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désolée, Paumée se veut à l'abri, sauf quand un acte fait déborder le vase, des allusions à la politique ambiante.. et si je suis reconnaissante aux envies de commenter je vous demande de me pardonner de rétablir la modération

lundi, octobre 02, 2017

Longue hésitation gourmande

gris qui se mue en voile posé sur le bleu du jour, fraîcheur du petit matin recélant une promesse de dégourdissement et deuxième jour des vernissages des expositions du Parcours de l'art... mais une Brigetoun en mode petit animal sauvage... je reste dans l'antre, lavage de cheveux, balayage à fond (je suis sans aspirateur pour une dizaine de jours... commandé, trop compliqué d'aller jusqu'à un des bidules commerciaux cernant la ville et de charrier le truc à pied et en bus) balayage à fond donc avec vieux balais au manche télescopique se réduisant inexorablement (ma guerre éternelle avec les objets) rires, mal de rein, continuer, autres activités, déjeuner parce qu'il le faut, trouver ma tambouille plutôt bonne
mains massant le bas de mon dos, regarder en sortant de longue sieste, la lumière restituée, hésiter, rentrer dans l'antre, et écoutant France Musique, prendre la pile des livres en attente (vais en rester là pour un long bout de temps, lis lentement, et surtout le soir pour les livres papier... m'éparpille trop) pour les respirer, en sélectionner un pour la nuit, et puis en feuilletant rapidement choisir (ça va être longuet et hétéroclite) quelques lignes de la page 75 de chacun
Black Village de Lutz Bassmann chez Verdier (ai manqué plusieurs de ses livres)
Bata Gavadjiyev à l'appareil, articula sobrement Gavadjiyev. Il n'y a plus personne au numéro que vous cherchez à joindre. Il n'y a plus personne nulle part. C'est une erreur.
Nous arrivons, dit la voix.
Et sans rapport sans doute, remonte à ma mémoire une des pires plaisanteries qui couraient il y a des années celle du il n'y a plus de Gabonais... (honte à moi)
Dieu et l'état de Bakounine traduit par Joël Gayraud chez Mlle et une nuits
Les individus sont insaisissables pour la pensée, pour la réflexion, même pour la parole humaine, qui n'est capable d'exprimer que des abstractions ; insaisissables dans le présent aussi bien que dans le passé. Donc la science sociale elle-même, la science de l'avenir, continuera forcément de les ignorer. Tout ce que nous avons le droit d'exiger d'elle, c'est qu'elle nous indique, d'une main ferme et fidèle, les causes générales des souffrances individuelles...
des châteaux qui brûlent d'Arno Bertina chez Verticales
.. Qu'est-ce qui va se passer pour ta colère si tu finis par le trouver sympa ? Un mec sympa et hop c'est tout le système qu'est de nouveau sympa ? Il t'invite dans les bons restos et hop tu prends du bide ? On doit être forts ; on sait que c'est pas le plus coupable ce mec, et c'est ce qu'il représente qu'on va juger. Si on juge la personne on ne sera pas crédibles parce qu'il est innocent, on le sait. On va juger un innocent, ça va terrifier tout le monde et tout notre boulot ce sera de prouver qu'en fait il ne l'est pas, qu'en profondeur il ne l'est pas et qu'en le jugeant, nous, on sort de la culpabilité.
Bon faut que je sois nettement plus brève à l'avenir, que je ne me laisse pas emporter parce qu'on n'en sortira pas.
Made in China de JeanPhilippe Toussaint aux Editions de Minuit
Je voudrais, quand j'écris, que mon cerveau soit une pièce étanche, hermétiquement fermée, coupée du monde, mais je sais qu'au plafond de cette pièce, parfois, le revêtement se lézarde, l'humidité s'accumule et la peinture gonfle – et soudain, au beau milieu d'une phrase, je reçois une goutte sur le nez.
Le grand amour de la pieuvre de Marie Berne chez l'Arbre vengeur
Je suis toujours revenue vers lui, il es toujours revenu vers moi. L'ancre de notre passion s'installant dans les échos de cette fugue à deux voix, dans les réminiscences de l'océan et les tortures qu'il prépare rien que pour moi. Jusqu'à ce que tout cela finisse dans huit jours.
Dans la forêt de Hokkaïdo d'Eric Pessan à l'Ecole des loisirs
Je tourne les pages, j'y lis des confessions de l'enfant que je ne suis plus, des disputes avec des filles dont le visage s'est estompé de ma mémoire, une feuille ramassée en Andalousie pendant les grandes vacances, des choses futiles qui m'ont semblé essentielles quand j'ai eu besoin de les écrire. C'est un miracle que je n'ai jamais jeté ce carnet au papier recyclé.
Herbert West réanimateur de Lovecraft traduit par François Bon chez tiers.livre éditeur (mais là ça ne devrait pas compter, parce qu'en fait mon doigt a fourché, désigné titre voisin du désiré, et celui-ci, que j'ai reçu, je l'avais déjà)
Alors, la chose sans tête rejeta ses bras dans un geste qui était sans équivoque une marque de désespoir – un désespoir intelligent -, qui suffisait à lui seul à prouver la théorie d'Herbert West.
Défense de Prosper Brouillon d'Eric Chevillard aux Editions Noir sur Blanc (là il a fallu que je compte les pages, admirant au passage les savoureuses et belles illustrations de Jean-François Martin
Mais si cet extrait n'est pas accompagné tout du long par le rire du lecteur, c'est que celui-ci n'a pas encore compris qu'écrire avec le pied et tricoter une chaussette les yeux fermés, c'est pareil : une démonstration de virtuosité non moins hilarante que stupéfiante.
Soir Nuit de Michèle Dujardin chez Abadôn Editions
Forme d'eau sur le tard, dans les bras, maternelle échappée vers les plis, les îles, conque ajourée de chants à fonction de berceau : même fleuve étendait les madras, les langes, sur les berges où l'hiver j'avais mes quartiers. Et toujours ce déjà vu, ce déjà rêvé dans les pas de danse où la nuit m'apparaissait...
Lettres à la N.R.F. de Céline chez folio-Gallimard
Ah très bien reçu le Journal du Voleur... mais foutre j'ouvre une page et voilà «on le chuchote la nuit à l'oreille, d'une voix rauque...» Ce n'est rien encore mais «outre ses teintes par sa rugosité, l'étoffe évoque...» merde je crève. Me voilà knock out !..
et voilà que moi, Brigetoun, je vois la longueur de mon billet, et ne veux pas assommer d'avantage les têtus malheureux qui me suivront, alors pour les sept livres restant dans la pile les réserve à demain et aux kamikazes qui reviendront jeter un oeil sur Paumée.


5 commentaires:

Claudine a dit…

Visite à la Librairie Paumée Gourmande avant le café

arlette a dit…

J'adore ce jeu des phrases au hasard ..on entre ou non
Tu m'en avais donné le goût

jeandler a dit…

Une copieuse livraison
du pain sur la table
provision de notes à venir.
Bonnes lectures.

Dominique Hasselmann a dit…

Retrouver aussi les livres de Philippe Rahmy, béton si fragile...

Brigetoun a dit…

oh que oui, mais je n'ai pas le dernier... à rajouter quand la pile diminuera un peu - en attendant il y a remue net, le texte chez publie.net et Béton armé