Lumière sur la
cour, ai pris sac de draps, m'en suis allée tout doux dans la ville
tiède, sous léger voile ou ciel granuleux
début de
l'après-midi dans la cour, dans une chaleur plus supportable, entre
lectures, soleil bu, et plaisir que me fait – n'ai que lui – la
masse blanche de l'hortensia...
et puis
regarder les bandes-annonces, les conférences de presse de Cannes,
avoir des envies, des moins envies, des agacements... des
emballements pour des films que n'irai pas voir et oublierai..
et reprendre un
texte que les cosaques des frontières ont publié
http://lescosaquesdesfrontieres.com
L'ami d'Issa
Au lycée Paul
Eluard, Issa avait des camarades et quelques amis, et puis un
inséparable, parce qu'ils venaient tous les deux de la Cité de la
Rivière blanche, parce qu'ils étaient non seulement de même âge
mais de même taille, parce que depuis leurs petites classes à la
communale ils se suivaient, se bagarraient ensemble ou l'un contre
l'autre, se consolaient, parce que les parents de Jean - c'était le
nom de l'ami - accueillaient Issa à l'heure du goûter lorsque sa
mère rentrait trop tard.
Ils étaient
aussi grands, aussi longilignes, dégingandés l'un que l'autre,
encore un peu encombrés de leurs corps, ils avaient mêmes visages
longs, à l'ovale plus adouci pour Issa, et leurs peaux étaient du
même brun, profond et chaud, un peu rougi sur les pommettes.
Mais Issa était
tout en gestes, exubérants et harmonieux à la fois, un inventeur
d'histoires, de mots et de surnoms plus ou moins cruels, dont ils se
régalaient, et Jean l'admirait, lui servait de public aussi, le
provoquait par son attente, l'assistait le cas échéant, et à deux
reprises avait endossé les conséquences désagréables des
initiatives de son camarade et maître.
En classe Issa
fusait, posait questions, faisait remarques, puis se taisait
lorsqu'il sentait que c'était trop et regardait alors les murs, la
fenêtre, cherchait idée, et la perdait, comme ne gardait trop
souvent qu'une écume de l'objet du cours. Jean, lui, souriait alors,
comme on sourit aux frasques d'un gamin, et puis se concentrait, plus
ou moins selon les matières, sur le professeur ou son livre. Et bien
entendu, quand c'était possible, servait de recours à Issa mis en
difficulté.
Il était
calme, et un peu éteint dans les groupes, Jean, fort d'une force
qu'il fallait mettre en mouvement, et tranquillement, entièrement,
dans l'admiration de son ami. Au point de reprendre, sans même sans
rendre compte le plus souvent, et parfois comme un hommage, les mots,
les tournures de phrase, le dire qui le charmait chez Issa.
Tellement qu'il
y avait gagné le surnom de «perroquet», ce qu'il acceptait en
riant, ce qui, à la longue, en grandissant, a tout de même éveillé
en lui un début d'agacement, en même temps qu'il prenait conscience
peu à peu de lui-même, qu'il sentait, sous son admiration pour Issa
et la lumière qu'il mettait dans leur vie, poindre dans son amitié
un peu de tendre pitié pour sa légèreté.
Alors de ce
surnom de perroquet s'est fait un masque, un rempart derrière lequel
se cachait pour penser, regarder le monde, attendre longuement de se
sentir capable de s'y jeter.
(en partant
d'une oeuvre de Thomas Dreyfuss)
6 commentaires:
Ite Issa est ! :-)
ouille
Très beau texte. Plaisir de le lire.
grand merci à vous
sais pas s'il est beau (crains que pas tant , sourire) mais en tout cas l'est dans un trou...
je décroche là,jour pour vaquer, boire soleil (plus faible dit-on) et lecture d'un ami
et basta pour internet
beau texte
survivons à la canicule
n'en sommes pas encore là
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