Hier
encore il pleurait
Aujourd'hui
Il
s'évente la mine dégagée
(Sôseki – haïku printemps 1896 – traduction
Elisabeth Suetsugu)
samedi s'est éveillé en bleu très pâle, gentille
petite brise et bénignité de l'air, et mes pas en avaient, avec
mon équilibre rétabli, un semblant d'allégresse..
mais furent ces jours : ciel bleu dur irradiant et
presque chaleur, robe d'été et petite veste pour les vieillardes -
pluie et tiédeur devenue fraîche, pantalon petite laine et veste
imperméable -
Vent
qui souffle
Sur
les pétales diaphanes
Incline
le coquelicot
(Sôseki – haïku été 1910 – traduction Elisabeth
Suetsugu)
m'en suis allée, appareil revenu dans le sac et yeux
ouverts, vers la gare, retirer les billets qui posent des bornes
temporelles aux intentions d'une coalition de toubibs..
ai tourné au bout de la rue Joseph Vernet, ai longé
les terrasses, fait quelques pas sur le trottoir du boulevard..
brusque sensation d'espace, de vague liberté.. un rayon de soleil et
– ah c'est vrai, mes yeux n'ont plus l'appui bienveillant et la
limitation des platanes, comme je le savais, comme l'avais constaté
déjà mais sans cette impression de vide et de liberté
parce que campagne il y a,
puisque lutte n'est pas possible, puisqu'on ne peut que devancer la
mort qui prend de trois à sept ans, mais est inéluctable - et qu'on
le doit avant qu'elle se propage - quand vient s'installer mister
ceratocystis platani
Et, ne l'ai pas vu, mais
cela doit avoir été : l'enlèvement, en camion bâché, des troncs,
des branches et leur incinération..
alors j'ai suivi,
jusqu'aux remparts, et en revenant, les bases aux belles veines, les
premières taches, les fragilisations, le trou récupéré par des
passants, le gouffre
et la beauté du mal quand
il a rongé toute la vie, y a creusé des falaises noircies, des
érosions plissées…
avant de trouver, au
retour, sous un ciel devenu blanc, le premier platane sain malgré
ses baroques blessures
Le fil de
ma vie
Frêle
suski
Ne s'est
pas rompu
(Sôseki – haïku automne 1910 – traduction
Elisabeth Suetsugu)
de regagner ma place, de
souhaiter que rien ne vienne, porté par les vents, contaminer Mes
platanes..
et, plus tard, de les
maudire, mes sacrés f.. platanes, comme chaque année à cette époque, en voyant les
escadrilles de chatons qui s'engouffrent par la porte-fenêtre,
viennent se poser sur le sol nettoyé de ma cuisine, voltiger sur les
meubles, se transformer en petits fils collants quand mes mains
s'amusent à les saisir.
Et voilà que me demande
pourquoi, avec ces sottises, suis revenue à toi, mon vieux Paumée.
11 commentaires:
Pour les choses de la vie ... et de la mort , tout simplement
Avec beaucoup de douces tendresses dans tes propos-images
Pour mon plus grand plaisir à la vue de la glycine que j'aime et qui me fait m'exclamer d'admiration à chaque fois que j'en rencontre.
Grand regret par contre pour ces pauvres platanes qui faisaient partie du paysage depuis tant d'années....
Élégie pour un arbre mort. Merci.
Nous habituer à les pleurer? Où se trouve s'il vous plait cette magnifique glycine... Je les collectionne (en images). Merci.
hôtel d'Europe
Une petite sottie alors, comme une règle de trois ... avec Sôseki. Merci à vous.
Retour des glycines et départ des platanes, les cycles se suivent mais seul le jour présent compte. Demain sera seulement ce que nous en ferons. Il est bon de vous relire !
Aahhh vous revoilà ! Glycines ! Haïkus ! Merci !!!
Merci à vous... Si la pluie ne l'a pas gâtée, je viendrai la prendre demain...
Belles photos, malheureusement, de ces platanes coupés. Vous êtes revenue, c'est le principal !
Sous les platanes
la pluie et le printemps
brassent la vie et la mort
Enregistrer un commentaire