Le vent nous est venu,
plein d'une énergie tempérée d'un peu de retenue,
nous apportant un ciel
bleu minéral, une fraicheur vivifiante, la musique de la houle des
jeunes feuilles du micocoulier, venant heurter, dévier légèrement,
parfois, les pas de Brigetoun qui s'en allait, couffin en main –
parce que tant je dévore que les réserves s'achèchent rapidement –
vers les halles, ayant rangé Autoportrait en visiteur de
Jérémy Liron, livre
commandé il y a quelque jours dans l'élan de la découverte à
travers ce qu'en disait François Bon sur le TiersLivre
http://www.tierslivre.net/spip/spip.php?article4152
, et parce que j'aime, outre ce que j'ai vu de sa peinture
(malheureusement uniquement à travers des photos), le blog de Jérémy
Liron http://www.lironjeremy.com/lespasperdus/
et les quatre-je-crois livres que j'ai lus de lui, livre trouvé
avec assez de joie dans le tas du courrier de l'immeuble en rentrant
du cinéma dans la nuit que j'ai flâné un peu au hasard dans ses
pages à l'heure du miel et des confitures. (comme j'ai repris dans
une petite flaque de soleil écrasée sur le mur de la cour cet
après-midi, entre les claquements du volet de l'oublieur qui semble
parti durablement, mes petites incursions guidées par ma fantaisie
et la table des matières, en ai rapté quelques phrases copiées
ci-dessous)
En même temps que la
beauté, c'est l'empathie calme de l'homme pour la nature, cette
fusion primale et fondatrice qui se trouvait minée. La forêt
dressée comme un seul homme, les grands mythes fondateurs de
l'identité allemande prenaient un goût amer, corrompu, traître.
(Baselitz , retournements)
La rue Rouge est interdite
provisoirement, j'ai buté sur un camion, une rambarde, un trou, qui
m'ont contrainte
à un détour, de travaux
en travaux, découvrant ainsi une partie encore inconnue de moi de
notre petit peuple sculpté...
Chaque tableau est la
tentative de faire un tableau sans vraiment savoir comment on va s'y
prendre. Le moindre geste porte toujours plus loin que les intentions
que l'on y avait mises. Il faut faire avec cette réalité des gestes
dans leur rencontre avec une surface, avec des traces et très vite
avec la multitude bruissante des traces déposées. (une
sorte de grand silence)
Peu
de clients, étals moyennement garnis, et une forte et fort lourde
récolte pour mon sac et mon couffin..
Ce à quoi les
peintures nous mettent en présence : quelques gestes amples ou
ponctuels, l'alternance de brillances et de matités, le récent jeu
avec les blancs, plus graphique, le format du tableau, les ruptures
qui le syncopent, sa disposition dans l'espace. Et l'impression
d'être confronté à quelque chose d'essentiel, de primitif et
raffiné qui renvoie à l'ample histoire de l'aventure humaine
(Soulages, affonté au temps)
et
m'en suis revenue dans un renforcement des rafales qui jouaient avec
les banes, couraient sur les plantes du mur, courbaient les petites
herbes et fleurettes des halles, m'ont bloqué un moment, halletante,
dans la descente de la rue Saint Agricol.
J'ai aimé comme on
aime enfant patauger dans la terre, se cacher dans les feuilles ou
sous les couvertures, comme on aime se lover dans les plus du monde
et y retrouver un contact primitif. Traces épaisses du pinceau,
fleurs chutant dans la matière ou émergeant à peine de la
confusion jouissive. Motif répété comme une danse. J'y retrouvais
ce sentiment, comme chez Rembrandt, que l'épaisseur dans ses
tourments voluptueux est l'âme du tableau, son corps aussi, qui la
charge. (Denis Laget)
6 commentaires:
Merci pour le plaisir de cette promenade à vos côtés !
Il y a de la peinture partout... (elle sait faire bon ménage avec la littérature)...
Vos photos, pour certaines, font penser à Arcimboldo !
un Arcimboldo sans représentation
Juste , viens de commander ce dernier de Jérémy Liron et pense me régaler ...
comme avec tes paniers garnis
Il y a donc encore pour vous des découvertes à faire dans Avignon, un lieu si bien connu et pourtant inépuisable, quelle chance !
ciel bleu comme la mer...le poisson l'accompagne
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