le ciel est gris pâle
la température à force
de dégringoler par paliers vers les 30°, de tutoyer les 25°, de
tendre lentement, en oscillant avec hésitation, vers les 20°, reste
en équilibre provisoire, prête à continuer la descente
l'antiquaire a salué
Brigetoun d'un il va pleuvoir, Brigetoun,
déjà marrie d'avoir endossé pour la première fois depuis si
longtemps qu'elle ne veut y penser un veston de velours, a répondu
je ne crois pas, il fait froid comme
si cela avait un rapport, et s'est engagée sur son chemin en ville
morne, couffin en main
parce
que elle mange trop en ces jours, prend poids d'hiver, et donc continue
sur cette voie
Mais les premières gouttes, lentes, rares, comme un salut aimable avec
arrière goût de menaces, sont tombées comme j'atteignais les
platanes de la petite place derrière les halles..
il
n'y a plus de bidon d'huile parce que c'est une mauvaise année, il
n'y a pas d'huile, une toute petite récolte
ne
sais si les chèvres frais commencent à se faire rares parce que ne
suis pas passée voir les fromages
mais
les premières bintjes, belles et sans les blessures qu'elles
arboreront dans quelques mois, sont arrivées, premier sourire du
jour
il
y avait des tranches de grosse courge (une), des potimarrons en sphères rouges, des petites courges en balustres blanc-rose (en ai
pris un bien clair, ferme et tendre avec l'image de la cuisine
toulonnaise, d'une jeune femme, d'un mioche chéri, s'affichant quelque
part entre yeux et crâne), des bulbes de céleri rave (un point trop
lourd, pensais charge, mais parce que ne sais m'en passer ces temps ci)
il
y avait des oignons pailles et des oignons roses, des ails de
différentes couleurs, des courgettes vertes ou jaunes que j'ai
dédaignées, sont sur leur fin, des tomates baptisées de jardin,
des vertes trop peu mures, des «en grappe» et des noires (ai cédé
pour ces dernières mais ne fondent plus vraiment dans la poêle, nous entrons en période de coulis à acheter faute d'en avoir fait),
des aubergines mais c'est la barbe, des salades auxquelles n'ai plus
droit, des artichauts et des cocos, que je salue amicalement mais que
n'aime pas, et qui ne me sont pas favorables, des poivrons verts,
rouges ou jaunes (un), des bettaves et radis noirs (non)
il
y avait encore des cèpes, des mousserons (deux poignées), des
trompettes de la mort, des coulemelles, des pleurotes, des lactaires,
de minuscules chanterelles orangées (deux poignées)
il
y avait des petits navets mais j'avais déjà trop de choses dans mon
panier de plastique en équilibre instable
il
y avait encore quelques pèches et des baies que n'ai pas regardées,
des pommes de quatre espèces (ai pris des calvilles) et, parmi les
poires, les premières Louise Bonne (trois)
… pardon..
ce que c'est que de se réveiller d'une sieste en lourde digestion et
de se dire ai rien à dire, ai envie de rien dire
et
puis comme le petit chinois un rien pagaille, voisin de mon marchand
de légumes, vient d'être remplacé par un jeune couple qui offre
des tapenades, anchoiades, granités de tomates etc... et quatre
sortes de petits patés, en ai pris un aux olives et au chèvre, avec
une vague idée de le tester pour le dîner à improviser dans une
quinzaine de jours en Lozère, et me suis immédiatement demandé
pourquoi diable je l'avais fait – préfère le brut... ainsi qu'une
moutarde aux zestes de citron (douce et bonne)
avant
de compléter la charge avec une bouteille d'huile des Beaux et des
sardines pour parfaire ma graisse.
Les
gouttes se faisaient légèrement plus insistantes sur le chemin du
retour, mais juste de quoi glisser doucement sur le velours sans le
transpercer, et les quelques parapluies semblaient petites
coquetteries pour décorer la rue, la pluie s'en est allée, est
revenue, juste assez pour que les carreaux de la cour soient humides
constamment et sans excès, comme ces barbes soigneusement et
éternellement naissantes.
8 commentaires:
Tu n'a rien à dire ? Mais ç'aurait été dommage de ne pas nous raconter si joliment le marché et tes achats accompagné d'aussi jolies photos.
ça donne des envies de Sud...
l'est froid et humide le sud, là - depuis deux jours ont entre dans la saison
C'est pas tout ça, il va falloir éplucher !
Et le repas s'annonce savoureux...
Mais que le boa ne s'endorme pas trop pour digérer tout ça ...
Moi qui picore!! difficilement suis effarée de tant de propositions
Un ami disait toujours ..."J'aime l'idée d'abondance " !!!
il était genre fil de fer
ça occupe..
çà vaut le coup d'en prendre 3 kilos
J'arrive au bout de mes réserves d'huile des baux et j'apprends avec tristesse que la récolte sera insuffisante cette année !
Bonne dégustation cependant !!
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