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désolée, Paumée se veut à l'abri, sauf quand un acte fait déborder le vase, des allusions à la politique ambiante.. et si je suis reconnaissante aux envies de commenter je vous demande de me pardonner de rétablir la modération

samedi, août 16, 2014

Recherche d'oloé pour une assomption


Matin, saluer la toute petite rose qui me fait l'honneur d'arriver à s'ouvrir dans la cour, regarder le ciel, le voir bleu, décider de sortir en quête d'un oloé aux Doms dans l'après-midi, puisque le soleil ne descend plus guère jusqu'à moi
et, malgré le vent qui nous ramenait sans cesse des nuages, malgré la tout juste tiédeur, du moins à mon goût, y suis montée, parce que c'était son jour à la dame dorée – eu grande envie de lui dire mais monte donc au ciel... ce qui prouve que, ne l'aimant guère, trouvant qu'elle oppresse la tour de notre toute petite cathédrale, je ne suis pas une vraie avignonnaise... même si elle m'amuse parfois en marchant sur les toits des rues - parce qu'elle donc, parce qu'aussi le billet de Dominique Hasselmann le matin http://hadominique75.wordpress.com/2014/08/15/persistances-retiniennes-uzetiennes-et-autres-8/ m'en avait donné envie... malheureusement le temps était moins radieux.
Suis montée, ai tourné un peu, dans la petite affluence calme et familiale d'un jour férié, ai salué les différentes vues,
ai eu envie d'un oloé dans les fleurs, dans passage mais sans que ce soit génant, pendant une période de soleil dardé, me suis repliée devant mon arbre habituel ensuite, me retenant de grogner contre la trop faible chaleur,
en dégustant le faiseur de théâtre de Thomas Bernhard, pas une de ses meilleures pièces, mais Bernhardissime
L'écrivain est mensonge
les interprêtes sont mensonges
et les spectateurs aussi sont mensonges
et le tout rassemblé est une absurdité unique
sans même parler du fait
qu'il s'agit d'une perversité
qui a déjà des milliers d'années... (scène 1.. mais les jugements du faiseur de théâtre ne s'améliorent guère par la suite, et s'expriment souvent en phrases propulsées de redites en redites, comme il se doit)
Et puis, flânant, tournant, essayant, soupirant, repartant, me suis finalement installée sur la rambarde de la première rampe de la descente vers l'église pour tenter de m'inspirer de la septième proposition d'écriture de François Bon pour l'été 2014, http://www.tierslivre.net/spip/spip.php?article4009, abandonnant en route ma première idée, qui était de me fixer à un bout de peau à travers les heures etc... et trichant, ce qui fait que j'hésite à l'envoyer pour que François Bon quand il le pourra la joigne aux autres participations.
Comme je n'aime guère celle que j'ai envoyée pour le n°6 ce que personne ne saura du personnage http://www.tierslivre.net/spip/spip.php?article4002 du moins pas assez pour ne pas craindre qu'elle soit déplacée sur le tiers.livre. Par contre, la reproduit ici
Americano Bossi, le commandant
Là, à ce moment, en 1912, il a cinquante cinq ans..
pas très grand, jambes courtes, large d'épaules, face rouge sombre, yeux noirs enfoncés sous des paupières blessées, sourcils protecteurs, nez droit, cheveux légèrement crépus d'un brun grisonnant, barbe qui va et vient selon les saisons, grande bouche mince, comme une balafre, large cou ridé.
Italien échoué sur cette côte, armateur en faillite, n'a plus que ce commandement, un gros boutre qui navigue entre Garoowe, Obock, Djibouti, Port-Saïd.
Boutre ou plutôt baggala, de construction récente, grand et beau, bien entretenu, avec une cabine de poupe aux belles boiseries inspirées de celles des derniers grands voiliers européens..
un peu de sel, ce qui n'est pas acheminé par le nouveau chemin de fer, surtout cabotage, se charge de marchandises diverses sous la responsabilité de la chambre de commerce, ce qui n'est pas transporté par les vapeurs de la Compagnie de l'Afrique Orientale – un peu de chargement plus ou moins déclaré et déclarable pour des négociants.
S'est chargé du recrutement de l'équipage de son nouveau bateau, en laisse depuis la responsabilité à son second yéménite embarqué avec lui depuis des années.
Il n'est plus retourné en Italie depuis 1885 – il a eu, il a, une femme, là bas, qu'il n'a guère eu le temps de connaître, devenue souvenir coupable - mais il se tranquillise rapidement quand par hasard un souvenir se risque, en pensant qu'elle est de famille riche.. pour le reste espère vaguement qu'elle a trouvé une façon de se faire vie heureuse, une vie autre sans que pèse le jugement de leur petite ville et des prêtres, ils ont correspondu pendant quelques années, mais c'est il y a maintenant longtemps – il a une femme, sa femme, ses enfants issas, et une maison près du Khor Bouhane.
Orgueilleux, se veut notable, est toléré comme tel... serviable et assez charmant.
Il parle arabe, afar et somali, et bien entendu italien et français.
Sobre mais gourmand, autrefois alcoolique, insiste sur l'autrefois, quitte à se dépeindre un peu, très peu, sous un mauvais jour pour plaider l'abstinence, un rien rigide en ce qui concerne la boisson, ami d'un imam - il s'intéresse au Coran, sans se convertir - ami aussi - goût partagé pour certains livres, plaisir de l'écouter jouer du violon - de Madame X, qui, chez elle, dans sa grande maison sur le plateau, a créé, à la mort de son mari, qui lui a laissé participations dans factorerie et diverses boutiques, une école pour quelques filles d'européens et de commerçants issas, et un petit dispensaire.
C'est à la demande de celle-ci qu'il a accepté de prendre pour passager vers Port Saïd, pour le rapatrier et peut-être l'éloigner plus rapidement, le plus jeune des deux ingénieurs des salines du lac Assal, celui qui a été blessé dans une rixe qu'il aurait provoquée. Il les avait d'ailleurs rencontrés chez elle et avait sympathisé avec l'aîné, victime d'une grave crise de paludisme.
Tolère avec courtoisie et tient poliment à distance son passager.

PS pour qui est arrivé jusqu'ici
Si vous avez du temps que l'on dit à perdre, si vous voulez vivre ce temps et ce qui reste de ce qu'on nomme l'environnement, lisez donc, vraiment, le syndrome GI Joe de Benoît Vincent, l'ami – je me veux cette chance - il y a son travail, il y a la foi perdue dans le sauvetage du vivant, il y a une rage assumée, il y a aussi le plaisir d'énumérations qui me sont chanson étrangère, il y a aussi qu'il écrit bien cet homme http://remue.net/spip.php?article6897 et puis le sanglier, puisque sanglier se sent, termine ainsi je me dirai Il y a encore de la vie sur cette planète.

6 commentaires:

Dominique Hasselmann a dit…

Amusant (et merci !) que vous suiviez maintenant mon itinéraire...

Il est vrai que le panorama, sans doute peu connu des "festivaliers", est très beau depuis cet endroit.

Brigetoun a dit…

un des deux dimanche possibles pour avignonnais sans voiture, l'autre étant la Barthelasse

Gérard a dit…

La rose matinale t'a propulsée vers les hauteurs de la dame dorée

Nana Marton a dit…

Se suivre et ne pas se ressembler...

J'ai suivi votre conseil et la lecture du Syndrome GI Joe (ou Castors Juniors) m'a clouée sur ma chaise, passionnante et atterrante.

L'amateur, le passionné, celui qui donne son temps comme dernier (nouveau) maillon de la chaîne libérale : je n'avais pas conscience que nous en étions là !

Parfois, le monde me pèse...
Le plaisir de lire votre proposition n° 6 allège un peu ce poids.

Brigetoun a dit…

le sel de la terre n'a jamais fait fortune.. mais fut un temps où il y avait illusion de pouvoir améliorer en mon jeune temps, et même en son jeune temps qui est nettement postérieur au mien… l'espoir renaît toujours

arlette a dit…

"Mensonges"... mais ciel si beau pour la Vierge en Assomption
Et belle lecture sous les ombrages