devant mes yeux brouillés
de sommeil, par la fenêtre de ma chambre, la cour humide qui évoque
une pluie récente, et un frisson de mes épaules, une pensée aussi
pour les chandails mis sous housse mardi...
douche chaude, deux
tartines de confiture pour entretenir ma graisse chaude, et le ciel
qui semble soulever légèrement ses sourcils...
m'en suis allée acheter
médicaments (sauf ce qu'avons oublié en parlant de tout et de rien
avec petit toubib... lui téléphoner mais pas urgent) et le Canard,
saluée en sortant dans la rue par l'un des trous bleus qui
s'invitait dans le brouillamini blanc (ce fut au fil des heures une
succession de lumière tamisée, ondée, amélioration)
sur le chemin du retour
une trouée de lumière sur l'explosion des lauriers..
vaquer un peu et avant de
rire avec le Canard, rire coléreux de ce que be pouvons éviter,
replier provisoirement (ne l'ai pas complètement lu hier) le dernier
numéro du Ravi mais
auparavant, comme il ne l'a pas lu et ne pourra peut-être pas se
procurer ce numéro (devrait s'abonner, sourire, suis quasiment tenue de dire
cela, ils sont toujours sur la corde raide), je
recopie la notice que j'y ai découvert avec plaisir concernant le
dernier livre de Thomas Vinau le camp des autres paru
chez Alma
Thomas Vinau,
talentueux écrivain ayant posé ses bagages à Pertuis (84), a
choisi son camp : celui de la forêt «devenue
le refuge de ceux qui se refusaient à l'homme et de tous ceux que
l'homme refusait. Elle est l'autre camp. Le camp des autres.»
Son 4ème roman met en
scène, au début du siècle dernier, la légendaire «Caravane
de Pépère» traquée par les non moins célèbres
Brigades du Tigre. Mais pour une fois il ne conte pas les exploits de
la police de Clémenceau mais imagine la rencontre d'un enfant en
fuite avec Jean-le-Blanc, contrebandier aussi marginal que savant,
puis avec la bande de Capello : déserteurs, bohémiens, voleurs et
autres graines d'anarchistes.
La longue et éclectique
dédicace, à la fin d'un récit aussi concis que flamboyant, est
éclairante. L'auteur y remercie pêle-mêle Jules Valès, Jean
Giono, Jack London, Jim Harrison, le Sergio Leone de Il
était une fois la révolution, Charles Laughton pour La
nuit du chasseur, Tony Gatlif pour Gadjo
dilo, Kusturica, Genet, Bukowski ou même l'association la
Voix des Roms... Il y a du fond, comme rarement, dans cette fiction.
Mais il y a aussi la forme ; et quelle forme ! Thomas Vinau sait à
la fois magistralement mener un récit, plus trépidant qu'un épisode
de Game of Thrones, et
faire flamber les mots.
Gageons que le Camp
des autres réchauffera tous les lecteurs.
M.G.
(le Ravi a un regard militant sur les livres ou les films)
et puis, à l'heure du
thé, comme j'avais entendu, matin, avec un petit choc, que Jean
Rouch aurait eu, ce 31 mai, cent ans, comme ont repassé en moi
l'image de ses arrivées au cinéma Garance, qui n'existe plus, au
rez-de-chaussée de Pompidou (et je me levais sans un mot pour lui
laisser la première place à gauche du premier rang, que je ne
considérais comme mienne que quand il n'était pas là, pour
m'installer au milieu), et le souvenir de toutes les fois où
j'étais, dans la salle du Musée de l'homme, petit élément de son
auditoire, auditoire intéressé et respectueux mais avec une touche
plus intime, plus sympathique que d'ordinaire devant un être de
cette envergure, j'ai sorti d'un rayon l'un des DVD que je possède,
à vrai dire en l'occurrence un coffret réunissant la plupart de ses
premiers films, je me suis fait un petit festival avec un
lion nommé l'Américain de
1972, Moi un noir de
1959, la Pyramide humaine de
1961, Jean Rouch raconte à Pierre
André Boutang et
bien sûr (enfin bien sûr, pas tant, et il y avait si longtemps que
ne l'avais pas visionné que le choc était presque intact) les
Maîtres fous de
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avant, avec la
caméra silencieuse et la possibilité des plans séquences, les
tambours d'avant / Toutou et Bitti de
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entrer dans
un film c'est plonger dans la réalité, y être à la fois présent
et invisible comme ce soir...
4 commentaires:
Bel hommage d'anniversaire !
de beaux souvenirs
Jean Rouch, ethnologue avant la lettre, la caméra au lieu de l'appareil photo et les stylos de Lévi Strauss...
Images toujours frappantes comme sur un djembé.
et un joli mélange de ton très conférencier et de simplicité
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