ciel morne, annonce de
pluie et cette fraicheur délicieuse du petit matin qui exagère un peu, tarde à se dégourdir, ne se dégourdit pas vraiment - une larme pour
les degrés perdus - ondées prévues suivies d'orage, décide de ne
pas sortir et de commencer tri entre très légères vêtures et
moins légers vêtements.
Pendant que mes cheveux
sèchent m'asseoir devant l'ordinateur, voir que huit contributions
http://www.tierslivre.net/spip/spip.php?article4467
ont répondu à la proposition #6 les dix-huit secondes d'Arthaud de
l'atelier de François Bon
http://www.tierslivre.net/spip/spip.php?article3676
et s'est réveillé le bonhomme dont m'étais déjà servie dans
plusieurs des textes, alors qu'il tournait un tantinet dans mon
crâne, rodant à l'arrière, faisant percée etc... depuis plusieurs
jours, lui ai ouvert un fichier ... venait un peu trop bien, ai
arrêté, pensé vêtures, suis revenue, ai retapé un peu, complété un chouya, l'ai envoyé
tout en pensant «pas assez cinématographique» mais le fallait-il
vraiment ? Et puis j'ai lu les huit contributions et j'ai été bien
entendu beaucoup moins sure de moi... ensuite suis allée préparer
déjeuner et n'ai pas fait grand chose d'utile du moins pour
l'antre... mañana
quand au texte, le fais contribuer à Paumée, et le voici
Il descend un peu trop
vite, trop lourdement du bus, le sol heurte le pied, remonte la
jambe, se diffuse. Il se sent vieux et lourd. Il ne l'a pas effleurée
dans son début de déséquilibre. Ses jambes à elle presque
difformes, la douleur que ce doit être... se sent privilégié.
D'ailleurs, lui, sa jeune femme, cette façon qu'elle a de marcher
comme une danse rapide... Ils avancent côte à côte, même
direction semble-t-il, pour un moment, son pas à elle un peu freiné
peut-être par ses mauvaises jambes – il a beau faire pense
toujours à ça, ne pas les regarder, ne pas montrer – mais c'est
confortable, il n'a pas tant de mal en fait à s'y accorder... elle a
continué de lui répondre, elle a une voix sereine - lui, son
départ, sa défection, oui, c'est cela, défection, ne lui a pas
fait tant de mal... non il n'est pas vexé, heureux, oui vraiment,
mais un peu étonné. Le soleil, entre les plages douces de l'ombre
des platanes, trop fugaces, est une caresse, un peu rude, un peu
forte, mais une caresse, est-ce pour cela qu'il a une brusque envie
de rire ? Surtout de lui, de sa vie tranquillement confortable, du
début d'ennui qu'il savoure en fait, de sa maussaderie ce matin en
regardant sa femme partir en riant vers ces plaisirs sans lui, vrai
pourtant qu'il n'aurait pas voulu la traîner avec lui vers les
tombes, ne sait ce qui lui a donné envie d'y aller ce matin rendre
visite aux parents, Dieu sait pourtant que... mais il y a les arbres
aussi, se souvient de promenades autrefois, pour eux seulement pour
eux, dans les allées. La beauté de ce visage de profil qui avance à
côté de lui, un peu affaissé tout de même, le long cou toujours
aussi fin se raccorde par un début de double menton à cette pureté
préservée.... lui devant la glace tous les matins, se tapotant,
s'examinant. Elle dit ses cinq enfants... son fils à lui doit avoir
l'âge du troisième, il ne veut pas penser à l'aîné, à qui
ressemble-t-il ?.. il devrait peut-être proposer des rencontres...
non c'est impossible bien sûr.. et pas souhaitable. Elle dit le mari
algérien, ancien ouvrier, elle a une tendresse dans la voix... oui
ses parents avaient raison finalement, elle avait en elle cette
tentation d'abaissement... il sursaute, il n'écoute plus, d'où lui
vient cette idée ?.. influençable, sottement influençable il en
grimace – et ces sales idées qui courent en ce moment, contre
lesquelles il fulmine, pas très loin de ce qu'il entendait avant,
dans un monde d'avant son avant, finalement -, une demi-seconde pour
se mépriser, un peu moins de temps pour oublier... les jambes des
gamines devant, et ce short sur une croupe trop abondante, il sourit,
elle a suivi son regard, elle sourit... c'est vrai elle était drôle,
mordante un peu, l'est peut-être toujours qu'est-ce qu'il en sait...
elle se moque peut-être de lui, là, en ce moment, il espère, il
croit, que c'est avec gentillesse, peut-être un peu
d'attendrissement. Elle, elle l'attendrit, ou est-ce le souvenir
d'eux, de leur jeunesse, leur intransigeance et leurs joies, son
humour et son entêtement ?.. Elle dit je tourne, et le fait en même
temps, si vite sur ses mauvaises jambes - la gênent pas ou elle n'en
tient pas compte – que la voix semble déjà moins présente. Il
salue, l'oublier et ...
8 commentaires:
me relisant ce matin... comment dire ?
…rédiger la suite, personnages attachants
....Beau texte melancoliquement lucide
Itou pour les rangements
Regards croisés, un peu de mansuétude, sinon point de chemin.
Beau texte qui en quelques lignes arrive à contenir une vie, pas toute la vie mais presque.
merci... pas publié sur tiers livre (François Bon trop occupé, plus que compréhensible) le trouve elliptique à l"excès et maladroit ce matin .... aurais dû laisser reposer jusqu'à l'oeil propre ... et fait un four
c'est un atelier... donc il faut remettre cent fois sur le métier... (mais pas "sans cesse" !)...
Dominique
pour les précédents certains ont envoyé deux ou trois contributions... j'admire
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