J'avais beau être
certaine de ne pas être cap, ai lu hier après-midi l'énoncé du
premier exercice de l'atelier d'hiver de François Bon
http://www.tierslivre.net/spip/spip.php?article4288
et me suis endormie avec un paysage aimé et célèbre dans le crâne,
ai cueilli des mots sous la douche et les ai mis plus ou moins en
ordre en croquant dans un toast à la confiture d'ananas et puis si
partie, très tardivement, dans les rues gorgées d'humidité, parce
que j'arrivais au bout de mes médicaments.
J'ai réalisé brusquement
qu'il me fallait auparavant une nouvelle ordonnance (et en rentrant
j'ai appris que je devrai plaider pour un dépannage puisque petit
toubib prend des vacances bien méritées jusqu'à lundi), et comme
Saint Agricol, inexplicablement toujours fermée, et la crèche de
Toulon qui s'affichait sur Facebook le matin me rappelaient que nous
approchions du 24 décembre, ai eu envie de profiter de cette sortie
pour passer au palais du Roure où sont exposées une crèche et la
table traditionnelle du gros-souper,
mais me suis heurtée à
une porte vitrée dans la cour, à une vitre à travers laquelle se
distinguait très mal une partie du décor, ai renoncé, salué la
collection de cloches
et suis montée jusqu'à
la porte principale de Saint Agricol pour vérifier qu'elle était
bien fermée.. et rentrer dans l'antre.
Lavage de cheveux, plaisir
de trouver les deux livres que j'ai décidé de m'offrir comme
cadeau, et, sans attendre me suis promenée, un moment,
dans
l'anthologie du Général Instin
http://www.lenouvelattila.fr/general-instin/,
dans le plaisir de retrouver ou découvrir, ai grappillé un peu au
hasard, parce que tombais sur des noms (parmi la centaine), quelques
textes, comme des hors d'oeuvre avant de plonger dans la variété
grande des images, textes, thèmes, tons...
un jour l'instin perdit
H etc
il devint général
errant fantôme avatar toujours mort et toujours ressuscitant
on le vit sur les bords
de la marne se défaire de ses vêtements et médailles et se jeter
nu à l'eau dans les chevelures vertes d'un saule pleureur en
baignade lui aussi...
(le
19 et le cheval de St Malo – Maryse Hache)
… Ce qui vient, en
fait, à notre esprit, à l'instant même où nous évoquons le
fantôme – H – c'est cette curieuse coïncidence du signe perdu :
H-Instin hier, Instin aujourd'hui, Histoire hier, Istoire
aujourd'hui, autrement dit : image ! Nous avons évoqué et nous
évoquerons dans des épisodes ultérieurs la conspiration des H
aspirés, la conjuration des H muets, liant le phénomène –
faudrait-il désormais écrire, fénomène ? - au déclin en nous de
la capacité d'écrire, justement, l'Histoire...
(Ce
qu'il advint du H du Général Instin et pourquoi sa disparition
était, ma foi, le grand signe des temps – Camille de Tolédo)
Sur une tombe, il n'y a
rien. Ou presque rien. Une mousse, un lichen.
Ça commence comme ça,
toujours, depuis toujours :par une mousse, par un lichen.
Puis un orpin.
(végétal
Instin – Benoît Vincent)
Parfois me vient aux
dents une joie. Une joie furieuse qui m'oblige à ouvrir la bouche,
et même pas pour faire des mots.
D'Instin on dit : c'est
l'inspiration. Mais non mais non. C'est beaucoup moins, beaucoup plus
que ça. C'est l'envie d'en découdre et qu'en même temps tout soit
impeccablement rangé sous les képis. Une sorte de sentiment de
n'être d'aucun côté de la guerre mais d'en avoir concentré la
puissance.
Le général me frôle.
(seule
la tête – Cécile Portier)
Puis
le temps passe dans le centre commercial, et c'est un phénomène qui
ne va pas de soi. Le général se lève, les yeux baissés pour
regarder ses pieds qu'il trouve énormes, grossiers, presque de trop.
Comment peut-on avec des pieds pareils faire ses achats ? diriger des
hommes ? courir sous les rafales ? défiler sur la place d'armes ?
enjamber les haies d'honneur ?..
(polygone
– Patrick Chatelier)
Un
soldat inconnu, mais de toutes les guerres, peut toutes les contenir.
Un fantôme unissant les spectres derrière lui et formé de volutes
froissées qu'il rassemble, d'ectoplasmes pluriels sans âge. Le
spectateur énigmatique, l'observateur dont la bouche scellée
murmure ce dont tu n'avais pas conscience. Une forme vide que tu peux
remplir à foison..
(soldat inconnu – Christine Jeanney)
et puis j'ai abandonné
pour reprendre, dans la nuit tombée, la lecture d'une thèse - lecture un peu ardue mais pas au point de renoncer (enfin si, c'est
ce que j'ai fait au bout d'environ 100 pages) - nature humaine et
anarchie, la pensée de Pierre Kropotkine par
Renaud Garcia https://tel.archives-ouvertes.fr/tel-00776417/document,
trouvée parce qu'une vidéo
m'avait
amenée à la visionner celle de l'entretien dont elle était issue
http://www.hors-serie.net/Aux-Sources/2015-11-07/Deconstruction-et-Politique-id120
(avec cette idée de l'obstacle que pose entre certains militants
d'extrème gauche et les citoyens qu'ils veulent convaincre ou
pensent vouloir convaincre, leur jargon, leur position surplombante)
et de là à une petite recherche sur internet.
7 commentaires:
Toujours suivre son instinct...
Décidément, Saint-Agricol vous en veut !
en tout cas il ne veut pas de moi (ou de mes horaires ?)
ce qui, de la part d'une cathédrale par intérim (jusqu'à la fin de la restauration de Notre Dame des Doms) est un rien abusif
De François Bon...aux autres lectures!! Merci du partage ?le livre est "une rencontre avec un autre esprit "selon Proust et c'est merveille
même quand on se trompe dans la rencontre, c'est elle qui compte
L'exposition de la crèche et de la table calendale n'est ouverte que l'après-midi (et le Roure est fermé le dimanche et le lundi).
Mais l'exposition sur le pont de bois, à droite dans la salle Marcel Bosqui, est ouverte matin et après-midi.
merci pour le tuyau - je pensais bien que j'aurais dû consulter les horaires
" Sur une tombe, il n'y a rien. Ou presque rien" normal c'est un fantôme ! !
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