorer avec une intensité sans cesse plus forte ce merveilleux dispositif mais sans se renouveler assez. Peut-être faudrait-il se dire qu'une fois sur deux, on vasecommuniquerait avec quelqu'un qui jamais n'a.
Philippe
Les intermittents seront-ils obligés de faire la manche pour que vive le Festival ?
"fiu" ?
Pour "Les Vases", ne vous en faites pas (et c'est les vacances, aussi)...
fiu (suis pas sûre de l'orthographe) à Tahiti quand on est un peu vague, sans goût, un peu à côté de soi (enfin je crois c'est ainsi qu'on l'employait en famille)
bien compliqué, tout ça...
sûr que les #vasesco depuis longtemps existent parce qu'il y a cette colonne vertébrale, cette compile qui nous permet d'aller les lire comme de passer par la table des matières d'un livre ou d'une belle revue, même beaucoup plus que le blog "rendez-vous", puisque intervention rédactionnelle
plus de 4 ans pour une telle expérience c'est déjà fabuleux en soi
en juillet j'échange avec Anh Mat, rencontré par Internet il y a juste 1 an, et en août j'échange avec Phil Rahmy, rencontré par Internet il y a juste 15 ans...
savoir arrêter ? trouver d'autres formes de mixages, circulations ?
en tout cas, notre gratitude bien fraternelle à l'arpenteuse du web comme des rues d'Avignon
oui mais la liste de septembre est déjà plus fournie.. et d'après des réactions je crois que vraiment mon annonce : fini pour moi (qui ne concernait que ma participation et éventuellement la lecture si trop nombreux étaient) a été dissuasive...
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