mettre vieille robe,
une-pour-traîner et qui ne se repasse pas (trois francs six sous
mais l'aime bien parce que me sens dans un film néo-réaliste, on a
les motivations que l'on peut !), prendre sac de linge et partir dans
les rues, décidée à tenter de continuer mon programme mais
envisageant de laisser Paumée se taire (impression très forte, et,
pire, constat, que je lasse - et pas trop le courage de continuer à
prolonger ainsi mes journées)
Seulement, comme
prévisible, une fois ma petite comédie intérieure derrière moi,
je prends prétexte du plaisir de mémoire, pour moi, et continuerai
– je décide simplement repos maximum avant fin de l'après midi,
impressionnée par ce que disent ma balance et le contact de mes
hanches...
déjeuner, petite cuisson
de carcasse dans le cagna de la cour, à côté de la rose qui va
déjà vers sa fin, sieste, un peu de lecture calme
et départ, presque à
côté, vers le jardin de la rue de Mons,
la petite terrasse en
marge des sièges
et la lecture de Pronto
Gagarine de
Nidhal Guiga (Tunisie), dont elle avait
écrit un premier jet en 2008 au moment des affrontements à Gafsa,
accepté mais non monté alors par le Théâtre National tunisien,
qu'elle a repris, modifié lors d'un projet du Centre de dramaturgie
arabe, et qui a été mis en scène en février 2013, par l'Irakien
Muhaned Alhadi (publié par les éditions Elyzad)
Sur fond de guerre
civile, deux candidats à l’immigration clandestine par voie
aérienne sont confrontés à des difficultés de toutes sortes. Le
passeur tergiverse et multiplie les prétextes pour ne pas honorer
ses engagements. Les insurgés barrent les routes et les passages. La
sœur du second candidat survient et tente de le faire revenir sur sa
décision. Dans ce chaos indescriptible, personne ne voit le bout du
tunnel.
résumé trouvé sur
j'ai aimé les différents
niveaux, et que d'un dialogue entre passeur (Eddie Chignara qui crée
image par sa voix et ses accents) et réfugiés on en arrive à une
discussion sur la physique quantique, ou à un monologue poétique de
Gaga, celui qui veut cloîtrer les femmes, qui se méfie de tout et
rêve de regarder ce monde où il est depuis l'espace..
Aimé les différents
caractères, les liens entre eux qui sont plus complexes qu'on le
pense d'abord...
et le dénouement en
pirouette (presque)
retour vers l'antre, avec
un détour pour acheter du sirop d'orgeat
qui m'a permis de
rencontrer, à nouveau, le bon guitariste de l'autre nuit – me suis
attardée un moment, et suis repartie d'un bon pas, un carton portant
une pièce que j'ignore, dans un bref et fort souffle du vent,
tentant de me rentrer dans l'oeil...
arroser, cuisine, préparer
ceci, en écoutant le concert-lecture qui a lieu à Calvet, me changer
et m'en aller, loin, si
loin -enfin pas tant, mais si, je trouve, si loin (raison pour
laquelle je snobe tous les entretiens qui se déroulent, juste un peu
plus près au site Pasteur de l'Université) -, jusqu'à la cour
minérale de l'Université, près des remparts, de la porte Saint
Lazare,
avec un détour parce que,
la ministre étant quelque part dans le coin, sans doute à la
Faculté des sciences, la rue Pasteur, juste après la place, était
barrée.
Quelques bancs (dans
l'espace cela semblait peu) de bois dans un coin de la cour, une
attente pour nous tasser, et l'arrivée de la troupe El Wharza de
Hassan El Geretly, pour un spectacle qui, après plusieurs moutures,
s'intitulait normalement Haeeshek mais,
en dernier ressort «les oiseaux du Fayoun»
image Christophe
Raynaud de Lage
en
fait, plutôt qu'un spectacle, un échantillonnage où on passe d'un
genre à l'autre, avec comme lien ce que El Geretly nous dit de
l'histoire de ce spectacle évolutif.
vaste répertoire de
chants et de chansons avec les comédiens, conteurs, chanteurs et
musiciens de la troupe El Warsha. Quatrains moraux de La Geste
hilalienne multiséculaire, music-hall cairote, chants de résistance
de Suez, chansons ouvrières de Nubie, protest songs de Cheikh Imam
et Ahmed Fouad Negm, canulars de Mahmoud Choukoukou... Haeeshek...
est une manière très égyptienne de balancer la rage par le
sarcasme insubmersible face à l'injustice, de panser la douleur et
la perte par la célébration du jour qui vient.
Avec
l'ajout d'un chant palestinien,
Avec
pour commencer une très savoureuse traduction de la fable de La
Fontaine dont j'ai oublié le titre, qui parle du loup et du chien
gras mais au cou pelé par le collier, conté savoureusement, voix et
gestuelle, par un des acteurs.
Avec
une belle chanson écrite après le premier incendie d'une église.
Avec
dans les quatrains de la geste hilalienne des fulgurances poétiques,
avec la saveur des chansons populaires, quelques poètes, et un
public vibrant.
Avec aussi quelques
bribes, rendues vivantes grâce aux acteurs (qui sont également
chanteurs) d'une
création récente Zawaya
/ Témoignages de la révolution,du
jeune écrivain Shady Atef qui
a recueilli des récits de ces journées
charnières et a insufflé cette mémoire à cinq personnages et
autant de monologues : un voyou acheté par le pouvoir, un officier
de l'armée, la mère d'un jeune homme tué place Tahrir, un
supporter de football, une activiste des droits de l'homme. Pour
Hassan El Geretly, metteur en scène, il s'agit à la fois de méditer
sur les récits : « l'idéalisme des “18 jours” reste une sorte
de référence, mais il y a une ambiguïté, ce n'est pas une
célébration (...), il y a de multiples points de vue, et ces
histoires sont de celles que nous avons tendance à ne pas écouter,
à ne pas raconter. »
Applaudissements,
saluts,
et
puis une nouvelle chanson, que nous applaudissions en dansant...
Pas un
grand spectacle mais un beau moment.
Retour
à travers les rues endormies et les points où la fête persiste.
4 commentaires:
Le sirop d'orgeat exigerait (pour rester dans le début de votre texte) l'accompagnement de quelques gouttes de pastis : une "Mauresque" serait alors la bienvenue !
sourire, mais ne résisterais pas au pastis, alors café pour un café frappé
La rose déjà qui passe et se lasse d'être belle.
Une frêle silhouette amis bien lestée partant en campagne. Plaisir de la surprendre en reflet.
..une robe à trois francs six sous...pour aller voir l'Opéra de quat'sous ?
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