Samedi, en tout début
d'après-midi, dans la grande salle dortoir pour les petits enfants,
deux tables au centre, quatre chaises et deux des couchettes proches,
les lettres et documents dans un coin en réserve pour la fin, amener
des boites, sacs, tiroirs, petites caisses de photos mélangées de
toutes époques, origines, et tenter, jusqu'à la nuit,
identifications, répartition, destruction, et mises en commun (seront scanées et mises dans un cloud)
- non sans un certain
narcissisme de ma part (enfin pas uniquement de moi) -, des débats,
discussions (mais contrairement à notre crainte ce fut vivant mais
avec uniquement trois éclats, navrance, départ, avocat délégué,
regroupement prudent jusqu'au rire revenu).
Dimanche matin, pendant
qu'une partie assurait notre salut éternel, départ à trois petite
soeur, son époux et moi dans les rues, avec un soin scrupuleux pour
conjuguer les désirs... mon appareil me jouant des tours, lui et les
contrejours, j'ai jeté beaucoup de photos-prétextes pour pas
ralentis, mais comme trop en restaient, ai bricolé une petite vidéo
avec les moins loupées...
dimanche après-midi se
retrouver autour des documents et lettres... absolution m'est donnée
pour ne pas avoir retranscrites la masse que j'ai rangée
chronologiquement, assez abondante pour remplir une boite d'archives
et deux grands sacs rigides. Les garder dans le grenier comme
archives, avec consultation par qui voudra et retour, partagés que
sommes tous entre curiosité, plaisir de trouvailles (et le goût que
j'ai pour le style de ma mère.. pour le père, mélange de
précisions et de lyrisme je le savais déjà) et gêne de pénétrer
dans l'intimité de leurs sentiments.
Après le départ des deux
plus jeunes de cars en trains en RER vers Saint Germain (en Laye),
sous un ciel au rouge adouci, profiter de la voiture toulonnaise qui
fait gentiment un détour par mon bord de Rhône.
Lessive, préparer dîner,
ranger les quelques photos narcissiques (mais pas uniquement)
m'attendrir devant le petit être qui ne savait pas que nous
viendrions de lui, me battre avec mes photos, faire un tour sur
internet
et puis ouvrir et me
plonger (un peu moins de cent cinquante pages) dans Notre livre,
arrivé juste un quart d'heure avant mon départ vendredi, retrouver
des plaisirs et découvrir quelques textes qui m'avaient échappés.
10 commentaires:
Grignan semble être un lieu magique.
archives, lettres, photos : "un petit tas de secrets" (Sartre), un concentré de vie...
En fait, la citation exacte de Sartre est : "la vie est un misérable petit tas de secrets"...
J'ai sans doute inconsciemment supprimé l'adjectif car tout est... mesurable.
et pour la descendance, première et encore davantage deuxième générations, opacité de certains secrets (parfois simples comme l'identité de certains personnages)
Beau petit film avec cette lumière si particulière de la Drôme provençale. N'aperçoit on pas à un moment les dentelles de Montmirail? Votre phrase: " m'attendrir devant le petit être qui ne savait pas que nous viendrions de lui " fait écho à ce qu'écrivait Marguerite Yourcenar dans Archives du Nord. Son grand-père avait été le seul rescapé de son compartiment de cinquante personnes à la suite d'une catastrophe ferroviaire entre Versailles et Meudon. Marguerite Yourcenar écrit : " quand je pense qu'une bielle défectueuse a risqué d'anéantir ces virtualités, quand je constate par ailleurs le peu qui reste de la plupart des vies actualisées et vécues, j'ai du mal à attacher beaucoup d'importance à ces carambolages du hasard. L'image qui surnage pour moi de ce désastre du temps de Louis-Philippe n'en est pas moins celle d'un garçon de vingt ans fonçant la tête la première à travers une brèche, aveugle et sanglant comme au jour de sa naissance, portant dans ses couilles sa lignée."
Une épreuve qui laisse longtemps encore sa trace , et consolation un peu égoïste de savoir que cela arrive aussi aux autres
Chacun réagit différemment
Suis en " navrance " de la journée passée avec les "anciens" qui ne sont pourtant pas de ma famille ,(si ce n'est une belle soeur) mais de voir toutes ces vies en " tas" et subsister encore me trouble profondément
"misérable petits tas de secrets "
BRRRRR Il fait si froid soudain
Le passé ne devient intéressant qu'en le dépoussiérant et le dépassant.
Mais Godart on voit là le fossé du temps, cette photo qui pourrait dater du milieu du 19ème est en fait une photo de mon père, du début du 20ème siècle, et pas du tout début
Arlette en fait les secrets là ne sont secrets pour la plupart que du fait de notre ignorance et notre inattention au temps de l'enfance
Mais vos photos sont très belles, elles fixent les personnes dans leur immmarcescibilite et vous avez gardé votre sourire.
Enregistrer un commentaire