lumière, sans grande
chaleur, avec passages de nuages de plus ou moins grande importance
au fil du jour
lumière sur mes pas ce
matin réveillant les dalles et rongeant le blanc des marches usées
gros nuages et ombres ou
fulgurance du soleil dans ma cour, suis entrée, suis sortie, pas
lents, lecture, méditation ou absence, esprit se désagrégeant
comme vapeur – besoin en ce moment de resserrer les boulons du
corps, du crâne, du moral de la petite vieille qui n'a pas perdu
complètement la tête légèrement baissée, le regard vague sur les
mains, de la petite fille cherchant en vain à comprendre le monde et
les adultes (maintenant les gens décidés, actifs) qui est plus ou
moins présente dans l'autobiographie par les noms en réponse à la
deuxième proposition (avec Novarina) de l'atelier d'été de
François Bon http://www.tierslivre.net/spip/spip.php?article4336
(dix huit contributions la dernière fois que je suis passée, cet
après-midi.. devriez prendre temps d'y pêcher celle ou celles qui
vous plaisent)
Ai poussé en ma mère
entre la rue Gustave Fabre ou la rue du Lion d'Or - mémoires sont
mortes - à Narbonne et un quelque part qu'existe plus derrière le
port à Ajaccio, en des temps de guerre, et puis j'ai titubé mes
premiers pas sur les dalles du palais décrépit d'amis derrière
l'ancienne anse du Cardo, dans la Terra vecchia, à Bastia, ou bien
le jardin d'Erbalunga, il y a eu le cousin Then avec son grand
burnous de lieutenant des goumiers, il y a eu un bateau, une fausse
attaque de sous-marin et le port d'Alger. Des adultes et des enfants,
beaucoup, et la rue Coligny avec les balcons sur le parc que l'on
disait de Galland, mais lui et le fennec en son coeur les connaitrai
surtout plus tard, la cour aux azulejos de La Pérouse près du cap
Matifou, les cousins, mon jumeau que j'ai enfermé dans une malle
pour avoir la paix, l'embouchure du Hamiz près de la ferme et les
coquelicots dans les roseaux, et puis surtout les Pins Maritimes, les
uniformes, un homme en jupe écossaise, un évêque de passage dont
je ne veux pas embrasser la bague et mon ami et idole Mamadou,
immense, qui me portait, me chatouillait les pieds pour me faire
sourire, m'a envoyée une robe de Ceylan. Paris, la rue du Printemps,
la suie partout des trains du Pont Cardinet, et les petites
redingotes, la grande maison à Sully et la belle mariée ma tante,
son appartement de la rue du Ranelagh. Alger, de nouveau, le jardin à
l'abandon dans la même rue que ma première école, le cours Milly,
je redescend du grand au petit jardin d'enfant, Jacqueline qui nous
bat quand les parents ne sont pas là, ou qui l'a fait une fois, mais
je ne l'ai pas dit, notre grande chambre parce que maintenant il y en
a trois autres après moi. Toulon, le Cap Brun, chemin du Petit Bois,
je crois, où sommes hébergés chez une vieille femme avec plein de
chats, un immense tableau penché au dessus de mon lit, des ruines en
ciment dans le jardin avec des bouts de fer qui sortent. La voiture
qui traverse Brest, des ruines, le moulin de Trébabu, et la ferme à
côté où on allait acheter le beurre salé et choisir le moule
décoré dans lequel emporter la ration de la semaine, et puis en
arrivant au Conquet, la maison, La Roseraie où il n'y avait pas de
rosiers mais un hortensia devant, comme partout, et derrière, dans
le jardin qui descendait vers la rivière, au bout du port, des
salades et patates bordées de goémons et la cabane en planche pour
faire pipi, le couvent, les chaussons dans les sabots, nos sarraux en
vichy, Monsieur le Recteur, c'est le nom des curés là bas, et les
histoires de korrigans, soeur Marie Rose et le piano où je joue la
valse rose, Da Lebie ou Madame Lebris qui règne en riant dans la
cuisine, les noyés d'Ouesant que vais voir en cachette avec Jaquot,
les pupilles de Bertheaume qui saluent en passant devant la maison,
le Docteur qui devait s'appeler Mercier ou Perrier, sais plus, qui
nous soignait et nous invitait à goûter avec sa fille, et les
Blancs Sablons. Toulon, le groupe d'immeuble rue Mireille, près de
la Rode et de la rivière des Amoureux, qui en fait s'appelait
l'Eygoutier et qui était de vase, de débris et d'un peu d'eau, le
bâtiment J pour les officiers subalternes, les autres pour les
ouvriers de l'arsenal, Jean et sa charrette avec les pains de glace
sous des serpillères, l'école primaire Sainte Marguerite dans une
petite rue au début de la route du Cap Brun, la dégringolade sur le
chemin de retour du raidillon caillouteux appelé avenue Médicis, la
villa Ouf que nous avons failli louer, le dentiste ami des parents,
moins de moi, et son voilier amarré au ponton du club nautique de la
Marine, au bout du quai, là où on a construit la Préfecture
Maritime, les deux médecins qui venaient à la maison que j'ai
choisi d'oublier. Un an à Alger, répartis entre les oncles, moi à
Icosium entre Bab-el-Oued et l'amirauté où nous allons nous baigner
et où est né mon grand père, le club nautique fondé je crois par
lui et le Bleuet le dernier de ses bateaux, l'école de la rue
Dupont, qui ne s'appelle certainement plus ainsi, ma grande amie
Aïcha qui habitait une cabane, et bien sûr la rue Coligny, La
Pérouse. Récupérer les parents et Toulon de nouveau, Max le
coiffeur, rue Jean Jaurès au dessus de la place d'Arme, Phyllis le
professeur de danse en bas du Cours Lafayette, la construction des
immeubles sur le port, la 6ème au collège, qui n'avait d'autre nom
que Collège de jeunes filles, boulevard du Général Leclerc, avant
de rejoindre mes soeurs et d'apprendre la curiosité et l'athéisme,
au Cours Saint Dominique, près du Chemin de la Calade, tenu,
logiquement, par des dominicaines, et d'y grandir entre joies et
bagarres, la mer dans les yeux dans l'appartement, boulevard Jules
Michelet, au dessus des plages qui n'existaient pas encore du
Mourillon, la maison de mon amie Caroline, les Héliades, avenue Jean
Sorel, qui était celle où ma mère s'est fiancée, les surprises
parties dans les villas du boulevard du Littoral dit Littoral
Frédéric Mistral, le boulevard Grignan, la rue Lamalgue ou à la
Mitre, avec les jardins dégringolant vers la mer et les gloriettes
au dessus du chemin des douaniers, surnommé aujourd'hui quai Belle
Rive mais qui reste je crois de terre, de lentisques et de pipis de
chiens, au dessus des rochers.
7 commentaires:
Je l'avais lue... les souvenirs tourbillonnent...
vous avez été plus concis et c'est toujours préférable
M'en souviens aussi ...les années d'adolescences sont gravées à jamais et je marche tous les jours dans tes pas ... mais bétonné, fermé le sentier ne sent plus le pipi de chat... suis au dessus
dans une des villas à petite gloriette sur le quai Belle Rive ?
Perplexe sans complexe sans oublier les pipis de chiens au'dessus des lentisques.
Bel exercice de style, dans le respect des consignes. Texte dru, compact, un peu à l'image de la terre Corse.
Emouvants bagages
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