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désolée, Paumée se veut à l'abri, sauf quand un acte fait déborder le vase, des allusions à la politique ambiante.. et si je suis reconnaissante aux envies de commenter je vous demande de me pardonner de rétablir la modération

dimanche, juillet 09, 2017

Festival – jour 3 – craintes, sujets à vif, un don-abandon, un grand sommeil et le soir le plaisir de Standing in time

réveil assez tardif, préparation pleine d'appréhension, parce que déjà lasse, parce que calcul durée trajets, horaires autobus, repère d'un endroit où acheter en chemin une barquette de pâtes ou de riz à manger dans les miettes d'ombre de la Fabrica, mon désir assez mou d'assister à ce spectacle malgré le très bon bouche-à-oreille – j'ai très souvent envie aux spectacles de Py, même quand le les aime, et même si j'apprécie maintenant l'homme, de posséder et actionner une gigantesque paire de ciseaux – la clim de la Fabrica, la pire d'Avignon, surtout en partie haute quoique en général après l'avoir endurée vingt bonnes minutes on peut se glisser vers les premiers rangs où on ne la sent pas, le faible battement de temps entre retour et départ vers le spectacle très désiré le soir... mettre dans mon sac le relevé des horaires de bus - ai renoncé à faire le trajet à pied dans la chaleur - et partir avec résolution et sentiment d'irréalité, les deux premiers billets dans le sac... en jetant ordures et papiers dans les containers des remparts, goûter la presque fraîcheur de l'air (on n'a en effet pas eu plus de 35 degrés je crois) non sans petite inquiétude pour le soir...
cheminement distrait dans la tiédeur de la ville qui commençait à s'ébrouer et, pendant que le jeune gardien-responsable-chargé des sacs à la porte du Lycée Saint Joseph allait se renseigner sur l'interdiction des brumisateurs (première fois qu'on me le refuse, il semble que ce soit nouvelle consigne, il s'avère aussi qu'on peut ou que je peux négocier un non-respect) refusé un flyer et proposé en retour le billet pour la Fabrica (les quatre heures et demi selon le petit carnet du spectateur et non plus trois heures et demi prévues à l'origine et mentionnées sur le programme, des Parisiens, et je fais confiance à Py pour que cela s'allonge un peu, c'est son péché mignon) en diminuant d'un peu moins des trois quarts le prix du billet, ramené à dix euros (ceci pour tenir compte du climat actuel, pour être res-pon-sa-ble)
  • ah faudrait que j'aille à la Banque
  • bon, disons que je vous le donne, et merci... me sens libérée
retour du garçon avec son chef, tête connue et qui me connais, qui décide donc que, pour moi, bien entendu, l'interdiction ne tient pas, 
et une Brigetoun point trop réveillée mais toute joyeuse attendant que se lève le rideau permettant d'entrer s'installer dans la cour de la Vierge, au premier rang et se préparer à assister à la première des deux premiers sujets à vif de cette année.
Avec pour commencer (mon préféré)
(photos, celles-ci et la suivante, prises ce matin par Christophe Raynaud de Lage
Ezéchiel et les bruits de l'ombre (image, comme la précédente provenant du site du festival Escapando de la critica, tableau de Pere Borell del Caso – 1874)
Conception et interprétation Koffi Kwahulé et Michel Risse
Pas grave”, m'a dit Koffi. Il voulait dire : “Ce n'est pas une tragédie.” J'ai entendu : “échapper à la gravité.” Alors mettre en scène des sons, plutôt qu'écrire de la musique. Pour cette expérience singulière, accrocher des sons dans l'espace, comme on accroche des lampions, pour éclairer le silence, faire goûter la couleur des bruits qui sont déjà là, la saveur des mots qui viennent. Michel Risse
comme souvent difficile de parler de cette courte pièce, ai retenu le plaisir de la musique des deux voix appelant Ezechiel le fils de Koffi, qui se cache, de la musique avec tout, avec rien, avec ces voix, de Michel Risse, savant huluberu de lin blanc vêtu et au sourire d'enfant ravi (ah ! le batteur de cuisine joué avec un archet ) et dans une moindre mesure, mais il y a sa présence forte, par Koffi Kwahulé.. et les petits sacs de musique
un entracte pour constater que l'arbre qui nous ombrageait depuis des années a été élagué avec une rudesse résolue
et Incidence 1327
Conception et interprétation, Gaëlle Bourges et Gwendoline Robin – sonder les effets de la rencontre de Pétrarque et de Laure (tout à côté) – joli thème le Ventoux, le mistral d'où la vie, un peu plus rebelle dans le récit que croyais le savoir – il a fort bien usé des soutiens - de François devenu Françoise Pétrarque, et bien sûr in fine son amour Laure, un petit agacement pour l'air maussade, même en tenant compte de l'attention exigée par leurs manipulations, des deux femmes, pour la féminisation systématique des hommes remarquables, mais surtout l'inconfort des torrents de fumée, bien moins discrète que sur la photo, et qui nous agressaient, odeur et petite oppression, au premier rang, ai fini debout – pas seule – un peu en retrait, n'osant pourtant pas partir à cause de la Cause...
retour dans la chaleur qui montait et dans la ville qui commence à penser festival, bricoler déjeuner et un très long et lourd sommeil – nettement une année de trop, s'y faire et en sourire – avant d'arroser,
de découvrir les photos prises au Carmes hier soir par Christophe Raynaud de Lage et d'en choisir une, de rêver devant un catalogue de voyages venu je ne sais comment dans une enveloppe à mon nom, de suivre une partie des commissions sur la nouvelle loi travail, de mettre une vieille robe dans laquelle me sens bien
et de repartir, sous nuages point trop menaçants, 
vers le Lycée Saint-Joseph, mais un peu plus loin dans la rue, ma queue pour la cour – et chic une place au premier rang - et un spectacle qui, à tort ou raison, me tentait beaucoup, Standing in time (texte et mise en scène Lemi Ponifasio, musique Ria Te Uira Paki, Te Ara Vakaafi)
sur le site du festival (avec les photos de Christophe Raynaud de Lage, dont les deux suivantes)
le chorégraphe veut questionner le concept de justice et de dignité humaine.... Face à nous, il pose un plateau. Au sein de ce cadre, il convoque neuf femmes vêtues de noir. De cet ensemble quasi monacal, il pense le temps et l'espace, installe les blancs et les noirs pour qu'une relation au contemplatif advienne. La sensation prévaut sur le sens, et c'est par elle que l'homme pourra comprendre ce qui l'entoure et ce qui le constitue intrinsèquement. Si Lemi Ponifasio s'est inspiré des écrits de la poétesse syrienne Rasha Abbas, auxquels répondent au plateau les chants de lamentation écrits par ces femmes issues de communautés maories isolées, c'est plutôt pour offrir au public un accès à la pureté de la langue et à l'émotion portée par les sons qu'un accès aux significations incomplètes dictées par l'arbitraire des mots. Pas de surtitres ici mais la possibilité d'une lecture poétique voire cosmogonique du monde.
Et que dire, le hiératisme, mais avec vie, de la rangée de femmes, les échanges de chants, la splendide voix de la petite jeune en chemise (dans le sens des chemises de nuit ou de jour d'antan) blanche, le splendide corps se dénudant et le sang qui apparaît, le mélange de solennité hors temps et lieux, la lenteur, la nuit recueillie de la cour, le beau texte de Lemi Ponidasio sur le programme de salle, le corps aux jambes poilues d'homme que l'on masque d'un linge sur un catafalque que l'on pousse hors scène à la fin

saluts
et Avignon parlant circulant mangeant, buvant, musiquant, déclamant, écoutant dans la nuit chaude
le calme de mon coin et la moto qui s'entête à se garer, sur un trottoir vide, le nez contre ma porte (j'ai perdu mon obturateur, et zut)

7 commentaires:

arlette a dit…

Suis un peu perdue avec ces nouveaux spectacles innovants bravo de naviguer ainsi de choisir ou non et surtout ta motivation Bravo

jeandler a dit…

La rue comme un théâtre où l'on a impression de respirer.

Dominique Hasselmann a dit…

On retrouve bien l'atmosphère d'Avignon dans tous vos personnages saisis... hors scène.

J'aurais été curieux de voir le spectacle d'Olivier Py (mais quatre heures et demie, ça devient pire que ce que le sens commun peut endurer)...

Votre appareil photo est excellent.

Brigetoun a dit…

Arlette, moi mon goût depuis toujours va plutôt à ce théâtre du non-dit (sauf grand théâtre de texte)

Pierre : où l'on a l'impression de respirer, euh tu t'avances beaucoup là

Dominique, le coin de la rue des teinturiers, rue Bonnetterie et la place de l'horloge sont spécialement "festival" la nuit - pour Py je sais (mais vais voir des choses bien plus longues cette année) que j'au tort, toujours eu assez peu de gout pour son théâtre et puis là le programme était vraiment trop serré pour permettre de circuler autrement qu'en tension hystérique, pour se nourrir, etc... pour l'appareil photo la perte de l'obturateur est tout de même une tuile, surtout en le baladant à bout de bras comme le fais, vais voir lundi si je ne peux pas en acheter un

Anonyme a dit…

RÈGLES DE SÉCURITÉ
En application du plan Vigipirate, les objets suivants sont stritement interdits en salle : grands sacs, sacs à dos de voyage, valises, casques, armes à feu, armes blanches (même factices), tout objet tranchant : couteaux, ciseaux, toute bouteille en verre, tout contenant opaque : thermos, canette, tout aérosol et bouteille sous pression, produits toxiques ou chimiques, liquides inflammables, artifices et dérivés (pétards, feux de Bengale, fusées de détresse...).
Seuls les brumisateurs et les bouteilles d'eau transparentes de 0.5 litre sont autorisés.
Sur certains sites, un contrôle par détecteur peut être effectué

Brigetoun a dit…

c'est bien ce que je pensais et que j'ai vérifié par la suite... ne pouvais ébranler la certitude du garçon et je refuse la polémique inutile et les coups de gueule, c'est pour cela que lui ai demandé d'aller vérifier (je pense que mon vieil ami n'a pas voulu le heurter devant moi, mais il a tranché dans le bon sens.. et le soir au Lycée, mais pour la cour, aucun problème)

anne-marie soulier a dit…

Oui, votre nouvel appareil est excellent ! Merci pour ces belles photos, et tous vos comptes rendus de théâtre et de vie !