Or donc, sortant des
Célestins et de la place des Corps Saints, ai suivi la rue des trois
faucons jusqu'à Saint Didier,
suis passée sous l'arche
pour me retrouver sur le petite place Aubanel, la grande porte
toujours close de l'église, un homme qui préparait son lit contre son bois, la calade caladissime, le balcon dont les pots suivaient le
vent, et, face à lui, l'entrée dans l'hôtel de Forbin La Barben,
avec, dès le hall, et
dans les petites salles sur rue, les coupes de Madhu Basu
http://www.madhu-basu.com
sur le programme :
En 2000, il entreprend
une série (inachevée à ce jour), dont le thème est une coupe
élémentaire. Sa forme universelle se substitue à la figure
humaine, occupant jusqu’alors l’espace de la toile. Madhu Basu
est fasciné par cet « objet très simple et familier et en même
temps d’une puissance énorme, d’une utilité fondamentale, de la
naissance jusqu’à la mort. C’est un élément spirituel à
caractère méditatif, indispensable à toute cérémonie; propre à
toutes les civilisations, à toutes les époques...
Allégorie de
l’offrande et du repos, cette forme est dessinée d’une manière
toujours plus sobre, quasiment monochrome, sur un fond vierge, de
toile de coton très épaisse travaillée pour partie en transparence
et pour partie en épaisseur qui renvoie au magma originel. Trois ou
quatre pigments noirs différents sont mêlés, pour obtenir une «
intensité mate, un effet sourd, une puissance forte ».
J'avais
lu cela qui m'a incitée à mettre ce lieu sur mon circuit – parce
que mon goût pour la poterie, toutes les poteries (avec une
hiérarchie qui met au sommet la Chine ancienne, puis la faïence
française des 17ème et 18ème siècles, puis les bleus et blancs
chinois et la poterie japonaise, puis la grande porcelaine fabriquée
en France par des allemands, puis les poteries préhistoriques autour
de la méditerranée, puis la porcelaine allemande, puis...) parce
que ces mots, ce petit discours sur le programme..
et, sans passion, mais
avec un bon gros penchant qui pourrait se faire très fort goût avec
une possession, fréquentation quotidienne, contemplation calme
jusqu'à la distraction, j'ai goûté, aimé, la matière de la
toile, les pigments, la main, le trait, l'équilibre.
Passant la grille, dans
le patio intérieur fermé par une verrière sur lequel donnent les
fenêtres des étages supérieurs, sur le sol, la palette noire,
entourée de petites cartes, le pied planté sur demi-pointe
d'Aurelia Zahedi
et, dans la pièce
voisine, écoutant la musique d'une compilation d'airs de danse joués
à l'accordéon, regardant sur une grande palette vernie comme un
parquet, les chaussures des couples tourbillonnants, le souvenir
tournoyait dans ma mémoire du bal d'Ettore Scola.
Aurélia Zahedi nous
rappelle que les cygnes chantent avant de mourir. Elle nous piège
par des images séductrices : de loin tout n’est que danse, lumière
et paillettes mais au deuxième regard le désenchantement nous saute
à la gorge, la nostalgie, l’intuition d’une mort proche, un
Memento Mori suggéré.
De là
on accède à deux petites salles, où sont exposées les photos in
situ, franches et belles, de Geneviève Gleize,
http://www.genevievegleize.fr,
détails des pièces, des recoins, des fatigues, de l'hôtel de Forbin
(installation
et visite par des enfants sur
http://www.genevievegleize.fr/category/actualites/
)
et
m'en suis revenue dans le vent fortement mutin, qui en bon mistral qui se respecte, était toujours là, aujourd'hui, en seigneur souverain.
Allez
en paix, ô fidèles, retour probable lundi soir..
8 commentaires:
Tu pars ... j'arrive en suivant ton " parcours "
La forme obsédante de la coupe et la tendresse du talon vacillant
aime beaucoup
Bon séjour à toi
von séjour à toi, si comprends bien,
Merci de nous avoir entraînés dans tout ce parcours virevoltant comme les danseurs virtuels et beau week-end à vous !
Prenez une bonne paire de chaussures !
Et belles découvertes en Lozère...
moins d'un kilomètre de déambulation prévisible et grande solitude déconnectée, un peu un ermitage… et puis trouver taxi pour rejoindre petite ville
Prendre son bâton de pèlerin.
Je vais me munir d'un plan de la ville pour suivre les pas de la passante. Mais où diable l'ai-je mis? Peut-être resté à Paris. J'attendrais décembre pour le récupérer.
J'aime bien les tableaux de Madhu Basu
On n'a jamais fini : toujours en marche, le chemin se traçant en marchant.
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