aller jeter un mois de
journaux, revues, papiers, et verres dans les bacs de ciment sous les
remparts, le ciel bleu
le vent qui nettoie le
sol, mais laisse la tiédeur nous revenir...
pharmacie, lumière,
petite allégresse,
une envie de danser sans
raison de la carcasse, vieille comme les vieux fils et câbles sans
utilité qui se balancent.
Sur le chemin de l'antre,
s'arrêter un moment devant Ducastel, le vide qui s'y fait, les
oeuvres repoussées, les ouvriers, en petite inquiétude (ne veux pas
qu'ils ferment, font partie de mon décor, me créent des désirs
presque réalisables)
ne se sentir bonne à
rien, juste à végéter, et se juger bien incapable de s'extirper
mots, reprendre, comme hier, ma contribution, aux premiers jours du
mois, avant la plongée dans le festival, à la proposition n°4 de
François Bon sur Tiers livre
http://www.tierslivre.net/spip/spip.php?article3996
impossible retour (mais d'ici même)
– lire, je vous le conseille, la présentation, la consigne, si
vous pouviez les liens, et Françoise Gérard, Philippe Castelneau,
Dominique Hasselmann, Christine Grimard, Alice Neubeurger, Nathalie
Fragné, Laurent Shaffer... et donc si voulez bien, Brigitte Célérier
:
car je devrai
parler de toi
car je devrai parler pour
toi, puisque on t'attend en vain, tu ne le sais pas encore,
peut-être, mais j'en serai sûr, ou à tout le moins de ton retard
car je vais devoir parler
de toi, que j'ai laissé, à ceux que tu avais quittés, comme te
l'ai promis
je ne pourrai ou ne devrai
pas dire les murs et la longue fenêtre qui ne s'ouvre pas, le soleil
dardé qui fait du lit un piège humide où croupir
car nous nous disions tu
entends la mer, ou nous nous regardions avec le désir de la mer dans
les yeux, mais nous ne la voyions pas, mais tu ne la vois pas
car elle parlait de la
terre quittée, très loin, de mer en mer, et qu'elle était là, au
bout du terrain sous la fenêtre
car de toutes ses voiles
le bateau m'emmène mais que tu ne l'a pas pris et ne le prendra pas
tu es là, dans la
chambre, seul maintenant, ou peut être pas
mais tu parlais, tu parle,
si peu que cela ne change rien
langue liée par la
fatigue ou le découragement, ou la peur des mots qui viendraient
dire ta détresse, lui donner existence
je regarde le sillage, un
marin qui vide un seau, je tends mon visage à l'humidité de la mer,
je pense à toi, à la moiteur où tu cherches le repos
et tu vois le mur chaulé,
le christ bleu, le rideau que tu voudrais tirer sur la lumière
tu attends, tu guettes les
pas glissés des serviteurs, le claquement des chaussures des soeurs,
tu roules sur toi même,
en ahanant, tu tends un bras désobéissant vers le pichet posé à
terre
tu retombes sur le dos,
regarde les lézardes du plafond
tu es peut-être ici avec
moi, et les murs se font de toile, claquent dans le vent, et les
palmes qui s'agitent dehors le font comme des lames lentement formées
et déformées
mais tu ne pars avec moi,
dans le rêve, que quand la fièvre t'y aide, quand elle se fait
refluante
car tu ne partira pas,
ligoté par la fièvre qui te ligotes avant de t'anéantir, tu le
sais...
nos fièvres, qui nous ont
cloués dans cette maison de fièvres, avant que s'éteigne la fièvre
de richesse qui nous tenaient en ce pays, avant que nous jugions venu
le temps du départ, avant qu'il nous lâche.
Mais je sais que je me
trompe sans doute, que la maison t'a avalé, que tu n'as plus le
désir de l'en-à-aller.
6 commentaires:
Ton Août démarre en réflexion profonde ...
" Venu le temps du départ avant qu'il nous lâche"...
un grand merci à vous deux
à vous deux parce que dans la bagarre avec blogger un très gentil commentaire de Jeandler a disparu - tant pis le recopie
La lumière complice, magnifiques images loin d'une quelconque nostalgie.
pauvre paumée
victime d'août
des vases communicant (dont je fais pub)
de ma médiocrité
divisé par deux comme passages
Vous laissez, toujours, à fleur de peau
votre émotion.
Merci pour ces beaux instants que vous partagez avec nous
fiévreux ce début de mois ! !
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