Matin au soleil
les pierres de nos
remparts
devenues douces
et la glycine
sent monter, pulser sève
son bel avenir
et ce soir encore, dans la
nuit tombée, suis montée vers l'opéra pour assister, cette fois, à
un concert de l'orchestre Régional Avignon-Provence, dirigé par
Samuel Jean, avec le concours du Tremplin Jazz, le soliste (et
compositeur du concerto qui sera créé) étant Thomas Enhco, que
j'ai entendu, avec grand plaisir, au Tremplin Jazz des Carmes en 2015
un joli programme avec
«Eros piano» d'Adams, le
concerto n°24 pour piano et orchestre de Mozart et donc (plaisir en
moi, en grimpant petite côte, de la curiosité) le premier concerto
pour piano et orchestre, en création mondiale bien entendu, de
Thomas Enhco
Comme beaucoup de
musiciens, de pianistes, il joue également de la musique classique
et de la musique improvisée ou du jazz, peut-être avec plus de
naturel dans son cas, ce qu'explique son histoire puisqu'il est
petit-fils de Jean Claude Casadessus et beau-fils de Didier Locwood
(apprentissage violon puis
du piano à six ans, formation jazz en même temps pu presque -
invité par son beau-père au festival de Juan les Pins à dix ans
avec Martial Solal qui l'invite ensuite à certains de ses concerts,
fonde à quatorze ans un quintette... et puis entre au conservatoire
en jazz et musiques improvisées)
salle presque à demi vide
et un public, au deuxième balcon que j'adopte pour la musique
symphonique légèrement différent des mélomanes convaincus
habituels mais également sympathique.
Arrivée de l'orchestre,
s'accorde, entrée du chef et du pianiste, petit veston cintré,
chaussures blanches, et jeunesse charmante
presque beaucoup aimé la
pièce d'Adams, écrite après avoir entendu le concerto riverrun
de Takemitsu pour Bill Evans et
Takemitsu... presque parce que par moment le piano «liquide»
(bon c'est pas ça mais c'est le
seul mot qui me vient, pas un ruisseau ni une rivière mais quelque
chose de mouvant et humide) butte un peu sur un mur de cordes qui
l'emprisonnait plus qu'il ne le soutenait ou l'accompagnait, mais
c'est sans doute personnel et de toute façon un minuscule bémol.
Un
peu moins le Mozart, parce que, si l'orchestre le donne souvent bien
et l'interprétation du pianiste était techniquement parfaite et
sensible, pour mieux le voir je m'étais déplacée et j'étais
derrière deux (cheveux longs et minceur extrême, je les croyais
jeunes, ne l'étaient pas) femmes qui balançaient, généralement
avec la musique, pas toujours, leurs têtes avec la grâce d'un ours
dansant, et que l'agacement venu peu à peu, parasitait nettement mon
écoute.
Un
entracte café et retour de l'orchestre, s'accorde, entrée du chef
et du pianiste-compositeur en bras de chemise, et ne montrant que
légèrement et avec grâce son trac (il a 29 ans, il joue depuis
longtemps avec des groupes, et en duo, mais c'était si j'ai bien
compris sa troisième expérience avec un orchestre, et ben sûr son
premier concerto..)
Ce concerto a été
composé à plusieurs moments de l'année 2016, dans des endroits
différents du monde, à Paris, à New York, à l'île de Ré, dans
la forêt de Fontainebleau, à Montréal, au Maroc, en Tunisie, en
Autriche, en Allemagne, à l'île de la Réunion, au Mexique, à
Budapest, dans l'avion et dans le train. Au début, je pensais écrire
une pièce courte pour piano et orchestre d'environ quinze minutes et
en un seul mouvement, comme une rhapsodie (l'Orchestre de Pau Pays de
Béarn m'avait donné carte blanche - mais
c'est le nôtre qui le créait),
mais très vite c'est le rêve d'un vrai concerto pour
piano qui s'est imposé, je n'ai pas pu résister... et
vers la fin de sa présentation détaillée Le 1er
mouvement symbolise pour moi l'aventure, le 2ème l'amour et le doute
c'est là que j'ai été
complètement conquise sans penser spécialement à l'amour mais par
une plus grande alchimie entre orchestre et soliste, le
3ème le désespoir et la renaissance qui
sont en ce cas fougueux tous les deux.
Un
très bon premier essai, et mieux que cela - un certain classicisme
heureusement mâtiné de groove et de rythme, une très belle partie,
écrite et improvisée, pour le piano, mais pas que... avec tout de
même encore sans doute un léger manque de subtilité, de
complexité, dans l'utilisation des cordes (une fois encore avis
d'une petite vieille non musicienne)
applaudissements,
et en bis, deux belles et joyeuses interprétations de standards...
J'ai trouvé une vidéo
(m'a bien plu, où il explique sa façon d'envisager, de
jouer, de créer sa musique)
5 commentaires:
Mozart revisité
des têtes sans métronome
la musique sans images.
bonjour et grand merci
Grâce à vous, un écho d'Enhco... je ne vous savais pas aussi calée en jazz qu'en musique classique ou opéra !
j'aime le jazz depuis longtemps, mais suis pas calée
en écoute, souvent sans savoir qui joue quand c'est à la radio, sur les quelques disques que j'ai, ne vais pas aux concerts parce que dans mon crâne c'est pas un endroit pour solitaire, me sens pas à ma place
Très sympa la petite vidéo. Aurait plu à Jean-Jacques Rousseau cette liberté racontée en incluant une discipline entre ses 16 et 18 ans, Émile n'est pas loin.
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