commentaires

désolée, Paumée se veut à l'abri, sauf quand un acte fait déborder le vase, des allusions à la politique ambiante.. et si je suis reconnaissante aux envies de commenter je vous demande de me pardonner de rétablir la modération

lundi, mai 25, 2015

Rencontrer la réalité

En sortant dans la rue, une impression de vide sur ma droite, et je réalise que le bureau de tabac est fermé, n'a pas sorti sa terrasse.
Je le réalise, non, pas vraiment, j'en ai la sensation plutôt, d'ailleurs je regarde un garçon qui charge de belles valises dans un coffre – sans caractère le coffre, rien qui m'accroche, il faut dire qu'en dehors de quelques carrosseries belles comme des sculptures, je m'en moque un peu des voitures et donc je ne les reconnais pas, ça me pose toujours problème quand un beau-frère ou un ami me confie ses clés , parce qu'une fois de plus j'ai oublié un truc, en me disant «tu verra, c'est la X, là, dans le fond du parking», sauf s'il n'y a qu'une voiture dans le fond du parking, bien sûr – j'en étais où.. oui j'avançais, je ne faisais pas vraiment attention à l'absence de terrasse devant le bureau de tabac, je regardais la porte de la cour de l'hôtel, la latérale, celle qui est dans ma rue et où les clients laissent ou récupèrent leur voiture, la suite.. ou l'avant.. étant l'affaire du voiturier, je regardais donc le garçon, le coffre, mais surtout les plantes qui voltigeaient lentement sur le mur, la glycine qui n'a plus qu'une grappe, les drapeaux qui faseyaient à peine, et puis, pendant que j'achevais de me tourner vers la place, en raffermissant ma main sur l'anse du sac de linge qui glissait – comme toujours pendant que de l'autre main je tourne la clé – j'ai vu des vaguelettes blanches sur les tables dans l'axe, celles qu'on dressait pour l'un des restaurants... j'ai lâché le linge, attrapé l'appareil dans la poche du devant de mon sac, jamais complètement fermée la poche, pour éviter de perdre du temps, j'ai zoomé et j'ai pris une photo, réalisant en même temps que la risée était passée et retombées les feuilles, les napperons, de papier blanc, que des verres maintenaient en place, et que d'ailleurs c'était trop loin, on ne verrai rien sur l'image.. bon tant pis, j'ai continué.. il y avait juste un napperon qui s'était échappé et qui gisait à la limite de la chaussée et en le regardant j'ai senti que quelque chose était étrange, une impression de vacances, même si à cette heure là je rencontre rarement quelqu'un, sauf les serveurs qui préparent les tables, d'ailleurs il y en avaient deux en discussion, au fond.. non il y avait quelque chose dans l'atmosphère du quartier, et lentement s'est éveillée la certitude que ce lundi n'était pas comme les autres... pas la certitude à vrai dire, le soupçon, et j'ai continué, suis passée devant la vitrine de Ducastel - il y a des collages, ou pas vraiment des collages, d'un nouvel artiste, amusants, sans plus - j'ai pensé, oui, le lundi de Pentecôte, ah c'est maintenant ? mais n'étais pas tout à fait certaine, les boutiques de mode étaient fermées, mais elles le sont le lundi, surtout à cette heure, et puis elles ne l'étaient pas toutes, et un garçon immense et fluet avec un catogan ouvrait le volet de celle aux robes à deux mille et quelques euros... le café à l'angle de la rue aint Agricol était ouvert, et le pâtissier, et la boutique où je n'irais jamais parce les frusques y sont abordables mais devraient l'être davantage pour ce qu'elles sont, et puis parce que je leur en veux d'avoir remplacé mes tomates et mes yaourts, j'ai vu que la pharmacie était ouverte et j'y suis entrée parce que cela faisait partie de ma petite liste, mais l'impression demeurait, et en débouchant sur la place de l'horloge j'ai regardé, de l'autre côté, le bureau de tabac, le vrai, celui qui a mes cigares et la Marseillaise (celui de ma rue n'a que des trucs trop forts et des journaux genre Galla) et il était fermé...
J'ai pensé que je vivais vraiment trop égoïstement, à côté du courant, je me suis donné une gentille petite claque, virtuelle, et je suis rentrée, en passant devant la mairie, en tournant au coin de l'opéra, en redescendant la petite côte raide de la rue Saint Etienne.

Passionnant, non ?

11 commentaires:

Anonyme a dit…

C'est simplement beau et adorable.

annajouy a dit…

à dire vrai, pour quelqu'un qui comme moi, n'a pas mis le nez dehors en trois jours...cela reste un monde..;-)

Brigetoun a dit…

merci - ne me reste plus qu'à reprendre ce matin le sac de linge qui attend à côté de la porte - c'est un jour normal ?

arlette a dit…

Passionnant, sont les mots pas à pas
exercice de style réussi
Les plus grands s'y sont essayés
(ne sais pas faire)

jeandler a dit…

OUi, c'est passionnant. Tu nous dis chaque jour ce que tout un chacun n'ose penser et encore plus le dire.Une plongée dans nos abîmes.

Denis Couet a dit…

Je suis sûr que la NSA & Co doivent adorer...

Brigetoun a dit…

j'en serai ravie :))

tanette2 a dit…

J'ai aimé te lire. Le linge, passe encore, mais le tabac fermé...comment as-tu résisté jusqu'à ce matin ?

Brigetoun a dit…

me suis rationnée ce qui n'est pas plus mal

Gérard a dit…

pas seulement en sortant du resto...la droite est souvent vide !!!

Brigetoun a dit…

et zut !
j'ai maladroitement supprimé le commentaire que Danielle Carlès a bien voulu poser ici

Euh oui, passionnant