sous couverte mouvante et
dans la lumière frisante s'en aller couffin en main par les rues
encore très calmes
prendre de l'argent à
l'heure où les premières files de spectateurs entrent dans les
salles du Roi René
et remplir couffin (trop
déjeuné du coup) en m'amusant de voir les sièges disposés, comme
une réclame, par un vannier et rempailleur dans l'allée centrale
des halles être investis par les postérieurs plus ou moins
importants de touristes déjà fatigués
Puis m'en revenir vers
l'antre
Sortir en milieu
d'après-midi pour aller une dernière fois retrouver le jardin de la
vierge du lycée saint Joseph
pour le dernier programme
de sujets à vif avec un vrai plaisir et un plaisir évaporé (photos
Christophe Raynaud de Lage, as usual)
le vrai plaisir Bâtards
(petite forme éducative) de
Mathieu Desseigne-Ravel (devenu acrobate dans une MJC avignonnaise, a
travaillé avec Alain Platel, membre de Naïfs Productions) vrai
contorsionniste (et capable de se présenter, dans la foulée de la
mise en place des spectateurs, auxquels il a distribué les
programmes, comme un émissaire de la mairie pour affirmer la
présence de l'immobilier avignonnais dans la culture, et d'inventer
une fable édifiante sur le jardin de la vierge, en me faisant croire
à la vérité non de la fable mais de l'imposture) et Michel
Schweizer (scénographe et chorégraphe, qui se joue des
limites et des relations qu'entretiennent art, politique et économie
en portant un regard caustique sur la marchandisation de l'individu
et du langage) qui intervient
pour relativiser, et cela s'enchaîne sur une invention le fil de fer
barbelé, sur ses perfectionnements, sur les limites des territoires
sur... pendant que l'un fait subir à son corps des positions
étranges, qui peuvent être tentatives de passage ou corps
endommagé, l'autre fait part de ses recherches, mêlant la langue de
bois à sa dénonciation déguisé.. et c'est savoureux
pour
le second au joli titre l'éclosion des gorilles au coeur
d'artichaut de Jann Gallois (a
commencé la danse par le hip-hop, a fondé une compagnie, signé
deux chorégraphies, créé un duo Compact avec Rafael Smadja) et
Lazare (auteur, metteur en scène, formé à l'improvisation et au
Théâtre du fil, a fondé une compagnie Vita Nova, créé une
trilogie)
présentation
sur programme de salle
À l'extérieur, il y a
deux corps disproportionnés, deux voix dissonantes, deux univers
lointains. À l'intérieur, les sensibilités convergent : elles se
découvrent de la même taille, prêtes à foncer, à dériver, à
chavirer même, si possible. Toujours curieuses, parfois sauvages,
les âmes ondulent sur leurs jambes dans une jungle d'émotions,
entre interludes à grand bruit et luttes internes dans le silence.
Plaisir
dans la plus grande partie de ces deux corps qui se ruent l'un sur
l'autre, chutent, se raccrochent dans des positions invraisemblables,
mais curieusement dès qu'interviennent les textes et dialogues, un
peu décalés, qui pourraient être drôles et intelligents, quelque
chose ne colle pas, s'ajuste mal (et le silence du public, concentré,
perplexe ou s'absentant le marque)
un peu
l'impression d'une possibilité gâchée, et un regret
leur
salut (sont arrivés au mariage ou son idée)
et un
retour à travers les rues à temps pour arroser, tourner un peu en
rond, décider de garder l'immense chemise tente que j'aime bien
et repartir, pensant être très en avance vers le jardin de Calvet,
où l'on n'accède pour quelques soirs qu'avec billet (et en fait la
queue était presque décourageante déjà) pour les récits-concerts
de Rokia Taoré, accompagnée par Mamadyba Camara (kora) et Mamah
Diabaté (ngoni) Dream Mandé - Djata
« Après chaque
audience royale, un griot se lève et fait le récit de ce qui vient
d'être accompli pour que la décision prise s'ajoute à l'Histoire.
Son second est le dépositaire de cette parole, rendue aussi
matérielle que le cuir, le fer ou la terre. Le griot ne doit dire
que la vérité, que ce qu'il a entendu d'un autre griot. C'est aussi
à lui qu'il revient de détruire la parole pour construire une autre
parole – c'est-à-dire un autre royaume. » Rokia Traoré, au XXIe
siècle, rend hommage à l'art multiséculaire des griots d'Afrique
de l'Ouest : entourée de deux musiciens, elle raconte l'épopée de
l'empereur Soundiata Keïta dans l'Afrique du XIIIe siècle. Son
récit en français est entrelacé de scènes jouées, de récits et
de chants classiques mandingues, tels qu'ils lui ont été transmis
par des griots dont les familles ont conservé, de génération en
génération, le trésor immatériel de l'histoire d'un peuple de
tradition orale. Des prophéties annonçant la naissance miraculeuse
de l'homme qui unifiera le Mandé, jusqu'à l'établissement d'une
charte de droits par l'empereur décidant d'asseoir son règne sur le
respect et non sur la cupidité ou la violence, un étonnant récit
venu du lointain passé de l'Afrique où le continent se construisait
déjà sur la base d'énergies et de synergies propres.
J'avais, après
avoir salué en passant la petite statuette d'Ousmane Sow qui n'était
pas encore en place lors de ma visite, obtenu une chaise au premier rang sur le côté, mais comme j'étais
gênée par le pied d'un projecteur, et pas mon voisin italien à
catogan qui aurait été charmant sans son intérêt prononcé pour
son smartphone, qu'il s'obstinait à consulter et que mon regard ne
pouvais éviter avant de parvenir à la scène, me suis levée après
un échange de regard avec les jeunes responsables pour m'assoir, sur
le côté de la scène, dans un fauteuil de jardin en fonte,
juste à la distance raisonnable pour
entendre correctement le récit dit en français, les chants en mandingue, hors du regard des autres, et bénéficiant de
la vision en profil un peu lointain de Rokia Traoré en princesse
d'or sombre (photo Danny Willems) et de sa grande ombre noire, bras
fins lançant le son ou caressant l'air, sur le mur de l'orangerie
Et les
cigales déchaînées vont plutôt bien avec la kora et le ngoni...
3 commentaires:
Ce qu'elle est belle Rokia Traoré, juste en dessous de la magnifique statuette d'O. Sow
n'ai pas assez profité des africains (un spectacle à Benoit XII que je redoute, et les lectures à Mons pour lesquelles n'avis pas le temps sauf une fois
aujourd'hui : grèce ancienne vue par les italiens et un tunisien de retour dans son pays - suis mare nostrum
Vous n'avez pas vu Fiesta?
Je l'ai regardé un (petit) moment sur Arte. Rien regretté!
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