Or donc avons quitté la
plage, la terrasse, les pigeons rêveurs, avons marché jusqu'à la
voiture venue de Toulon, nous y sommes pressés, sommes entrés dans
Tamaris, avons grimpé jusqu'à la Villa Tamaris Pacha,
sous un ciel devenu
bienveillant. Or donc, cet après midi dans l'antre, après avoir
recueilli des feuilles dans la cour sous un ciel non moins
bienveillant, j'ai précisé ma vague science de la naissance de cet
ensemble de grandes villas, où se mélangent un peu d'orient, un peu
de grosses maisons de propriétaires terriens comme il y en a dans la
plaine d'Hyères, un peu de ville d'eau, un peu de lac Majeur,
disséminées à flanc de colline boisée au dessus de la rade, sur
le fondateur de ce quartier Blaise Jean Marius dit Michel Pacha, né
à Sanary, embarqué comme mousse en 1835 sur le vaisseau commandé
par son père, engagé ensuite dans la marine marchande, Capitaine au
long cours en 1844, directeur général des phares de l'Empire
Ottoman, élevé par le sultan à la dignité de Pacha, revenu jouir
de sa richesse chez lui, de sa richesse mais non de son oisiveté
puisqu'il créa cette petite ville, faisant construire les maisons,
plantant les essences qu'il avait connu au bord du Bosphore, et fit
entreprendre la construction pour sa première femme, tout en haut,
avec une vue merveilleuse sur la baie du Lazaret, au dessus des parcs
à moules, la presqu'île de Saint Mandrier, la grande rade, de la
«grande maison» (construction interrompue à la mort de
Marie-Louise Séris à laquelle était destinée) grande bâtisse
régulière, petit palais, qui a été réhabilité par la
municipalité de La Seyne, transmis à la Communauté de
Toulon-Provence-Méditerranée, devenu Centre d'Art avec ses grandes
pièces claires parfaites pour cet usage avec leur éclairage
naturel, réparties sur 3700 m2.
L'exposition principale en
cet hiver 2016 s'intitule POURSUIVRE et
rassemble un choix parmi les 650 pièces rassemblées, achats ou dons
des artistes qui se sont succédés sur ces murs et tente
d’établir la cohérence d’un propos s’articulant à partir de
plusieurs lignes de force. La peinture, bien sûr, dans ses multiples
déclinaisons contemporaines envisagées dans sa dimension critique
de l’image et de la représentation mais aussi sur le versant de sa
remise en question par ses matériaux et ses supports. La notion de
génération se trouve au cœur de ce projet éditorial. Elle a
favorisé l’insertion et l’appréhension du travail d’artistes
plus jeunes dans une chronologie complexe où les ruptures et les
continuités pouvaient être saisies au vif... mise en perspective
donc qui pourrait être sous-titrée : Que signifie être de son
temps ?
Marchant,
regardant, parlant, photographiant de temps en temps, j'en ai ramené
un certain nombre de traces et constate que j'ai déjà oublié bon
nombre de ce qui, me semble-t-il, m'avait arrêtée, plus ou moins
séduite, alors, pour garder trace au moins de cela (donnant sans
doute ainsi une idée très fausse de l'ensemble)
le
plaisir de tomber, presque tout de suite, sur Jean Le Gac (mon
ignorance sans fond de la plupart des peintres contemporains, et
entre autres de ceux ici exposés.. le temps où je fréquentais,
avec une attention passionnée, éphémère et anarchique, ou un
ennui profond, les salons parisiens – ceux qui n'existent plus
depuis longtemps – ou quelques galeries où j'entrais sur la pointe
des pieds en tentant de me croire invisible est très très loin..
mon ignorance donc a fait que je me suis sentie accueillie, un peu
comme dans une réunion où on reconnaît une tête)
une grande toile de
Bernard Philippeaux
http://imagoartvideo.perso.neuf.fr/philippeaux.htm
dont je crois qu'elle est là parce que ses grands-aplats aux
couleurs franches consolait mon dépit de ne pouvoir capter
correctement celui qui lui faisait face, dans la grande galerie
transversale, qui me plaisait et dont j'ai totalement oublié ce
qu'il était (sais seulement que ce n'était vraisemblablement pas
celle de François Boisrond, bonne sans être exceptionnelle, que je
m'étonne d'avoir négligé dans cette petite moisson)
la très grande toile
d'Ivan Messac http://ivanmessac.com
(1973 sans doute) qui attirait l'oeil dès qu'on entrait dans la
salle dont elle occupait le mur du fond
le long panneau (photos
loupées, je le savais) de Gérard Eppelé parce que oui voulais en
garder trace et peut-être par prémonition (bon j'y crois pas
vraiment) de ma découverte ce soir de son site
http://artviftv2.free.fr/gerardeppele.html
et, de l'autre côté
d'une porte donnant sur les pièces en façade, la fausse naïveté,
l'humour d'un panneau de Pierre Tilman dont j'ai cueilli un détail - il est aussi poète https://fr.wikipedia.org/wiki/Pierre_Tilman
un dessin de Muriel Poli
parce que j'aime ce qu'elle fait
http://www.murielpoli.com/murielpoli.com/Muriel_Poli.html
et rien de Jacques Poli parce que j'aimais juste un peu moins ce qui
était montré
Jean-Pierre Pincemin pour
lui et pour la même raison que Le Gac
http://www.galerie-oniris.fr/artistes/pincemin/
un panneau de Roland
Sabatier, peintre et lettriste (souvenir d'une exposition à la Villa
http://www.rolandsabatier.com/0/le_cosmos_hypergraphique.html)
des livres de Gérard
Diaz, traces d'une exposition intitulée Botanique de papiers /
papiers de livres l'hiver
dernier,
face auxquels ai salué
Antonio Segui en me permettant un sourire de familiarité
http://www.antonio-segui.com
et puis, grimpant un
étage, avec cette façon qu'a l'escalier de découper les vues,
dans ces salles tout aussi
riches mais où mon appareil est resté plus sage, l'incandescence de
Georges Autard (mais j'ai bouffé un peu de son texte)
http://www.georgesautard.fr
- là aussi, sur ce site, me suis promenée
et, en terrain familier,
un grand panneau de Jean-Pierre Giacobazzi http://www.giacobazzi.fr
– des enfants travailleurs, un des thèmes qui reviennent souvent
dans ses grands tableaux mosaïques humanistes (navrée par la qualité de la photo), et un mur de petites
toiles
Et ma foi en reste à
lui... et des deux autres expositions, sous les combles, et au ras de
jardin ou sous-sol, que j'ai un tantinet survolées en parlerai
peut-être un jour.
10 commentaires:
quelle belle expo. Merci de ce partage
et merci pour votre passage
Que signifie être de son temps...
Vaste question !
Ce que vous faites ici au quotidien en fait partie, et nous embarque avec vous dans ce temps qui est le nôtre. Merci pour cela aussi !
Bravo et Merci, recevant régulièrement des invitations ..avais manqué cette exposition , Ce lieu par lui même est plaisant dans son immensité ce qui permet de voir les oeuvres " grands formats" en belle situation
Marie Christine, certains ou certain parmi eux ne sont d'ailleurs plus de leur temps
du moins corporellement, mais le monde ne change pas tellement
Arlette, une ou deux oeuvres par artiste, et finalement une certaine unité
Les fenêtres comme espaces de liberté
grandes ouvertes sur le monde.
Merci.
Pincemin, pince-moi... des tableaux de toutes sortes et une cohérence certaine dans l'approche d'eux tous comme rassemblés par une main invisible (avec un pinceau pour diriger l'orchestre)...
Merci pour la visite !
deux ou trois courants - affiches détournées - lettres - et dessins frustres - et une allusion presque toujours au monde contemporain (enfin de la fin du 20ème mais nous n'en sommes qu"à la suite)
Suis allé voir Muriel ...déroutante ..et suis Poli
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