Jour de ciel bleu où
Brigetoun n'a pas quitté l'antre et sa cour.
Jour où se laver les
cheveux, faire des projets que je ne tiendrai pas, cocoter carcasse,
écouter musique, saluer les deux pétales qui sont arrivées à
s'extirper d'un bouton et les orienter pour que la tache rose me
fasse signe depuis la cuisine,
et puis lire les quatre
premières propositions publiées pour l'atelier d'hiver de François
Bon du lieu, #5, «on ne pense pas assez aux escaliers»
http://www.tierslivre.net/spip/spip.php?article4391,
me risquer, à partir de souvenirs condensant chaque fois des
escaliers différents pour en recréer un modifié et presque réel,
relire, avec un sens critique limité, et envoyer.
Les six premières
propositions (à 17 heures) commençant formidablement par Milène
T., suivie par le style inimitable, avec toujours un hors champ, de
Dominique Hasselmann, et... la suite vous verrez... si avez le temps
(récompensés serez) de les lire... sont publiées sur
http://www.tierslivre.net/spip/spip.php?article4393
et je suis en cinq avec
Les vitraux qui garnissent
les baies arrondies dans l'axe de l'escalier - jaune de souffre, vert
amande, bordeaux affaibli et les petits rectangles indigo sombre pour
charpenter leur mosaïque - n'ont rien à tamiser, mais les appliques
dispensent une lumière vive et sans violence, soulagement qui fait
se redresser le cou, s'élargir les épaules, après le gris de
cendre qui baigne la ville, et ce pansement que pose cette clarté
artificielle sur la fatigue s'augmente de l'ampleur modérée de la
cage, sans le presque vertige qui raidit le dos, les jambes, et rend
mécanique leurs mouvements, malgré la noble profondeur des marches,
la faible hauteur des contremarches, en grimpant les volées
longeant, de palier carré en palier carré, les murs de l'escalier
d'honneur emprunté lors des visites au musée pour éviter la
promiscuité de l'ascenseur dans le mur, ce grand cube solennel où
le souffle se perd, ni les virages sur l'aile, dans le ciment sonore,
de l'escalier de l'ancien appartement, les deux volées de marches se
repliant l'une contre l'autre, les deux rampes de fer forgé sans
épaisseur, peintes en vert dur, et toujours un peu poisseuses, se
touchant presque, non ici l'escalier tourne sur lui-même avec une
grâce discrète, comme un geste d'accueil, et l'on pourrait
installer dans son vide, comme chez la grande tante, une de ces
petites cabines d'ascenseur en bois aux portes claquantes, et puis il
y a, sous la main qui s'y est posée d'instinct, retrouvant une
habitude endormie dans le souvenir du corps, la douceur de la rampe
cirée, son bois luisant doucement, poli par plus d'un siècle de
mains glissant à sa surface et de chiffons feutrés le frottant en
caresses énergiques, le pouce a retrouvé d'instinct le creux de la
moulure où se glisser, et l'effort de hisser à la suite de cette
saisie la faiblesse nouvelle de la carcasse convalescente, dans le
silence feutré par l'épais tapis, devient presque un plaisir
tendre, le premier cadeau de ces jours de repos fraternellement
offerts, avant de retrouver, quand les forces seront revenues, la
rude amitié de l'escalier familier, assez étroit pour que les mains
prennent appui de chaque côté sur les pierres blondes, les marches
si étroites que les pieds ne peuvent s'y poser qu'en biais, les
dalles bordées d'un nez en bois usé.
8 commentaires:
Vous n'avez pas tardé à grimper les marches. L'idée est belle.
j'ai plus tardé que vous et Françoise Gérard...
Voilà un escalier à ne pas monter quatre à quatre. Prendre son temps, lire à son rythme, s'arrêter à chaque palier, retrouver sa respiration et savourer.
Quel beau thème ...en toutes traductions peinture musique écriture j'adore Merci
Joli montage.
grand merci à vous trois
fraîcheur de la fleur qui éclaire l'escalier dans tous ses états, ( photo et texte ;-) ) j'adore leurs montages réciproques
merci (lu et aimé hier soir le n°6 : vous)
Enregistrer un commentaire