dîner, se coucher un peu
avant quatre heures, premier réveil par trop brumeux vers six
heures, cuillère de miel et verre d'eau, et second réveil encore un
rien comateux (pourtant je ne fais que commencer et en souplesse)
petit tour amical sur
internet, café brûlant, douche, café refroidi, magnésium et m'en
aller pour un petit tour très rapide dans la ville qui a choisi
temps bleu fier et petit vent, mais qui n'a, tant mieux pour mon
agoraphobie, mais navrée pour troupes, toujours pas pris son aspect
de folie festivalière, où l'on marche facilement et où on
rencontre peu de parades et de mains tendues avec annonces spectacle
(un peu tôt sans doute..)
avant d'attaquer cuisine,
brumisateur pour essayer de réveiller neurones, et tenter d'évoquer
la réussite (visiblement ne suis pas seule, et les quelques qui
n'avaient pas lu le livre, en avaient, durablement ou non, le désir)
de cette assez folle tentative qu'était la représentation du roman-monde qu'est 2666..
Sur le site du festival
les photos de Christophe Raynaud de Lage ne concernent que la
première partie (deux heures) la partie des critiques et me reviens déjà le souvenir du plaisir d'avoir senti, à l'arrière plan de mon attention,
l'intelligence des partis pris, du mélange d'action directe,
d'action directe distancée en étant filmée et projetée au dessus
ou sur l'un ou l'autre des trois ou quatre (selon les parties) grands
caissons mobiles, de moments (surtout dans la 3ème partie, celle de
Fate le journaliste)
où devant les quatre vidéos qui jouent en léger dégradé
d'intensité, de couleurs, de tailles, comme le foisonnement
déroutant d'une boite de nuit en quasi démence, on a l'impression
que les acteurs sont absents, qu'il s'agit d'un film pré-enregistré,
alors que moi, à mon bout du deuxième rang, je pouvais les
entrapercevoir filmés en direct, les cameramen agissant
ostensiblement comme pour les Damnés), et puis, mais il y a d'autres
partis pris, comme les phrases de Bolaño qui s'affichent au dessus
de l'action généralement un peu avant la fin des parties ou actes,
mettant en évidence la poésie de son style, et le choix fait pour
la liste des mortes... penser à en parler plus tard. (et me garder de relire cette phrase)
Bon
j'abrège, juste : intelligent, bien joué, un seul agacement ces
micros que chacun porte, ce qui est général cet année, et dans le
cas de l'actrice principale la façon dont sa voix, légèrement
déformée, devient difficilement compréhensible.. avec par contre
l'amusement, vite oublié, de la petite boite collée au dessus des
fesses dans les scènes érotiques.. et la façon dont il arrive à
rendre dans cette première partie la rapidité, l'ironie, la
tendresse des allers et venus, colloques, amours, des quatre
personnages.
Entracte
de trente minutes et deuxième partie la partie
d'Amalfinato (une heure 10).
à
partir de là je me
contente de brides de l'entretien figurant sur le programme de salle,
même s'ils ne s'appliquent pas directement à cette partie du texte,
mais tels que les ai notés en numérotés une fesse sur un coin de
banc conquis dans la cour jardin
Le traitement est
extrêmement poétique (il parle
de l'écriture). Roberto Bolaño ose la digression au fil
du livre mais aussi stylistiquement, au sein même de ses phrases.
Quelque chose de l'ordre du «légèrement trop» hante le roman. Je
suis très sensible à cela. Et puis la construction en cinq parties
m'intéresse : dans un livre comme dans un spectacle, j'aime que
la structure soit très visible... Ce qui me plait aussi dans 2666,
c'est la possibilité de formes de théâtre extrêmement diverses.
Entracte
trente minutes et troisième partie la partie de Fate (une
heure 50 – je fais le choix de penser que vous avez lu le livre, ne
peut raconter ce que contienne chacune de ces parties)
J'ai envie d'amener le
spectateur à une forme de patience littéraire. Il y a des moments
très efficaces dans le spectacle mais il y a des moments où nous
plaçons le public dans une position d'attente devant la
littérature : une position de lecteur, qui induit une
pénétration complète de l'oeuvre artistique. La fidélité au
roman lui-même n'est pas en jeu ici. Quand je trouve qu'un roman est
magnifique, j'ai envie que le spectateur le trouve aussi magnifique.
J'essaie donc de trouver l'endroit de transformation juste – parce
que la transformation est nécessaire – pour que le public ressente
quelque chose.
Entracte
d'une heure, celui où les loups affamés du public font la queue et
s'installent autour de tables ou sur l'herbe pour dîner, celui où
les cigales sont en forme, où la lumière descendante éclaire le
dessous des arbres et trace de longues ombres (Brigetoun à laquelle
carcasse faisait guerre, sourde, avec de pénibles assauts, depuis le
début, en est restée à une pastille de magnesium et un quart de
lexomil) et troisième partie la partie des crimes (deux
heures 20)
un
grand transparent à l'avant-scène sur lequel s'inscrivent, avec un
rythme, accompagné par la musique, plus ou moins rapide (jsuqu'à
pafois rendre difficile la lecture totale) suivant laa fréquence des
crimes, les phrases du roman énumérant la longue série des
découvertes de corps, avec quelques circonstances et considérations
particulières, devant un des caisson, qui reste dans une brume
floue, sauf lorsque, de temps en temps, il s'avance en s'éclairant
pour qu'une scène de recherche dans le commissariat ou autre s'y
joue. Et suivais cela, me sentant fort consciente, avec la même
fascination navrée (et le même goût pour les formules) qu'à la
lecture, jusqu'au moment où un grand caisson éclairé est venu
occuper le devant du plateau pour la poursuite de l'action et là...
ben j'ai réalisé un exploit, sans le moindre baillement annociateur
j'ai, un quart d'heures environ avant la fin de l'acte d'après ce
que nous avons reconstitué, sombré dans un sommeil décidé,
profond, assez pour que les trente personnes du demi-rang passent
devant moi sans qu'un orteil, un cheveu, un coin de mon cerveau
réagisse.
Donc
pas d'image pour l'entracte suivant (trente minutes). Un peu avant
qu'il s'achève un des hommes qui avaient changé le décord est venu
me réveiller, avec une douceur inquiète, a voulu me soutenir
jusqu'à la cour, mais point n'en avais besoin je me sentais toute
neuve, pour un café dégueulasse – et cinquième partie la
partie d'Archimboldi avec son beau début sur l'écriture
La question du roman
n'est pas tellement de savoir qui est le meurtrier mais de sentir la
bataille de la littérature avec la violence du réel.. je suis
d'accord avec Bolaño sur ce point : si la lutte que livre la
littérature est puissante, elle ne dépasse pas le réel dans sa
puissance.. La seile – et grande beauté de la littérature réside
dans sa bataille. Ce n'est pas la victoire ou la défaite face au
réel qui importe, c'est l'effort lui-même.
Saluts,
applaudissements du public restant (un peu plus des deux tiers à
vue-de-nez)
et
selon les cas, ruée sur voitures ou vélos ou adoption du pas long,
régulier, absent qui m'a conduite en un peu plus de trois quarts
d'heure jusqu'à l'antre, le bricolage d'un billet, le bricolage d'un
repas, sa dégustation lente et le sommeil.
Maintenant
cuisine et puis rien, rien jusqu'à la nuit.
2 commentaires:
épatant
bonne continuation
merci - jour calme avec un spectacle court (beau je l'espère et le crois un peu) cette nuit
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