Dans Avignon qui insiste
pour que je me mette en tête que l'hiver est là, en promettant
fêtes dont je me moque bien, m'en suis allée, nez froid et coeur
curieusement allègre chez le teinturier et puis errer un peu trop
longtemps dans les rues, en ramenant petits objets nécessaires,
et la couleur que les
arbres, même ici, prennent pour nous réchauffer ce passage.
Après le déjeuner,
écrit, trop vite, mais en plongée grande, un petit témoignage sur
choses qui m'importent, pour répondre à une demande familiale, et
en suis sortie exsangue, vidée par ce peu, pour un moment... ai peu
lu, peu fait – ressorti photos et souvenirs de ma visite l'autre
jour au petit palais,
à l'exposition-dossier
Piété populaire en Italie au XVème siècle – la Bannière de
saint Blaise de Niccolo da Foligno.
Plaisir
de retrouver des lieux que je néglige trop, de l'accueil par l'archange
usé, de résister à l'envie de tourner entre les chapiteaux de la
première salle pour aller rendre visite aux cardinaux sagement
allongés
plaisir,
en entamant la visite, au premier étage, de m'attarder un moment
devant l'annonciation et le tragiquement beau transi provenant du
tombeau du Cardinal Jean de Lagrange
de
saluer en passant Saint Petrone (j'avoue que j'ai dû
chercher, je n'avais pas noté son nom et je ne le connais pas assez
pour le reconnaître) et Saint Jacques (là j'hésitais) d'Antonio et
Bartolomeo Vivarini.. le Saint Jean Baptiste à la sauvage élégance de Giovanni Angelo d'Antonio, le Saint Nicolas de Carlo Crivelli,
et mon
bien-aimé, un peu gauche apparemment, merveilleusement évident et
transparent Ecce Homo de Liberale da Verona.
avant
de, négligeant pour une fois, parce que n'en aurais pas fini, les
doux siennois, les drus et solides saints paysans de Mariotto di
Nardo, les grands florentins, Botticelli, et les autres, Venise, Carpaccio etc... obtenir
d'une gardienne de franchir un cordon, de couper, de grimper tout en
haut, dans des salles en fin de trajet pour retrouver l'exposition
débarquer
en Ombrie, à Assise, vers 1465, avec Niccolo da Foligno grand
pourvoyeur de tableaux et de bannières pour les nombreuses
confréries (si grand pourvoyeur que mourut riche semble-t-il, et eut
sans doute parmi ses élèves le Pérugin) nez face à grandeur devant le
recto de la bannière de Saint Blaise, la vierge de miséricorde,
couvrant de son manteau Saint François d'Assise et Sainte Claire
(dont elle effleure un peu négligemment les crânes) et les
pénitents de la confrérie de Santa Maria del Vescovado..
tourner
pour découvrir le verso, Saint Blaise entre deux saints dont
j'ai oublié l'identité, honte à moi, au dessus de scènes de sa
vie de son martyr – Wikipedia me dit En
316, Agricola, gouverneur de Cappadoce et de Petite Arménie, arriva
à Sébaste sur ordre de l'empereur Licinius pour mettre à mort les
chrétiens et il fit arrêter l'évêque. Comme on le menait en
prison, une mère mit à ses pieds son fils unique, qui était en
train de mourir par étouffement d'une arête qu'il avait avalée, et
l'enfant fut immédiatement guéri. Cependant le gouverneur,
incapable de faire renoncer Blaise à sa foi, le fit battre, fit
déchirer sa chair avec des peignes en fer et le fit décapiter
.http://fr.wikipedia.org/wiki/Blaise_de_Sébaste
et c'est cette scène, les bourreaux et les peignes de fer (l'être
humain a toujours été imaginatif) qui figure sur l'affiche et
l'invitation
mais
ce qui m'a ravit, qui est le petit morceau que j'aime vraiment, mon
petit pan de mur jaune, c'est le petit cavalier en casaque et chapeau
jaunes et son rapport au grand saint en chasuble d'un rose de pétale,
avec l'ocre et l'abricot du bourreau, le brun doux de l'homme qui
s'enfuit en voyant l'évêque, passant sans regarder derrière son
supplice.
Ai lu,
et oublié en grande partie, les panneaux qui entourent l'oeuvre, qui
détaillent l'exécution sur deux lais réunis par une couture que
l'on peut avec application distinguer au centre, la préparation :
toile imbibée d'huile puis recouverte d'un fin badigeon, les traces
légères de crayon, les marques de compas sur les auréoles,
découvertes lors de la restauration etc... la fixation par clous,
qui avaient endommagé la toile, et la nouvelle fixation adoptée…..
les
étapes de la restauration à Rome puis au Louvre... les nombreux
repeints d'époques diverses sur cette bannière.
les
questions que posent l'autre version, celle conservée à la
Pinacoteca comunale d’Assise, endommagée, peut-être inachevée
selon certains, mais identique, et peut-être l'originale…
Et
puis, oubliant le détail de ce que j'avais lu, pensant que je
trouverai un livret à la librairie (il n'y en a pas, et ma foi tant
pis), revenir vers la porte, m'arrêter, aimer le Christ de pitié
pleuré par deux anges portant des torches, entre la vierge et Saint
Jean, oeuvre presque maniériste qui daterait de la fin de la vie de
Niccolo da Foligno, (et zut pour les reflets)
et les
saints provenant d'un retable (ai oublié ce qui en était le sujet
principal, comme la provenance).
Avant
de circuler entre les oeuvres ombriennes choisies pour les
accompagner, gardant images
d'un
grand saint inconnu de moi par Antonio Aleotti
d'un
Saint Jérôme et d'un massacre des innocents de Benvenutto di
Giovanni,
du
schématisme de ce qui reste de l'enlèvement d'Hélène de Liberale
da Verone
et d'une
douce madone aux vives joues de Lorenzo Vecchitta,
avant
de saluer le fort Saint André, poétisé par le verre irrégulier, de descendre et de regagner
la place.
de
dégringoler la rue Vieille Juiverie, de rester une minute en arrêt,
ne sais trop pourquoi, devant les tons d'une petite décrépitude et
de regagner l'antre.
Pardon
– billet surtout à usage personnel.
8 commentaires:
Le petit cavalier est fort plaisant (plus que les peignes à torture).
Mais vous avez échappé aux inondations ? J'ai vu hier soir que le Rhône avait enflé de deux mètres et que des voitures avaient été transformées en bateaux.
j'aime le ciel et les traces de mousse de mur après toutes ces peintures. Continuités...
ma foi, ça a dû rester hors rempart et je n'en ai même pas entendu parler
Par contre enflemment des cris de sioux, sauts à pieds joints et portes claquées dans l'appartement voisin entre une heure et trois heures cette nuit (trois gars et une fille un rien partis et totalement hilares quand me suis décidée à proteste… - bon il y a plus d'un an qu'ils étaient silencieux, mais suis pas fraiche là)
Plaisir de retrouver ces visages aux expressions réalistes Merci
pour ton regard aigu qui se perd dans les herbes folles en harmonie
Quel est le verbe irrégulier qui poétise le fort Saint-André ???
La torture sous toutes les formes et d'autres encore, à venir, de tous les jours, de tous nos jours. Ecce homo.
pas le verbe, le verre .. les fenêtres ont des verres épais
:D)
Enregistrer un commentaire