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désolée, Paumée se veut à l'abri, sauf quand un acte fait déborder le vase, des allusions à la politique ambiante.. et si je suis reconnaissante aux envies de commenter je vous demande de me pardonner de rétablir la modération

samedi, juillet 09, 2016

Avignon – festival – jour 3 suite – un peu plus à propos de 2666


dîner, se coucher un peu avant quatre heures, premier réveil par trop brumeux vers six heures, cuillère de miel et verre d'eau, et second réveil encore un rien comateux (pourtant je ne fais que commencer et en souplesse)
petit tour amical sur internet, café brûlant, douche, café refroidi, magnésium et m'en aller pour un petit tour très rapide dans la ville qui a choisi temps bleu fier et petit vent, mais qui n'a, tant mieux pour mon agoraphobie, mais navrée pour troupes, toujours pas pris son aspect de folie festivalière, où l'on marche facilement et où on rencontre peu de parades et de mains tendues avec annonces spectacle (un peu tôt sans doute..)
avant d'attaquer cuisine, brumisateur pour essayer de réveiller neurones, et tenter d'évoquer la réussite (visiblement ne suis pas seule, et les quelques qui n'avaient pas lu le livre, en avaient, durablement ou non, le désir) de cette assez folle tentative qu'était la représentation du roman-monde qu'est 2666..
Sur le site du festival les photos de Christophe Raynaud de Lage ne concernent que la première partie (deux heures) la partie des critiques et me reviens déjà le souvenir du plaisir d'avoir senti, à l'arrière plan de mon attention, l'intelligence des partis pris, du mélange d'action directe, d'action directe distancée en étant filmée et projetée au dessus ou sur l'un ou l'autre des trois ou quatre (selon les parties) grands caissons mobiles, de moments (surtout dans la 3ème partie, celle de Fate le journaliste) où devant les quatre vidéos qui jouent en léger dégradé d'intensité, de couleurs, de tailles, comme le foisonnement déroutant d'une boite de nuit en quasi démence, on a l'impression que les acteurs sont absents, qu'il s'agit d'un film pré-enregistré, alors que moi, à mon bout du deuxième rang, je pouvais les entrapercevoir filmés en direct, les cameramen agissant ostensiblement comme pour les Damnés), et puis, mais il y a d'autres partis pris, comme les phrases de Bolaño qui s'affichent au dessus de l'action généralement un peu avant la fin des parties ou actes, mettant en évidence la poésie de son style, et le choix fait pour la liste des mortes... penser à en parler plus tard. (et me garder de relire cette phrase)
Bon j'abrège, juste : intelligent, bien joué, un seul agacement ces micros que chacun porte, ce qui est général cet année, et dans le cas de l'actrice principale la façon dont sa voix, légèrement déformée, devient difficilement compréhensible.. avec par contre l'amusement, vite oublié, de la petite boite collée au dessus des fesses dans les scènes érotiques.. et la façon dont il arrive à rendre dans cette première partie la rapidité, l'ironie, la tendresse des allers et venus, colloques, amours, des quatre personnages.
Entracte de trente minutes et deuxième partie la partie d'Amalfinato (une heure 10).
à partir de là je me contente de brides de l'entretien figurant sur le programme de salle, même s'ils ne s'appliquent pas directement à cette partie du texte, mais tels que les ai notés en numérotés une fesse sur un coin de banc conquis dans la cour jardin
Le traitement est extrêmement poétique (il parle de l'écriture). Roberto Bolaño ose la digression au fil du livre mais aussi stylistiquement, au sein même de ses phrases. Quelque chose de l'ordre du «légèrement trop» hante le roman. Je suis très sensible à cela. Et puis la construction en cinq parties m'intéresse : dans un livre comme dans un spectacle, j'aime que la structure soit très visible... Ce qui me plait aussi dans 2666, c'est la possibilité de formes de théâtre extrêmement diverses.
Entracte trente minutes et troisième partie la partie de Fate (une heure 50 – je fais le choix de penser que vous avez lu le livre, ne peut raconter ce que contienne chacune de ces parties)
J'ai envie d'amener le spectateur à une forme de patience littéraire. Il y a des moments très efficaces dans le spectacle mais il y a des moments où nous plaçons le public dans une position d'attente devant la littérature : une position de lecteur, qui induit une pénétration complète de l'oeuvre artistique. La fidélité au roman lui-même n'est pas en jeu ici. Quand je trouve qu'un roman est magnifique, j'ai envie que le spectateur le trouve aussi magnifique. J'essaie donc de trouver l'endroit de transformation juste – parce que la transformation est nécessaire – pour que le public ressente quelque chose.
Entracte d'une heure, celui où les loups affamés du public font la queue et s'installent autour de tables ou sur l'herbe pour dîner, celui où les cigales sont en forme, où la lumière descendante éclaire le dessous des arbres et trace de longues ombres (Brigetoun à laquelle carcasse faisait guerre, sourde, avec de pénibles assauts, depuis le début, en est restée à une pastille de magnesium et un quart de lexomil) et troisième partie la partie des crimes (deux heures 20)
un grand transparent à l'avant-scène sur lequel s'inscrivent, avec un rythme, accompagné par la musique, plus ou moins rapide (jsuqu'à pafois rendre difficile la lecture totale) suivant laa fréquence des crimes, les phrases du roman énumérant la longue série des découvertes de corps, avec quelques circonstances et considérations particulières, devant un des caisson, qui reste dans une brume floue, sauf lorsque, de temps en temps, il s'avance en s'éclairant pour qu'une scène de recherche dans le commissariat ou autre s'y joue. Et suivais cela, me sentant fort consciente, avec la même fascination navrée (et le même goût pour les formules) qu'à la lecture, jusqu'au moment où un grand caisson éclairé est venu occuper le devant du plateau pour la poursuite de l'action et là... ben j'ai réalisé un exploit, sans le moindre baillement annociateur j'ai, un quart d'heures environ avant la fin de l'acte d'après ce que nous avons reconstitué, sombré dans un sommeil décidé, profond, assez pour que les trente personnes du demi-rang passent devant moi sans qu'un orteil, un cheveu, un coin de mon cerveau réagisse. 
Donc pas d'image pour l'entracte suivant (trente minutes). Un peu avant qu'il s'achève un des hommes qui avaient changé le décord est venu me réveiller, avec une douceur inquiète, a voulu me soutenir jusqu'à la cour, mais point n'en avais besoin je me sentais toute neuve, pour un café dégueulasse – et cinquième partie la partie d'Archimboldi avec son beau début sur l'écriture
La question du roman n'est pas tellement de savoir qui est le meurtrier mais de sentir la bataille de la littérature avec la violence du réel.. je suis d'accord avec Bolaño sur ce point : si la lutte que livre la littérature est puissante, elle ne dépasse pas le réel dans sa puissance.. La seile – et grande beauté de la littérature réside dans sa bataille. Ce n'est pas la victoire ou la défaite face au réel qui importe, c'est l'effort lui-même.
Saluts, applaudissements du public restant (un peu plus des deux tiers à vue-de-nez)
et selon les cas, ruée sur voitures ou vélos ou adoption du pas long, régulier, absent qui m'a conduite en un peu plus de trois quarts d'heure jusqu'à l'antre, le bricolage d'un billet, le bricolage d'un repas, sa dégustation lente et le sommeil.
Maintenant cuisine et puis rien, rien jusqu'à la nuit. 

2 commentaires:

Claudine a dit…

épatant
bonne continuation

Brigetoun a dit…

merci - jour calme avec un spectacle court (beau je l'espère et le crois un peu) cette nuit