Temps radieux, hiver qui
se fait patelin, pour autant que j'en ai voulu juger.
Projets d'actions,
quelques réalisations, dans l'antre, et rien à en directrice
Alors je recopie un ce
serait paru chez les cosaques des frontières
http://lescosaquesdesfrontieres.com,
entre beaux textes
Ce serait –
15 – une quarantaine
Ce serait au mouillage de
l'île de Pomègue, au large de Marseille, parmi les bateaux en
quarantaine.
Ce serait un polacre
ottoman-grec, le San Nicolo, venant de la mer Noire avec son
chargement de blé, faisant, pendant cette brève attente, sécher
ses voiles.
Ce serait la lessive de
l'équipage pendue dans le vent.
Ce serait au milieu des
lourdes coques rondes des autres marchands, son élégance fine,
presque digne d'un corsaire, soulignée par les tons de la quille,
des flancs, du bastingage.
Ce serait les hommes
désoeuvrés, les échanges de nouvelles, de plaisanteries, de
navires à barques.
Ce serait le portrait
fidèle du bateau et la petite gaucherie de l'exécution, au lieu de
la finesse et de la fermeté des dessins d'Antoine Roux, l'auteur de
cette étude, qui sera reprise beaucoup plus tard par son fils
François pour une grande aquarelle, actuellement au Musée de la
marine du palais de Chaillot.
Parce que c'était une
dynastie, les Roux, et que j'ai pour eux un goût partagé avec mon
père.
Parce qu'en 1765, à
Marseille, dans la boutique étroite de Joseph Roux, hydrographe du
roi, à l'angle de la rue Coin-de-Reboul et du quai exposé au midi,
pavé de briques roses et encore assez étroit, malgré
l'élargissement récent, pour que les beauprés des bateaux fassent
un embryon de voute au dessus de la foule bigarrée de marins, de
portefaix levantins, de négociants, de visiteurs, est né son
héritier Antoine.
Parce qu'il a aidé son
père, dans la boutique remplie d'octans, de cartes, de cordages, de
lunettes, de boussoles, mais que cela lui laissait le loisir de se
livrer à sa passion qui était d'observer, de dessiner les bricks,
les flûtes scandinaves, les allèges d'Arles venues en descendant le
Rhône, les trois-mâts de commerce, les tartanes, les bombardes
marseillaises, les corvettes et frégates et, oui, les polacres, et
que les officiers, les patrons le voyant faire l'ont encouragé,
conseillé..
Parce que là, sur le
port, et depuis la maison de campagne d'Endoume, il a rempli des
carnets de croquis vivants et précis.
Parce que, à force de
recevoir des compliments ou des observations, il s'est décidé à en
faire un métier secondaire, et qu'à la demande de commandants il
faisait le portrait de leur bateau, de préférence sous voiles,
souvent affrontés à une tempête telle qu'il n'en fut jamais, ou
juste un peu plus belle, parce qu'il lui arrivait même de
représenter, frappées par la foudre, ou drossées sur un rocher,
les coques détruites à la demande des marins rescapés, parce que
ses aquarelles se retrouvent dans des collections américaines,
déposées par les officiers qui avaient commandé l'oeuvre lors d'un
passage, en prenant livraison à leur escale suivante...
Parce qu'il eut trois
fils, et même une fille, qui suivirent son exemple,
Mathieu-Antoine, dit
Antoine fils aîné, qui reprit la boutique, les portraits, la
fabrique des ex-votos..
François-Joseph-Frédéric
qui s'en alla à Paris suivre les cours d'Horace Vernet, s'installa
au Havre, ouvrit une boutique d'hydrographe et peignit force bateaux,
souvent américains (au Peabody Museum of Salem), devint riche, fit
la fête, voyagea et se mariât..
et François qui devint
«Peintre titulaire de la Marine pour services exceptionnels rendus à
l’architecture navale par la reproduction de tous les types de
navires de guerre de la Marine française», dont le Musée de la
marine possède moult aquarelles et tableaux qu'il n'expose pas
et une de leur soeur (à
moins que ce ne soit la seule, je ne sais pas) Ursule Joséphine qui
avec la retenue qui se doit, peignit des aquarelles de plus petit
format.
7 commentaires:
plaisir renouvelé...
trop gentil d'encourager ma paresse (je promenais des livres de rayons en rayons, m'y prends de telle façon que j'en ai pour un an en gros)
je confirme..renouvelé!;-)
Le bleu retrouvé, le temps de hisser les voiles. Surfer sur la mémoire.
Aime vagabonder ainsi au gré des textes et blogs cités
Merci
plaisir de se faire mener en bateau
n'est ce pas...
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