Réveil mauvais. Ai choisi
de mettre malaise sur le dos d'une indigestion de Macron et
semblable, et m'en suis allée, un peu tard mais pas tant, parce que
j'avais hésité, armant ma bouille au passage du sourire un peu
crispé de mon vieil ami de la rue Saint Agricol
aimant la tiédeur qui
s'installait, guettant la rousseur qui vient aux arbres, rejoindre
les manifestants qui s'étaient ébranlés sur un trajet reliant le
haut du cours Jean Jaurès à la Préfecture. N'ai pas pu avoir de
vue d'ensemble... l'impression que nous étions un peu moins nombreux
que la première fois (semble que les anarchistes et FO n'étaient
pas là...) mais tout de même loin d'être ridicules à notre
échelle, amicaux et calmement déterminés (la question de l'espoir
étant mise de côté).
Je pose ici le trop de
photos gardées, avec des bribes des intentions de vote (négatives
bien entendu) du PC dans la bouche de Pierre Dharéville, le 13
juillet.
«Ce n’est pas
seulement dans les relations politiques des hommes, c’est aussi
dans leurs relations économiques et sociales qu’il faut faire
entrer la liberté vraie, l’égalité, la justice. Ce n’est pas
seulement la cité, c’est l’atelier, c’est le travail, c’est
la production, c’est la propriété qu’il [faut] organiser selon
le type républicain.» Ainsi parlait Jean Jaurès, en 1903.
Est-ce là l’œuvre
que nous avons accomplie depuis quelques jours avec cette loi
d’habilitation à légiférer pour le renforcement du dialogue
social ? On eût parfois pu le croire en entendant les mots employés.
Certains ici ont défini l’entreprise comme un bien commun, mais un
bien commun qui demeurerait la propriété de son patron ou de ses
actionnaires, et dans laquelle les salariés ne pourraient peser
vraiment sur les grandes orientations stratégiques, au nom de la
liberté d’entreprendre. On ne peut trop longtemps, je crois, se
payer de mots.
Les débats auront au
moins permis – croyez-en l’habitant de la Venise provençale que
je suis – de faire tomber quelques masques. Si vos ordonnances sont
floues, votre philosophie est claire. Le renouveau que vous prétendez
incarner, vous le tirez, hélas, de la vieille soupière du
libéralisme. La balance que vous utilisez pour définir les
équilibres dont vous nous avez parlé est faussée.
Qu’allez-vous
décider dans un instant ? Ce sera, en effet, un choix : d’inverser
la hiérarchie des normes et de faire de l’entreprise le lieu où
s’élabore la norme, de préférence à l’Assemblée issue de la
souveraineté populaire ; de réduire le pouvoir des salariés dans
l’entreprise et leurs droits ; d’inventer le CDI à durée
déterminée, un nouvel appel d’air pour la précarité.
Votre projet est un
projet profondément libéral et à la portée inédite. Nous allons
devoir l’adopter à vingt et une heures ce 13 juillet. Ce n’est
pas digne, non seulement de la représentation nationale, mais aussi
des enjeux.
C’est un séisme social que vous êtes en train de
déclencher, un bouleversement radical. Le MEDEF vous en sait gré,
et Les Républicains, à ce que j’ai cru comprendre, regrettent de
ne pouvoir se l’attribuer. Tout cela est cohérent : le journal Le
Point relayait hier une enquête de l’Organisation de
coopération et de développement économiques indiquant que les 10 %
les plus riches seraient les principaux bénéficiaires de votre tour
de bonneteau fiscal.
Madame la ministre,
vous avez raison : c’est aussi cela, la vraie vie, il faut bien
l’admettre, mais pour quelques-uns seulement. Vous nous avez
reproché dans ce débat de n’être pas ouverts à la formidable
modernité du monde – comprendre : du capitalisme – et de
rechercher une lutte des classes là où la bienveillance serait si
salutaire. La modernité, mes chers collègues, je crois, c’est de
combattre la barbarie, les inégalités, les injustices qui font que,
dans ce pays, la violence sociale continue d’être une réalité
insupportable pour tant de femmes et d’hommes, qu’ils aient un
travail ou qu’ils en soient privés.
Dans son diagnostic, le
Gouvernement rend les salariés responsables du chômage et laisse
dans l’ombre le pouvoir de l’argent. Les petites entreprises, le
tissu des PME, en particulier les sous-traitantes, souffrent de cette
financiarisation maladive de l’économie. Notre planète en souffre
aussi. Une nouvelle charge contre le code du travail n’apportera
aucune solution – j’ai entendu dire tout à l’heure que le code
du travail serait responsable de la précarité, c’est assez
singulier. Vous reviendrez bientôt nous voir pour aller encore plus
loin, encore plus fort, encore plus bas.
Il existe pourtant des
possibilités d’agir. Nous en avons égrené quelques-unes ; nous
les avons mises sur la table, en vain. Qu’avons-nous obtenu dans ce
débat ? Un sursis pour les normes d’ordre public et l’augmentation
des indemnités de licenciement que nous avions demandée, ce qui est
une bien maigre consolation pour celles et ceux qui auront à en
bénéficier, sachant par ailleurs toutes les facilités à licencier
que vous avez eu à cœur d’instaurer. Nous avons proposé
d’encadrer l’échelle des salaires et les recours à la
précarité, de mettre en œuvre une véritable sécurité d’emploi
et de formation, etc.
Et
puis, comme les premiers arrivés une fois de plus s'arrêtaient en
petits groupes échelonnés et empêchaient la suite du cortège de
rejoindre, comme cela me suffisait même si carcasse s'était trouvée
revigorée par la marche en commun, suis partie sans attendre les
prises de paroles – pas seule je le crains, j'ai cru deviner dans
certains groupes attablés à des petites terrasses de cafés des
participants – et suis revenue par un Avignon que je ne connais pas
ou que par le festival off...
Pour
avoir le plaisir, en rejoignant l'antre vers midi et demi, de trouver
le gentil cadeau de publie.net avec des cartes montrant les dernières
couvertures de l'édition papier, et tout petit, tout joli, un
exemplaire d'un livre que j'aime (en édition numérique) Sanguines
de Gabriel Franck
https://www.publie.net/livre/sanguines-gabriel-franck/
Tout en marchant, elle
faisait à nouveau l'éloge de la pénombre, rappelant à quel point
elle aimait la teinte que prenaient les visages à la nuit tombante,
faits d'abord seulement d'incertitude, les traits flous et roulants
contenant et promettant la totalité des visages, invisibles
jusqu'aux derniers mètres de leur approche, et fixés seulement au
moment de les croiser ; et cette coloration donnait à chacun un air
de conspirateur.
4 commentaires:
A Montpellier FO y était.
ici ça m'a étonnée, la dernière fois ils étaient là en force... mais pas vu leur drapeau en tête... alors peut être étaient ils en queue et partis avant la préfecture comme une grosse partie à cause de l'embouteillage.. mais je ne pense pas
A vrai dire c'était un très long serpent et n'en ai vu qu'un quart à peu près
Il faudrait que vous vous mettiez dans la tête la dernière "ordonnance" (posologie ancienne formule) : "La démocratie, ce n'est pas la rue."
En ces temps d'"état de droit" à supprimer (lapsus du président de la République), les manifestations devraien logiquement être interdites et la vente et l'achat des drapeaux, aussi bariolés soient-ils et peut-être même pas "made in France", sévèrement punie.
désarmés de désarmés nous sommes... le gouvernement a tout avantage (malheureusement) à ce que nous évacuons notre rage... pas un raison pour s'en abstenir, en espérant
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