M'en suis allée dans la
fraîcheur matinale, sous le ciel bleu où s’effilochaient des
vapeurs blanches, racheter des petits toasts et quelques bricoles.
Et puis me suis tenue un
peu à côté du bruit des nouvelles, avec des moments d'attention,
de tentative de sélection de ce qui comptait (avec résignation
souvent ou en grimaçant devant certaines prises de position, et en fuyant la campagne électorale sous couleur de "débat") et de
longues pauses, ménage et surtout dans les images, les mots des deux
beaux livres reçus l'autre jour de publie.net (pouvez vous les
procurer en numérique Double exposure
http://librairie.publie.net/fr/ebook/9782814507753/double-exposure
et Asile
http://librairie.publie.net/fr/ebook/9782814507326/asile,
fruits de la collaboration entre quatre talentueuses femmes, des deux
principales : Tina Kazakhishvili (vous pouvez trouver ses très
belles photos sur son site http://tinakazakhishvili.com) et les
textes que ces images ont inspiré à Maryse Hache, et puis
l'attention de la directrice de collection Louise Imagine et
Christine Jeanney qui les présente avec son intelligence sensible.
Asile d'abord,
Tina Kazakhishvili est
photographe. Avec la série Asile (Mental Hospital) elle avance dans
des couloirs saisissants et elle attrape au vol les formes humaines
qui s’y trouvent. Le noir & blanc renforce les expressions et
l’intensité des regards élude les détails parasites. Ne restent
que les bras, les visages, les postures et ce qu’ils semblent
articuler, discours solitaires et fragiles. Maryse Hache se fait
porteuse de paroles et réverbération. Avec les photos de Tina
Kazakhishvili qu’elle reçoit (au sens de réception, prendre, et
faire toute la place pour accueillir), elle construit un fondu
enchaîné de dialogues, d’appels, bribes de sensations venues des
corps énonciateurs. Elle donne à lire — comme Tina Kazakhishvili
donne à voir — ces paroles oubliées de tous, parquées dans des
couloirs perdus, muselées de murs, de grilles, de chambres closes...
et cela donne, en tête du
livre, avant les photos, un long torrent de mots bousculés dont j'ai
tenté de prélever une toute petite part pour
http://brigetoun.wordpress.com
et
le tissage de leurs regards avec Double exposure
assemblage
photographique de la rencontre. Deux visages ou plus, d'une même
personne, s'ajoutent, se recouvrent, forment introspections et
décalages, angles de vue renouvelés par les regards, les
expressions, les glissements du décor... se joint une voix
supplémentaire : celle de Maryse Hache, voix englobante,
réunificatrice, attentive à saisir jusqu'à la plus petite
réfraction de l'autre, à en extraire le sens, le beau, l'intense, à
s'engouffrer dans ces petits détails humains, sensibles, qu'elle
perçoit et auxquels elle donne/offre la teinte si singulière de son
écriture. Elle a choisi ici des titres botaniques et des vers
justifiés pour entrer en contact avec chacune des photos...
alors,
un peu au hasard, ne savais que choisir, deux cueillettes
phlox
pulvinata en villosa
ton
regard ô ville altière
béton
façades quadrilatère
tes
yeux noirs à géométrie
rectangle
à mystère humain
déjoue
ruines des surfaces
jointes
blanche mélancolie
fantôme
des vies enserrées
noires
béances frissons en
lignes
de la danse urbaine
et puis celle-ci, qu'au
prix d'une injure encore plus grande faite à la photo (allez donc les voir
sur le site), je vous laisse le soin de lire.
8 commentaires:
Merci pour ces regards sur le monde et le vôtre...
et grand merci pour votre fidélité
C'est vrai que l'on peut lire (alors, ne pas sortir,ici, de chez soi)...
Lisons pendant que nous avons loisir de le faire
avant que les barbares ne détruisent les bibliothèques....
Dominique, n'avais de toutes façons pas de raison de sortir sauf à tourner en rond dans les rues.. pas désagréable, ou le long du Rhône, mais pas envie ou pas coeur à ça
Pierre apprenons des textes :-)
C'est maintenant que l'onde de choc atteint des zones inconnues. ..lire est bien Merci
Grande photographe Tina Kazakhishvili
oui - tu as vu ?
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