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désolée, Paumée se veut à l'abri, sauf quand un acte fait déborder le vase, des allusions à la politique ambiante.. et si je suis reconnaissante aux envies de commenter je vous demande de me pardonner de rétablir la modération

lundi, mai 11, 2015

Ce ne serait pas.. ce serait

C'était, dans l'après-midi, revenant de la cour, jeter le chapeau de toile sur mon lit, m'asseoir, afficher une photo ratée l'autre soir, gardée précieusement parce que frémissait à sa vue un «ce serait» pour les cosaques des frontières.. et rester coite, ou plutôt perplexe... ça aurait pu être commencer ainsi :
Ce serait – en avant
Ce serait un groupe, important, ou plutôt une petite foule, mais ça n'est pas allé plus loin, parce que non
Ce pourrait être une ruée parsemée d'éclairs entre tourbe brune et flammes... mais encore...
Ce ne serait pas une troupe montant à l'assaut, le sang, les armes blanches, des clairons, et des étendards dans un ciel rougi d'horreur.. pas envie et action trop rapide
Ce ne serait pas une foule partant en masse après un prêche, dame non.. idiot
Ah ! ce pourrait être une danse du feu, une nuit, des paysans et des sorciers...
Mais non ce ne serait rien de cela, ou du moins cela ne m'intéresse pas.
Ce pourrait être la maladresse de mains tentant d'aplaudir et d'appuyer sur un bouton en même temps, ma foi oui, mais voilà ça fait deux lignes
Alors, c'est juste une image qui me plaît...
Ce fut trouver une autre image, tenter un texte, le proposer
C'est puisque cosaques il y a, recopier le dernier ce serait accueilli par les cosaques http://lescosaquesdesfrontieres.com
Ce serait – 27 – les cônes
C'est descendre du bus, d'une auto, d'une voiture blanche, sur l'esplanade, entre les groupes d'arbres, et avancer vers les larges troncs de cônes renversés qui soutiennent le bâtiment, passer entre leur robustesse avec les autres.. des femmes surtout, parfois, rarement, seules, ou vieilles femmes effacées sous le regard attentif de femmes mures, femmes tenant le bras de veillards, femmes et enfants, quelques femmes aussi sur lesquelles veille un homme.. et pénétrer la façade vitrée, entrer dans le vaste espace de gestes mesurés, de paroles rares, timides, chuchotées, attendre dans cette humanité mutante où ce sont ceux qui d'ordinaire, dans un restaurant, une fête, s'attirent, par la force de leur voix, les regards étonnés, résignés, tranquillement effaceurs, des autres, de ceux qui, ici, sûrs d'être, même désagréablement, à leur place, légitimes, n'infléchissant que fort peu la tonalité de leurs phrases, la matifiant légèrement, juste pour s'adapter inconsciemment à la résonance de l'espace, s'entendent brusquement occuper tout cet espace et laissent mourir leur phrase avec une ébauche de sourire. C'est être là, observer, écouter, discrètement, pour ne pas gêner ces intimités juxtaposées, attendre, suivre les interminables couloirs où chacun a un but.
Ce serait sentir en soi, en l'inquiétude de sa chair, en la douleur parfois qui s'éveille, ou qui est tapie dans votre imagination, sous la surface de nos visages qui se tentent neutres, des sourires polis, un peu plus nus parfois qu'hors de ce bâtiment, les cônes qui pénètrent sous les dalles par les escaliers, descendent vers des sous-sols équipés, fouillent les chairs, creusent les pensées qui tournent en rond sous les quelques phrases détachées, et les gestes des êtres en blanc, attentivement, au delà de leur finalité apparente, de leur banalité souvent, accompagnent la pénétration, le tâtonement du forage, la recherche... descente, pénétration, tâtonement qui sont aussi dans les regards, dans les yeux quand le contrôle se relache, et les cônes se font pointus jusqu'à reposer, peser, quand ils y arrivent, sur le dernier sol, le noeud, le point de la douleur.
Ce serait sortir, s'arrêter un instant, lestée d'un rendez-vous, de mots, d'un soulagement ou d'une inquiétude modifiée, écoutant avec une impatience masquée les mots de l'accompagnatrice quand vous en avez une, et regarder là, entre les cônes qui ont perdu leur pointe perforatrice, s'ouvrir l'espace, les arbres, la lumière d'une fin d'après-midi, le monde quotidien. 

5 commentaires:

Dominique Hasselmann a dit…

La première photo, ce serait comme un brouillon devenu définitif.

Brigetoun a dit…

Dominique, le fait est que je n'ai pas tenté de la retoucher !

arlette a dit…

Les touches du piano qui s'affolent dans une chevauchée endiablée
Pour terminer par cette lancinante mélopée "des cônes"

Brigetoun a dit…

en fait vais les revoir demain, et fin mai/début juin et après… basta !

Gerard a dit…

Hé oui la première image me plait