l'arbre renaissant du
jardin que je longe, dessine son ombre floue sur le mur du lycée
et le printemps fait d'un
câble voyageur un pont vert au dessus de la rue
l'air était presque doux,
les vestons de sortie, la petite vieille avait ouvert son manteau.
Jour d'écoute du
programme de Mon candidat, jour de visites de jardins extraordinaires
sur Arte plus 7, de paresse
et recopie, pour toi,
Paumée, une histoire venue, ne sais trop comment, de la
contemplation d'un transi que les cosaques des frontières ont
publiée http://lescosaquesdesfrontieres.com
Claire et
Bertrand
Bertrand était
large d'épaules et de panse joviale sans excès, était de
gentillesse attentive et ne parlait guère que pour dire l'espoir ou
le contentement.
Claire l'avait
aimé, l'avait épousé jeune, s'était appuyée contre lui, avait
admiré sa fermeté silencieuse dans leurs difficultés, avait souri
avec lui - dans leur très relative médiocrité - aux petits
plaisirs de la vie.
Mais,
justement, les ans passant elle pensait médiocrité, et s'agaçait
de sa gentillesse, se navrait de le trouver si tranquillement exempt
d'ambition, contrairement à certain de leur amis.
Bertrand
supporta avec amusement quelques petites piques, s'interrogea devant
son exubérance nouvelle lors de dîners, petites fêtes, sorties en
commun, en sourit comme de quelques petits flirts naïvement,
pensait-il, affichés. Et puis se mit à douter, à douter de lui.
Il se regarda,
se scruta, chercha la mollesse dans son visage, dans son corps mur,
cette mollesse dont il n'avait pourtant jamais constaté la présence
dans les yeux des autres. Et bien sûr il lui donna raison.
Il prit des
résolutions, n'arriva à en prendre relatives à son attitude devant
la vie et les gens rencontrés, les amis, les inconnus à priori
favorables, les adversaires auxquels opposer écoute, discussion ou
fermeté sans emphase, mais il interrogea ses plaisirs, et surtout
ceux de table.
Il sacrifia peu
à peu la jouissance modérée, pour une retenue dans laquelle il
découvrit un plaisir, plaisir d'une promesse retardée, puis plaisir
du virtuel, enfin plaisir de l'abstention.
Il y mit tant
d'attention, puis y trouva tel goût, qu'il en arriva au plaisir de
la faim.
Il y trouva une
pointe d'orgueil, il s'en moqua puis y céda, et découvrit une
certaine ivresse, un sentiment de puissance, l'illusion de se
condenser.
Claire s'étonna
au début, aima lui trouver un menton autoritaire, s'inquiéta
légèrement, soigna ses menus, découvrit le fort squelette qui se
dessinait, le jugea beau, puis inquiétant, puis s'affola et sentit
qu'elle l'aimait, l'avait sans doute toujours aimé.
Et ma foi, pour
clore leur histoire, parce que je ne la connais pas, je décide que
les attentions de sa femme finirent par percer son début de folie,
qu'il la redécouvrit, et pour faire court qu'ils entreprirent de
traiter avec bénévolence cette carcasse, de lui redonner chair
heureuse, et continuèrent leur vie en belle entente, doux et sage
épicurisme et sourires à la vie, aux tiers quels qu'ils soient, et
indifférence ou fermeté devant les importants et importuns.
En partant,
non sans exagération, du transi du tombeau du Cardinal Jean de
Lagrange maintenant exposé au Petit Palais d'Avignon (autrefois à
Saint Martial)
5 commentaires:
Belle transition vers "le transi"...
L'air presque doux à l'approche imminente du printemps. Hâte.
Dominique, j'ai peur de trouver quelle est la transition (sourire)
Eric, oui... va falloir changer de garde-robe (quoique en avril ne te découvre pas d'un fil disait ma grand-mère)
Dominique plus prompt en ses mots que je l'aurai voulu...
sans pour autant rester transi devant le manque.
Métamorphose dans la continuité.
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