M'en suis allée matin,
trouvant semblance entre Brigetoun et le contenu d'un petit camion,
tout en rêvant d'être aussi fraiche, charmante, pleine d'espoir que
petite fleur sous un ciel où rodaient quelques nuages (une ondée en
fin de matinée, avant de retrouver chaleur, un peu moindre, et
lumière)..
m'en suis allée vers la
maison du Off, pour prendre programme papier pour moi et surtout pour
ma pharmacienne qui n'en a pas le temps, avec l'idée aussi de
retenir billets pour dix ou douze spectacles.. afin de m'obliger à
ne pas en abandonner l'idée, tout en me disant que cela faisait trop
pour carcasse et ses caprices et dolences,
mais les gentilles dames
n'ont voulu me donner qu'un programme (tant pis, m'en passerai
facilement) et ne vendaient pas de billet... il faut passer par
internet et imprimer le reçu.. ce que ne peux faire (l'ai fait pour
le théâtre des Halles parce que ma bouille y est connue)
Les théâtres commencent
à s'afficher comme tels, des affiches apparaissent avant la date
prévue sur des boutiques vides (ne sais si cela correspond aux
emplacements autorisés.. la mairie entend débarrasser la ville peu
à peu de sa parure anarchique et rapidement décrépite, et j'en
suis marrie – la pagailleuse que je suis je n'aime pas les villes
aseptisées)
Pour tenter d'obtenir un
programme au Syndicat d'initiative, suis rentrée par la rue des
Lices, m'arrêtant au passage pour me charger de légumes frais et de
confitures dans un magasin de producteurs..
ai dédaigné
vertueusement les premiers bouquinistes devant le Syndicat
d'initiative, suis entrée et au bout de cinq minutes suis sortie en
panique : il y avait une queue de quatre personnes et surtout une
clim redoutable, de quoi acclimater les genses du nord (ai très peur
pour l'Opéra et cela me décourage pour le off).
J'ai regardé le tas de
repassage, et puis j'ai regardé les cinq livres de Bonnefoy que
contient ma bibliothèque, ai sortie les deux recueils publiés par
Gallimard, les ai feuilletés une fois encore, et puis j'ai choisi
quelques poèmes que ne me souvenais pas d'avoir lus pour tenter,
maladroitement, une vidéo (un bricolage/massacre.. tant pis)
et surtout me suis
replongée dans l'Arrière-pays... picorant,
savourant les mots, et le sens, m'arrêtant sur
Après quoi je finis
par aller en Italie, tout de même, et là je découvris, en une
heure, inoubliable, qu'un monde qui paraissait, chez Chirico,
l'imaginaire, l'irréalité, l'impossible, en fait existait bel et
bien, sur cette terre, sauf qu'il était renoué ici, recentré,
rendu réel, habitable, par un acte d'esprit aussi nouveau pour moi
que d'emblée mon bien, ma mémoire, ma destinée. Je visitais les
églises, les musées, et voyais sur tous ces murs blancs les Madones
graves, sereines, presque debout dans leur présence sans faille, de
Giotto, de Masaccio, de Piero della Francesca. Ces peintres avaient
décidé de la perspective autant ou plus qu'Ucello, ils avaient
mieux que lui délivré l'image de son voûtement médiéval ; mais
eux ne déniaient pas à l'objet sa qualité substantielle, sa
transcendance à l'égard de toute formule...
et
continuant jusqu'à la délicieuse évocation de la maison
d'enfance... et donc, somme toute, je n'ai rien fait..
3 commentaires:
Yves Bonnefoy parle de Chirico, la poésie rencontre souvent la peinture...
Ses mots dureront comme les pierres.
dont il a beaucoup parlé, aussi
Merci pour le partage des mots du poète et l'émotion générée !
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