après un nouveau détour
par le jardin à l'italienne, pénétrer dans le jardin
méditerranéen ou jardin haut de l'Abbaye Saint-André, celui dont
s'est occupée, souciée, Roseline Bacou, conservatrice du Cabinet des
dessins du Louvre, Inspecteur général honoraire des Musées de
France, spécialiste d'Odilon Redon ami de son grand-père Gustave
Fayet lequel avait aidé Elsa Koeberlé à acquérir l'abbaye et que
cette dernière choisit pour son héritière quand elle avait 27 ans.
Roseline Bacou qui, après
sa retraite, entreprit de restaurer l'abbaye, de faire dégager les
assises de l'église Saint André, de regrouper, auprès de ces
ruines, les tombeaux de l'ancienne nécropole antérieure à
l'établissement des bénédictins au Xème siècle, de supprimer la
tour qu'un astrologue avait ajoutée à la chapelle dédiée à
Casarie, et d'ouvrir les jardins et les bâtiments à la visite
(tradition perpétuée par ses neveux et héritiers).
Saluer au nom des victimes
de ma cour un bout de bois qui tente de revivre et pénétrer dans
l'oliveraie des frères de Saint Maur, l'amour de ces arbres (même
s'ils sont moins chenus et impressionnants de ceux de restanques que
je connais entre Sanary et Ollioules), la beauté de la lumière qui
règne sous leur regroupement.
Cheminer tranquillement
jusqu'au sommet du mont Andaon et la chapelle construite au XI.ème
siècle sur l'emplacement d'un premier sanctuaire voué à Sainte
Casarie, errer d'oliviers en terrasses, de terrasses en ruine (mais
ne pas voir les tombeaux parce que les sept autres visiteurs des
jardins y étaient provisoirement regroupés)
ne plus voir que les
feuilles des iris d'Alger, ces squelettiques étoiles violettes
(pensée pour Pierre) parce que la saison en est déjà passée,
comme celle des roses qui commencent à mourir au jardin bas – il
semble que les plantes nichées chez Saint André soient précoces..
aimer ce jardin d'arbres, de pierres, de fleurs sans exigence, de lauriers exubérants, de
lavande (pas encore en fleur), de buissons jaunes dont j'ignore le
nom et de terre poussiéreuse
C'est une leçon
d'humilité totale. J'ai dû renier tant et tant de fleurs que j'aime
énormément.
La terre ici est sèche
(les bénédictins, avant les
gros travaux des mauristes au XVIIe, se contentaient d'herbes
médicinales dans leur cloître et avaient un verger au bas du mont),
c'est une terre de sommet de colline, sans eau. C'est une lutte
continuelle qui change saison après saison... et puis il y a le
désordre du Mistral.
Un jardin est une leçon
de patience et de sagesse – Roseline
Bacou
redescendre,
longer le bout de la pièce d'eau, saluer ce que je crois être un
murier (après discussion avec un aussi ignorant que moi, j'ai cru y
trouver le souvenir des survivants de l'allée des muriers de mon
enfance) à l'entrée du parterre devant l'abbaye, se promettre de
revenir un jour pour visiter le bâtiment
Par
les rues du village, en saluant au passage la livrée du cardinal
Léonard Rossi de Giffone (je l'ignorais mais je viens de trouver son
nom dans l'évocation du vieil Avignon de
Joseph Girard et j'aime sa sonorité) retrouver la belle chaleur en
rive du marché de brocanteurs, attendre une dizaine de minutes en
écoutant un couple allemand, je pense, mon ignorance est sans fond,
traverser le Rhône
et
franchir le rempart vers mon platane, ma place, ma rue, un peu avant une
heure.
9 commentaires:
"la terre ici est sèche, c'est une terre de sommet de colline, sans eau. C'est une lutte continuelle qui change saison après saison. Et puis il y a le désordre du Mistral". Très beau, après ça il n'y a plus qu'à se taire. Merci pour nous, lecteurs. M-A
Merci de cette balade sous les frondaisons et de votre poésie !
Tout l'art des jardins, images du Paradis perdu. Merci.
Merci Brigitte de replacer mes souvenirs dispersés...
Magnifiques images que je vais garder pour joindre à mon ancien dossier si tu le permets
Arlette, je serais honorée !
Magnifique Brigitte !
merci Françoise mais n'y suis pour rien
heureusement pour les plantes !
avoir les mains vertes...et l’œil en plus pour cette balade nature.
les mains vertes, en tout cas moi ne les au pas !
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