réveil égayé par
quelques pas dans la cour, yeux levés vers la lumière et le bleu
ardent , sur petits frissons nés d'un léger vent un peu aigre, d'un
retour en mineur lancinant des bobos, de ma fureur contre moi même
et la façon dont je m'étais laissée obnubiler par ma visite de
l'après midi et les presque derniers échanges sur les textes qui
doivent être regroupés dans un livre par la grâce de François Bon
et l'activité de bénévoles jusqu'à ne pas regarder mon agenda ce
qui m'aurait permis de constater que nous étions mardi, le premier
mardi voué à un concert de musique de chambre et que j'ai manqué
des musiques aimées ou à découvrir jouées par deux jeunes femmes
que n'ai jamais entendue…
ai salué, encouragé le
sans doute dernier bouton de rose (il y en a un autre mais bloqué à
l'état post naissance, hésitant à se risquer dans une saison qui
ne lui convient pas) et décidé malgré ce joli temps de rester, un
peu maussade mais pas tant, un peu ébahie de petites douleurs, dans
l'antre pour tenter un portrait pour les cosaques (du mal à
maîtriser, choisir les mots qui venaient en pagaille, avec ou sans
sens), achever ou presque le changement de garde-robe (me faudrait
nouvelle paire de bottes et un veston, ai trouvé quatre chandails et
un pantalon neuf, pour le reste mon passé un peu râpé fera
l'affaire..), enregistrer sur l'album regroupant toutes les éditions
de Parcours de l'art auxquelles j'ai assisté les photos prises hier
et à élaborer ce second billet sur le cloître (le 1er étage,
encore trop long vous prévient, et il y en aura un autre, navrée
mais ça me sert de bloc note) – renonçant à aller voir les six
autres expositions plus petites sauf peut-être vendredi et samedi
une autre de groupe et une ou deux des expositions associées…
Ainsi donc, gravir les
deux premières volées de l'escalier, au premier étage pénétrer
dans la longue salle,
et sur le mur du petit
côté, appuyé sur la cage d'escalier, trouver assez séduisantes
les oeuvres de Florian Viel, la façon dont les plantes dessinées
sur la paroi se marient à la mer, les poissons, les plantes
exotiques - sans cesse, j'explore les pistes menant au monde
tropical parfait, monde que les Occidentaux ont construit à partir
des stéréotypes créés depuis les premiers récits des
navigateurs.
mais mesurer la
difficulté, la quasi impossibilité de faire voir sur une image fixe
le jeu assez subtil des lignes gravées sur le verre surplombant d'un
ou deux centimètres le tableau, qui se superposent à celles du
dessin (comme un rappel lointain de sa sculpture pour fenêtre :
store vénitien en bronze
https://www.maif.fr/maif-pour-une-societe-collaborative/partenariats-et-mecenats/prix-maif-sculpture/edition-2015/laureat-2015.html
et au centre de la
première partie de la salle retrouver Thomas Bigot avec une de ses
«structures»
réseau neuro sonore -
plaques d'époxy cuivrées,
divers composants électriques, micro contrôleurs, câbles,
connecteurs, hauts parleurs (mais à la longue maudire légèrement
le bruit de fond, le grésillement électrique, modulé, discret mais
obsédant que l'oeuvre diffuse dans la salle)
Sur le
mur entre la salle et le couloir, entre les arcades, beaucoup aimer,
m'attarder parce que c'est une des oeuvres qui me séduit le plus,
devant ce que propose Caroline Leite http://www.caroline-leite.com
qui présentait aux Célestins de belles sculptures (comme des ruines
de) sur béton – ici avec petites oeuvres, photographies sur béton,
que j'ai beaucoup aimées et mal captées – ai jeté quatre photos
-
" Savoir regarder
la ou il n'y a rien à voir. " Guetter le silence, âpre
domaine. Débris et poussière ont-ils leurs propre langage ? Peut-on
être un archéologue du présent ? Les pièces abandonnés nous
chuchote-elles que les rue sont vides ?
L'artiste est-il un
arpenteur du passage ? Où sont les êtres ? Chuchotement-muet :
"dans leurs traces." Humanité nulle part, humanité
partout. Vécu, passage, effacement, trou, débris, barre, brique,
des îlots de l'oublie. Les nuits noires de Caroline Leite éclaire
le jour. Témoignage de ceux qui ne peuvent témoigner, cailloux,
poussière, fissure, lambeaux, cassure. Les pièces vides, les objets
abandonnés, les allés désertes sont humains. Être seul, savoir
s'habiter. Tomber en miette. Se désintégrer. Le temps n'a plus le
temps. Béton localiser, rouille daté, paysage urbain contemporain.
La décrépitude n'est pas laide. Elle est le miroir de ce qui
s'abandonne, avec le temps.
Andrea Siri
Dans
la seconde partie de la salle, entre les dernières fenêtres sur la
rue, sur le mur du fond et au sol, les carrés unis ou en camaïeu de
Philippe Chitarrini http://philippe.chitarrini.over-blog.com
J’ai abandonné toute
forme de figuration, si éloignée fut elle du modèle, pour me
consacrer pleinement à un art abstrait épuré, radical, proche du
minimalisme. ... Articulé à partir d’un vocabulaire formel réduit
- figures géométriques basiques, lignes et aplats de couleurs
étales - mon travail passe par l’impersonnalité de sa facture
pour tenter de matérialiser sa propre présence au monde. Il ne
renvoie qu’à lui-même. Ma démarche artistique est bâtie sur la
création d’une réalité destinée à s’intégrer comme telle
dans une autre réalité visuelle, celle-ci plus vaste et moins
organisée…
Dans
le couloir, ouvert sur la cour du cloître, en revenant vers
l'escalier, sur le mur séparatif, le raffinement, la saveur de la
pâte des grands aplats de Hiromi Shimizu
"La sensation de
partage à travers ma peinture constitue mon intérêt artistique. La
littérature m’inspire beaucoup. En lisant, des images nous
viennent. Cela nous procure une sensation de connaître cet univers,
d’un déjà-vu. Dans mes recherches, je m’interroge s’il est
possible de créer cette sensation avec l’image.
J’ai une prédilection
pour le medium qui est la peinture à l’huile. Le travail des
couleurs, de la composition et de la lumière m’intéresse
particulièrement. Je souhaite représenter des sensations visuelles
qu’on ne pourrait pas définir par des mots. En évoquant nos
souvenirs, la surface de la peinture même nous invite à une
nouvelle expérience physique." présentation
de son exposition en septembre/octobre au Lycée Brochier à
Marseille – Une envie de caresser ou de se perdre dans ses couleurs
subtiles
Et
sur le mur donnant sur le cloître, entre les hautes fenêtres et les
visions de l'ombre sur les branches des platanes, les belles photos
en noir et blanc présentées à la va comme je te pousse, punaisées,
de Eri Tomonaga http://www.eritomonaga.com
Je cherche à mesurer
les écarts qui se glissent dans les paysages d'un endroit à un
autre et même d'une langue à une autre.. Je m'intéresse ainsi aux
nombreuses nuances de sens et à tous les moyens de désigner une
chose, qu'il s'agisse de l'image, du langage, du signe en me
demandant si telle ligne transforme un lieu ou bien l'inverse.
un
poème manuscrit que ne suis pas arrivée à capter, que je retrouve
sur son site
Je tire un dialogue au
clair
Je tire des mots qui
m'attirent dans le dialogue
Je tire mon tiroir pour
les stocker
Je tire les rideaux
pour avoir une lumière
Je tire un trait pour
tourner la page
Je tire un trait à la
règle pour dessiner plus précisément
Je tire un fil pour
dessiner dans l'espace
Je tire des sons du fil
pour jouer de la musique (parlais
distraitement en le lisant, et en montrant qu'il faisait triptyque
avec une photo et une inscription au crayon sur le mur que ma mémoire
de lièvre ne me rend pas, qui équivalait à je me tire,
juste avant la fin du mur, au
fond.
Pour
ce soir rester devant la fenêtre, regarder un platane, avant de
retrouver l'escalier, au moins en ce qui concerne le cloître…
et
puis, dans l'antre, dans ce mercredi soir, me préparer et m'en
aller,
en
passant devant le Centre Européen de Poésie, fermé à cette heure,
où a lieu dans le cadre du Parcours une exposition que n'aurai sans
doute pas le temps d'aller voir, mais en cueillant au passage une
impression d'une partie de l'oeuvre de Marie-Laure Sassou-Ladouce
http://mlsasso-ladouce.ultra-book.com
- cette peinture n'est
pas une retranscription parfaite de la realité, il n'y a pas de
photographie, mais plutot une sensation, la derniere image en memoire
imprimée sur la retine, un rêve un peu effacé. Un amalgame de
souvenirs, un extrait de vie, de nature modifiée, où les couleurs
et les variations de lumières règnent en maître. Les paysages
solitaires, marins, urbains tendent parfois jusqu'à l'abstraction.
C'est epuré mais
jamais minimal.
Et puis il y a les
arbres, floutés dans une lumière crue, présences imposantes aux
larges touches jetées -
vers le théâtre des
Halles pour assister (dans une salle moyennement pleine, et un
ambiance agréable), toujours dans le cadre du Parcours, à une
conférence (qui s'est révélée riche, assez passionnante) de Line
Herbert-Arnaud sur le thème cartes et frontières dans l'Art
contemporain avec une
introduction rapide sur Chirico et autres, en passant par le land-art
pour arriver aux recherches actuelles sur la carte, le territoire,
les réseaux (ai pensé à Mathilde Roux) et comme de bien entendu
mes notes sont inexploitables.. me restent souvenirs, peut-être
pistes, et quelques noms à partir desquels chercher compléments..
Retour, dans un vilain petit mistral, en avançant à aussi grands pas que le
pouvais, par les petites rues.
8 commentaires:
quelle magnifique exposition encore ! des couleurs et des formes pour la journée !
On en veut encor*
merci d'être passée
mais ces billets (que vais continuer tant pis, c'est mon bloc note, même si photos sont mauvaises) sont un effet merveilleusement dissuasif sur les lecteurs (immédiatement division par deux)
En lisant, des images nous viennent. Cela nous procure une sensation de connaître cet univers, d’un déjà-vu.... je prends à mon compte
Parcours bien dit ,j'aime les aplats colorés et purs , cet enchainement ...un bon bloc- notes pour le lecteur aussi Merci
A suivre j'espère
Raffinée, épurée; cela valait bien de revenir.
Merci pour ce bel et riche aperçu.
Vous nous aviez prévenu, mais vos lectrices et lecteurs ont un appétit d'ogre.
euh si j'en juge par la chute brusque des passages depuis deux jours et des reprises sur twitter y compris par deux de mes plus fidèles… ça se discute (et tant pis je continue)
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