je sais, je suis presque
certaine qu'il n'a pas plu
je sais, je suis certaine
que j'ai eu froid, un peu, et qu'il ne faisait pas froid
je sais que par moments
j'ai eu une sensation de lumière, et parfois non
je sais que j'avais un peu
mal, de lourdeur, mais que l'ai oublié
je sais que j'avais fait
projets de rangements, repassage, sortie des chandails les plus
ordinaires, tri, rangement des tee-shirts les plus légers (bon ça
ce rangement l'ai fait), et que c'est resté très, trop, virtuel
je sais que j'avais fait
une promesse à un ami, et que pour y satisfaire ai passé la
matinée, et une partie de l'après-midi dans les vases communicants,
maintenant que j'ai décidé de ne plus m'en occuper – que j'ai
aimé ça, qu'il m'est même arrivé de me souvenir du plaisir d'un
échange, de me relire, et deux fois d'être outrageusement contente
de moi
je sais que j'en ai tiré
la certitude que j'étais en état de débilité prononcée, je sais
que j'ai renoncé à trouver idées pour Paumée, et à repasser
je sais que pour le
premier point je me sers d'un nouvel épisode de mon voyage
imaginaire pour les cosaques des frontières
http://lescosaquesdesfrontieres.com
et que pour le reste j'ai fait de beaux et fermes projets pour mañana
Ce serait (4)
Nous sortirions d'un
tunnel boisé, le ciel aurait repris sa place, au dessus de la
voiture roulant vers Nimègue, entre deux rangées d'arbres, troncs
rugueux et feuilles légères, comme celles qu'aimaient détailler
les paysagistes.
On dirait que j'avais
cueilli dans un petit guide, la veille, avant de m'endormir, les
quelques renseignements qui étaient parvenus à franchir la barrière
qu'un mélange de rêveries fort éloignées de ces terres, de ce
moment, et de cette somnolence qui me gagnait en nappes
irrésistibles, juste quelques notions pour me donner désir de
découvrir, et que j'oublierai sans doute dès que la ville, sortant
des mots, des caractères imprimés, deviendrait briques, pierres,
bois et fers contournés, passants, échoppes et la lumière, l'air
qu'elle choisirait d'avoir pour siennes.
Il y avait un amusement
déplacé (l'époque évoquée était rude) en pensant aux six
traités qui y furent signés en 1678-1679, à la répartition égale
pour le nombre entre les suédois et les français, et à la presque
symétrie des co-contractants - pour la France, les Provinces-Unies
pour le premier, l'Espagne ensuite et enfin le Saint Empire, juste
quelques jours après que les Suédois aient signé leur premier
traité avec ce même Saint-Empire, avant, dans l'ordre, Munster,
puis les Provinces Unies. Et je m'étais dit que j'aimerais lire
(mais tant et tant de choses il y a que j'aimerais lire et découvrir,
qui resteront bougies soigneusement rangées, éternellement en
manque de feu) des correspondances, des romans, à condition qu'ils
soient bons, des souvenirs, vrais ou faux, de ces longues guerres du
siècle que l'on dit d'or ou grand selon nos pays.
La radio passait du
piano-jazz, un air que je ne connaissais pas, un musicien que je
n'étais pas sûre de reconnaître, et je regardais passer, le long
de ma fenêtre, derrière les arbres, une piste cyclable, des
bosquets encore un peu échevelés mais avec une régularité dans
l'alignement de leurs troncs qui dirait parc, propriété, et
j'essaierais, avec un intérêt vague, de guetter dans les
éclaircissements du feuillu des lambeaux de murs, d'allée.
Des lignes lues dans la
nuit ne me restait pas grand chose d'autre, juste que la ville était
vieille, la plus vieille ou l'une des plus vieille des Pays-Bas,
fondée, elle encore, par les romains, terriblement bombardée, à la
suite d'une erreur des américains, disait le livre, et puis ces noms
les seuls d'une longue liste retenus par ma mémoire un peu fantasque
ou mon ignorance crasse pour tout ce qui n'appartient pas à une de
mes petites sphères, ces deux noms qui s'associaient bizarrement,
Joris Ivens, les frères Limbourg, amenant des images de steppe
chinoise et de douces tourelles et donjons blancs de l'Île de France
ou des bords de Loire, ce qui ne m'éclairait guère sur ce que nous
allions découvrir.
Une jeune femme, buste
droit, cheveux et gabardine au vent, arrivait sur la piste cyclable,
nous croisant, nous dépassions les derniers arbres faisant place,
perpendiculaires à la route, aux premières barres de maisons de
briques, enfilades d'appartements sur deux étages sous un toit
modérément pentu, nous approchions de la ville...
On dirait que j'ai éteint
la radio pour mieux voir, en partage avec toi.
4 commentaires:
Ce serait donc une lecture si agréable...
merci
ce serait du recyclage paresseux
Flâner dans sa vie est bien ...tu es "outrageusement" humaine et cela est rassurant
Relâche. Même un être idéel a fait relâche un dimanche que certains considèrent comme le premier jour de la semaine...
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