M'en suis donc allée
vendredi soir, bien couverte, dans petit vent frais, vers l'opéra
pour le premier concert symphonique de l'année, avec en soliste
disait mon programme Alexandre Tharaud.
Lequel s'était finalement
décommandé, mais, malgré notre regret, nous avons eu le plaisir
d'entendre David Kadouch, qui à trente ans a déjà, non sans raison
m'a-t-il semblé, une fort belle carrière.
En ouverture la belle
découverte, pour moi du moins, de Pascal Zavaro avec le chatoiement,
la couleur, digne d'Uccello, de la Bataille de San Romano..
musique dans la ligne des
madrigaux, musique sans tohu bohu mais avec, dans sa partie centrale,
un beau dynamisme, la joie des trompettes éclatantes brodant sur le
tapis des altos et violoncelles, puis de l'orchestre. Encouragé
par Beethoven et Uccello à la franchise du trait, je me suis senti,
pour la première fois, conduit à quelques clichés militaires :
timbales et trompettes, cavalcades diverses, assumant leur inévitable
charge descriptive... mais avec
une belle retenue, et la parfaite, coulée, succession des trois
mouvements : lent, vif, lent.
Le
beau temps des trompettes a eu une éclipse, l'orchestre s'est
réduit, et ce fut donc le concerto n°9 (jeunehomme) de Mozart, dans
une belle interprétation, de David Kadouch donc, dès l'allegro
initial dont le thème est conduit par le piano, mais aussi de notre
orchestre dirigé par Samuel Jean (du haut de mon goût, j'aime ses
interprétations de Mozart. (en bis une valse de Scriabine)
Un
entracte passé à contempler les ridicules petits angelots collés
aux balcons, en écoutant les piapias autour de moi, en y participant
un peu, puisque n'avais pas pris de cigare et que n'avais pas envie
d'aller me geler sans raison..
et
puis retour, accompagnées de tous leurs amis cuivre, des trompettes
en gloire dans la symphonie n°8 de Dvorak.. la belle mélopée
ouvrant le premier mouvement, la belle chaleur, le petit motif
dansant des flûtes et du piccolo, le beau et mélancolique mouvement
lent, mais est-ce ma fatigue, ai un peu décroché et me serait
endormie si la musique n'avait été aussi tonitruante pour le
dernier mouvement…
applaudissements...
la salle était plus transportée que moi, saluts et re-saluts,
fierté des trompettes..
et
retour dans une nuit cristalline et presqu'hivernale.
En partant ce matin vers
petites courses, en passant devant les vitrines de Ducastel, coup de
coeur pour quelques dessins et découverte de Béatrice Lacombe, des
fleurs et puis sur un petit chevalet posé au dessus quelques traits
pour un corps assis, du bout des fesses, sur un escabeau absent (que
je viens de retrouver, ou son parent, sur
http://jeandesarts.blogspot.fr
– le dernier à droite de la ligne du haut) et une envie de
connaître l'oeuvre, et, mais c'est hors de question, d'acheter
quelque chose pour la fermeté, la souplesse, le plaisir de ce trait
beauté du ciel, des
feuilles qui s'entêtent à garder un reste de verdeur, mais froid
qui me fait réaliser qu'alors que viens enfin de sortir vestons
d'hiver et léger manteau de laine, il est temps de sortir les gros
trucs où on s'enfonce et de couvrir mon petit crâne fragile.
En rentrant, avant de me
mettre à la cuisine, petit tour internet et rencontre avec le
travail de survie, la brisure du corps et le pouvoir de l'imagination
pour agir sur et avec lui, ce corps, un texte superbe de Georges
Didi-Huberman à propos de Simon Fieschi, survivant mais très
grièvement cassé après l'attentat contre Charlie Hebdo, avec
l'appui de Foucault et du corps utopique (le
corps est le point zéro du monde)
http://bibliobs.nouvelobs.com/idees/20151016.OBS7778/simon-survivant-de-charlie-hebdo-un-corps-qui-se-souleve.html
carcasse
chourgnade, me suis complue en oisiveté un rien brumeuse
Penser
que le 17 octobre est la journée mondiale de la fin, et, honte à
moi, ne rien faire d'autre que de suivre, un moment, ce qui se
faisait en divers points, surtout à Paris d'ailleurs, sur twitter
avec le #JagisContreLaMisere.
3 commentaires:
J'aime bien cette photo juste après celle du chef d'orchestre et ses ouvriers : comme un prolongation en image musicale.
Quant à L'Obs : couverture racoleuse de son dernier numéro (avec Julie Gayet, des pages de pub pour ses activités de "productrice" et des sous-entendus politiques), on se demande qui tient encore la barre de ce vaisseau qui n'est plus amiral (ou admirable) le moins du monde !
à mes yeux il y a quelque quarante ans qu'il ne l'est plus, s'il l'a jamais été (mais j'étais jeune et plus ignorante encore) - ceci dit il arrive qu'ils publient un beau texte et celui de Didi-Huberman l'est vraiment à mes yeux
même coup de cœur que toi chez Ducastel, pour les dessins de Béatrice Lacombe les fleurs.
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