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désolée, Paumée se veut à l'abri, sauf quand un acte fait déborder le vase, des allusions à la politique ambiante.. et si je suis reconnaissante aux envies de commenter je vous demande de me pardonner de rétablir la modération

dimanche, décembre 03, 2017

à l'abri dans l'antre avec nos frères divergents

Le bleu s'en était allé, le vent nous chantait suis là par foucades et la température, comme annoncé, n'est pas arrivée à dépasser 4°, ce qui pour une Brigetoun amoureuse des 30° minimum était nettement insuffisant.
Calfeutrée timidement j'en ai profité pour, comme l'idée m'en était venue en marchant dans la nuit après avoir assisté à Nannetolicus Meccanicus Saint https://www.youtube.com/watch?v=cbQIp2z4kBo&feature=youtu.be, chercher dans mes rayonnages les deux livres auxquels je songeais, et me plonger dedans
Le premier trouvé, parce que bien sûr je savais vers quelle place le trouver en suivant l'ordre alphabétique, c'était l'un des deux beaux livres de Maryse Hache (texte) et Tina Kazakhishvili (photos) publiés par publie.net, Asile https://www.publie.net/livre/asile-maryse-hache-et-tina-kazakhishvili/,
avec, avant les magnifiques photos, la préface de Christine Jeanney
Le noir & blanc renforce les expressions et l'intensité des regards élude les détails parasites. Ne restent que les bras, les visages, les postures et ce qu'ils semblent articuler, discours solitaires et fragiles. Maryse Hache se fait porteuse de paroles et réverbération...
et puis les six pages du texte montage comme au cinéma de Maryse Hache
obstinément vivre mouvements dans une présence grâce et misère embrassée désossée elle sourit il s'attache on les lie rassemblés c'est l'heure de quoi là sur la tête c'est trop froid dans le grand couloir ils promènent si je lève assez haut le col de mon pull ils verront bien que je les appelle par la fenêtre je vois les yeux des oiseaux dans le dortoir de l'asile pour nous ils ont couché des lits j'aime bien la fumée ça rêve mais y'a les grands fourneaux de la mort à s'en moquer bouche ouverte accroché au lit tu vois mon dos tu vois mon bras qu'est-ce que tu cherches obstinément vivre attendre enfoncer son regard dans les yeux troués du temps...
et puis, après longues hésitations, en glissant sur mon derrière de casier en casier, en me levant, accroupissant, parce que je me souvenais d'un dos de couverture sombre et du contenu mais ni du titre ni des noms, j'entends des voix retranscriptions de la parole de patients (ou grands inquiets comme l'écrit Jacques Josse) par Marco Ercolani et Lucetta Frisa, dans la traduction de Sylvie Durbec, découvert via remue.net http://remue.net/spip.php?article4583 et surtout, ensuite, lors d'une lecture à la mémoire du monde https://brigetoun.blogspot.fr/2012/02/lectures.html (mes photos sont abominables!)
et la diversité des voix, plus ou moins échevelées, délirantes ou simplement discrètement distordues
celle de Bruno X
Le monde réel ? Comme tous les fous, je le comprends trop bien. Je suis trop attentif. Le monde est fait avec de la merde et moi je suis un crétin qui surnage. Je fréuente tous les jours le Bureau Complication des Choses Simples. Je contemple le caillou qu j'ai jeté dans l'étang et observe les ondes se rapportant à mon âme : il y a onze lettres exactement et je me désole de ne pas savoir lire la douzième. Pourtant je suis content, docteur : se je n'avais pas appris à lire à trois ans, je n'aurais jamais eu la chance de les déchiffrer, même partiellement. D'ailleurs, docteur, vous allez m'apprendre : il faut faire avec le langage ce que Freud a fait avec les rêves. Les radiographier.
Un peu au hasard, et le copiant je doutais de mon choix, il y en a tant, ceux qui se contrôlent et dérapent, les douloureux, ceux qui crient ou murmurent brièvement leur peine, les véhéments, les orduriers, les malins
et puis, au hasard encore, la longue tirade de Tomaso G.
Bien sûr que c'est moi qui l'ai fait, le Grand Cube, au centre du Port Antique. Moi, moi. Il est fracassant, mais il n'est pas encore comme je voudrais. Tout en carton aiguisé, coupant comme des épines : ma spécialité. Je suis le Baron de Gênes, moi, vous savez ? J'aime travailler avec la lame d'un petit couteau. La nuit je rêve de découper des mannequins en lanière, l'un après l'autre. Vous l'avez vu ma Jeanne d'Arc au bûcher ? Elle plaît beaucoup cette silhouette noire, sèche, brûlée. On dit qu'elle est diabolique, que j'ai capturé sur le carton à dessin les flammes noires de l'enfer, oui, je les ai dessinées une à une comme autant de petites lanières. Quand je travaille avec mon petit couteau je me sens bien….
Et puis j'ai cherché des échos de ce qui s'était dit au Mans pour la mise en place de l'ex Mouvement du 1er juillet 2017 (et non 1917 comme l'écrivait petite vieille)... avant d'écouter la Belle Hélène avec Félicity Lott parce que, ma foi, ça faisait confortablement du bien à mon humeur.

5 commentaires:

Dominique Hasselmann a dit…

(Benoît Hamon aurait fait sa révolution russe... ?)

Maryse Hache nous manque.

Brigetoun a dit…

Hamon tente d'amorcer une renaissance de la gauche (ou d'une partie)
Maryse nous manque, oui

Arlette A a dit…

Classement par ordre alphabétique ...bravo n'y arrive pas vraiment
J'adore ce fou ...qui fréquente le bureau complication des choses simples
Merci à toi

jeandler a dit…

Pas de meilleur asile qu'un livre encore faut-il savoir lire.

Godart a dit…

Heureusement que vous aviez effectué des provisions culturelles dans l'antre en prévision de l'hiver.