L'hiver est rude aux
petits vieux – j'ai presque honte de ma relative bonne forme – et
j'ai plusieurs amis aux pieds, ou à l'élan, coupés, un bref temps - mais tout de
même.. - par fatigue, épuisement... et dans le couple de Grignan, qui
cette année (une sur deux) ne voyait pas leur maison investie par
leur descendance – soit un peu moins d'une quarantaine de personnes
de toutes tailles, je n'ai pas compté mais je ne dois pas exagérer
tellement – et devait partir en Suède auprès d'une des familles,
l'un avait brusquement perdu pied, un peu, assez pour être
hospitalisé - il n'était plus question que d'un Noël de deux
petits vieux au coin de la cheminée dans leur solitude à deux -.
J'en étais navrée pour eux, et quand, avant de partir pour ma
petite expédition crèche – habitée par la résolution de Ne Pas
Acheter De Santon – j'ai téléphoné ce matin, la une de l'un m'a
confirmé qu'elle le récupérait dans l'après-midi, qu'elle avait
tenté – la connaissant je sais que le résultat est superbe avec
juste la pointe de fantaisie nécessaire – de donner un air de fête
au coin qu'ils occupent dans cette grande bâtisse et qu'elle avait
sélectionné, dans la centaine de santons (oui sa crèche est à la
taille de la maison, la descendance, les années vécues, etc...),
les moutons et les petits vieux et petites vieilles pour les aligner,
sans décor, sur l'une des cheminées.. et comme, en effet, les
crèches provençales sont le dernier endroit où petites vieilles et
petits vieux s'ébattent avec tant de constance qu'ils en sont presque
les vedettes, j'ai décidé de m'attarder sur eux, sans espoir d'en
trouver une aussi belle que mon amie de Saint Pierre. - d'où
avalanche
A Saint Didier ils sont,
en effet, assez nombreux, et bien dûment ridés, cassés et fiers
(mais, pudiques, ils sont restés un peu flous, absents de mes
images)
Ai flâné un peu entre
les chalets qui ce matin arrivaient à créer un peu d'animation et
même vendaient quelques petites choses, j'ai l'impression qu'ils
s'adaptent à nos bourses un peu aplaties…
et par la rue des
Fourbisseurs m'en suis allée vers la place des Corps Saints, la
fontaine où les bébés tritons n'arrivent pas, malgré l'appel de
leurs conques, à obtenir de l'eau pour leur bassin, et la grande
crèche de la ville,
m'arrêtant un moment chez
Isoline Fontanille – qui n'avait pas ses plus belles pièces, comme
le petit Anicet et son âne, le chasseur et son chien... mais tout de
même de belles choses... pour hésiter un moment, résister à la
tentation, dire peut-être tout à l'heure (il y trois petits vieux
avançant bras dessus, bras dessous mais le chiffre porté sur
l'étiquette était un rien dissuasif…)
avant d'entrer dans la nef
et d'avancer vers la crèche Carbonel... bien trop grande pour être
photographiée, surtout dans le fond, les collines, les terrasses où
sont plantés les petits personnages qui se troublent devant mon
petit zoom, et même ma foi devant mes yeux..
Finalement elle souffre de
jeunisme, y a pas tant de petits vieux, au moins dans les premiers et
seconds plans. Enfin il y avait tout de même une brave dame qui se
demandait comment utiliser un balai de sorcière – sans que ses
idiots de moutons puissent l'aider, se contentaient de la suivre –
une autre, en tablier ocre, aux cheveux enfouis sous même bonnet que
les jeunettes et les femmes mures devant la mairie, mais à la
démarche un peu hésitante et aux épaules courbées sous son fichu,
un très beau berger à la verdeur un peu passée, une petite vieille
grisonnante, très floue, qui trottinait vers la crèche sur la restanque au dessus du camp de boumians,
un pêcheur blanchi et un
vieux couple sur le pont, près du moulin et de l'aqueduc rompu, à
l'entrée de la gorge, et une sexagénaire conseillant une belle... quelques autres bien sûr, mais pas tant, et les ai laissés à
leurs occupations.
suis ressortie, suis
passée, en restant hors de vue du compagnon d'Isoline, dans les
trois ou quatre autres baraques et suis rentrée, ayant cédé, chez
Lambert, devant deux petits vieux, de petite taille, bien humbles et
sympathiques, bien plus adaptés aussi à mon budget (tellement plus
d'ailleurs que, du coup, comparativement, j'avais presque
l'impression d'avoir résisté à la tentation), que j'ai posés sur
une étagère en attendant de sortir mon petit peuple demain.
10 commentaires:
On attend d'admirer votre petit peuple aussi,
Une pensée pour vos amis avec mes vœux de prompt rétablissement.
Bon Noël à vous !
ma foi, la vieillesse est inguérissable, juste gérable
magnifiques et sympathiques personnages que les santons, cela m'a fait penser à la chanson de Brel et aussi à certaines peintures. Bon Noël à vous à bientôt !
Jolies scènes de théâtre immobile et silencieux...
Belles fêtes à vous !
té ! c'est pourtant pas sa région
Dominique merci pour votre passage
et bonnes fêtes à vous, profitez en bien
Installer sa crèche le jour de Noël est une belle façon de chanter Noël
Toujours un plaisir de les regarder surtout les beaux visages " Carbonel"J'en ai juste 3 que l'on reconnaît parmi les autres
Douce nuit ...
Une pensée vers vous et des souhaits de fête agréable malgré... tout.
Les cultures maintiennent en forme....nous les ´´ santons . Bonne fête Brigitte.
Étant atteint de la même maladie, je gère.
Bien que n’ayant pas la foi, j'ai pensé, pour terminer ma vie, me louer comme vieux santon d'occase dans les crèches provençales, histoire de me changer les idées et de faire un beau voyage, mais je ne sais pas où adresser ma candidature.
Joyeux Noël, Brigitte, en toute amitié.
Roger
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