piano, une main sur jambe
rétive, m'en suis allée sous un ciel bleu pale, dans un léger vent
relevé de bourrasques très fraiches...
comme le fleuriste et le
coiffeur de la place Crillon ferment boutiques, ai cueilli quelques
unes des de plus en plus nombreuses boutiques abandonnées (sans
compter celles qui changent d'enseigne) rue des Marchands et rue
Carnot, sur mon chemin vers la mémoire du monde chez
la très sympathique libraire, parce que remords j'ai de la délaisser
depuis des mois, par flemme et parce que si pratique quand veux un
livre de le commander directement.
Je
voulais – et pouvais me l'offrir (pourtant pas cher, mais je suis
en période comptable!) une fuite en Egypte de
Philippe de Jonckheere, qu'elle n'avait pas, l'ai commandé, ai
tourné entre les tables, levé le nez vers les rayonnages et suis
très sagement reveni avec trois petits livres le maître
de thé d'Inoué (perdu),
Sibérie d'Olivier
Rolin et léclipse de lune de Davenport de
Jim Harrrison
suis
revenue dans le bleu qui s'entensifiait avec eux, du coulis de tomate
et du produit vaisselle, ils ont pris place dans la pile,
le
jour a coulé
et
m'en suis allée, à l'orée de la nuit, vers l'opéra et le piano de
Bertrand Chamayou pour un programme flattant mes goûts, Ravel et
Schubert
avec
du premier jeux d'eau, pavane pour une infante défunte,
sérénade groteste et Gaspard de la nuit, et
de Schubert 12 Ländër, ainsi
que, dans la transcription de Liszt Auf dem Wasser zu
singen et la Fantaisie
en ut majeur opus 15
Alors,
plaisir de la salle pleine pour une fois (pour de la musique de
chambre), plaisir de la sobriété gestuelle et expressive de
Chamayou et de sa musicalité, plaisir de l'exhubérance raffinée de
jeux d'eau, du charme de la pavane pour laquelle j'ai
un fort goût, et puis déception en m'installant qu'au lieu de la
sérénade grotesque que ne connaissais pas et surtout du beau
Gaspard de la nuit que j'avais très envie d'écouter, nous
avions une série de pièces, raffinées, souvent virtuoses (mais
Chamayou, adepte dans ce programme de la virtuosité, sait éviter le
déssèchement qu'elle amène trop souvent, la nourrir de musicalité)
sonatine, oiseaux tristes, la belle barque sur l'océan,
l'alborata des gracioso et pour finir la très brève et pleine
de silences vallée des cloches.
Entracte
avec cigare un peu frissonant contre les portes de verre, et puis le
charme dansant des 12 Landër enchaînés en leur diversité,
la vitalité, la langueur, le sourire, un peu de mélancolie,
l'élégance
avant
que Liszt, me semble-t-il, même si c'était somptueux, noie un peu
Schubert – enfin l'idée que je m'en fait, je ne connais pas le
matériau originel – dans la véhémence et la virtuosité assénée,
au point que tout en admirant je guettais le retour d'une
merveilleuse petite phrase reprise d'un lied, qui se glisse comme une
chanson calme entre des passages brillants, qui s'efface totalement
dans la longue et somptueuse cauda finale.
Pour
se remettre, le bis était un adagio de la fin de Haydn, calme,
raffiné, étonnament tendre.
Retour
vers l'antre, cigare éteint entre les doigts, le vent que provoquait
la tombée vers le Rhône m'empéchant de l'allumer.
Pour le plaisir, la pavane
8 commentaires:
Et rentrer la tête pleine de notes et attraper un bout de papier…
Depuis que Ravel était devenu un roman de Jean Echenoz, je ne cessais de penser aux deux, de manière indissociable..
Claudine, se mettre devant son écran plutôt
Dominique, je pense que nous sommes nombreux à avoir plus ou moins ce réflexe
Mettre mots sur musique relève aussi de la virtuosité, Brigitte .
Plaisir de lecture .
Lire choisir penser écouter ...tous les plaisirs du monde vais rouvrir Ravel pour le plaisir petit bijou sagement engrangé
en suis bien incapable Eric (d'ailleurs suis pas douée pour la virtuosité quelle qu'elle soit, est-ce pour cela que ne la goûte guère,quand il n'y a rien d'autre, tout en étant fascinée)
Arlette oui une perfection discrète, comme certaines musiques de son sujet
Cabas du jour encore bien chargé...
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