Le bleu s'en était allé,
le vent nous chantait suis là par foucades et la température, comme
annoncé, n'est pas arrivée à dépasser 4°, ce qui pour une
Brigetoun amoureuse des 30° minimum était nettement insuffisant.
Calfeutrée timidement
j'en ai profité pour, comme l'idée m'en était venue en marchant
dans la nuit après avoir assisté à Nannetolicus Meccanicus
Saint https://www.youtube.com/watch?v=cbQIp2z4kBo&feature=youtu.be,
chercher dans mes rayonnages les deux livres auxquels je songeais, et
me plonger dedans
Le
premier trouvé, parce que bien sûr je savais vers quelle place le
trouver en suivant l'ordre alphabétique, c'était l'un des deux
beaux livres de Maryse Hache (texte) et Tina Kazakhishvili (photos)
publiés par publie.net, Asile
https://www.publie.net/livre/asile-maryse-hache-et-tina-kazakhishvili/,
avec,
avant les magnifiques photos, la préface de Christine Jeanney
… Le noir & blanc
renforce les expressions et l'intensité des regards élude les
détails parasites. Ne restent que les bras, les visages, les
postures et ce qu'ils semblent articuler, discours solitaires et
fragiles. Maryse Hache se fait porteuse de paroles et
réverbération...
et
puis les six pages du texte montage comme au cinéma de Maryse
Hache
obstinément vivre
mouvements dans une présence grâce et misère embrassée désossée
elle sourit il s'attache on les lie rassemblés c'est l'heure de quoi
là sur la tête c'est trop froid dans le grand couloir ils promènent
si je lève assez haut le col de mon pull ils verront bien que je les
appelle par la fenêtre je vois les yeux des oiseaux dans le dortoir
de l'asile pour nous ils ont couché des lits j'aime bien la fumée
ça rêve mais y'a les grands fourneaux de la mort à s'en moquer
bouche ouverte accroché au lit tu vois mon dos tu vois mon bras
qu'est-ce que tu cherches obstinément vivre attendre enfoncer son
regard dans les yeux troués du temps...
et
puis, après longues hésitations, en glissant sur mon derrière de
casier en casier, en me levant, accroupissant, parce que je me
souvenais d'un dos de couverture sombre et du contenu mais ni du
titre ni des noms, j'entends des voix retranscriptions de la
parole de patients (ou grands inquiets comme l'écrit Jacques Josse)
par Marco Ercolani et Lucetta Frisa, dans la traduction de Sylvie
Durbec, découvert via remue.net
http://remue.net/spip.php?article4583
et surtout, ensuite, lors d'une lecture à la mémoire du monde
https://brigetoun.blogspot.fr/2012/02/lectures.html
(mes photos sont abominables!)
et la
diversité des voix, plus ou moins échevelées, délirantes ou
simplement discrètement distordues
celle
de Bruno X
Le monde réel ? Comme
tous les fous, je le comprends trop bien. Je suis trop attentif. Le
monde est fait avec de la merde et moi je suis un crétin qui
surnage. Je fréuente tous les jours le Bureau Complication des
Choses Simples. Je contemple le caillou qu j'ai jeté dans l'étang
et observe les ondes se rapportant à mon âme : il y a onze lettres
exactement et je me désole de ne pas savoir lire la douzième.
Pourtant je suis content, docteur : se je n'avais pas appris à lire
à trois ans, je n'aurais jamais eu la chance de les déchiffrer,
même partiellement. D'ailleurs, docteur, vous allez m'apprendre : il
faut faire avec le langage ce que Freud a fait avec les rêves. Les
radiographier.
Un
peu au hasard, et le copiant je doutais de mon choix, il y en a tant,
ceux qui se contrôlent et dérapent, les douloureux, ceux qui crient
ou murmurent brièvement leur peine, les véhéments, les orduriers,
les malins
et
puis, au hasard encore, la longue tirade de Tomaso G.
Bien sûr que c'est moi
qui l'ai fait, le Grand Cube, au centre du Port Antique. Moi, moi. Il
est fracassant, mais il n'est pas encore comme je voudrais. Tout en
carton aiguisé, coupant comme des épines : ma spécialité. Je suis
le Baron de Gênes, moi, vous savez ? J'aime travailler avec la lame
d'un petit couteau. La nuit je rêve de découper des mannequins en
lanière, l'un après l'autre. Vous l'avez vu ma Jeanne d'Arc au
bûcher ? Elle plaît beaucoup cette silhouette noire, sèche,
brûlée. On dit qu'elle est diabolique, que j'ai capturé sur le
carton à dessin les flammes noires de l'enfer, oui, je les ai
dessinées une à une comme autant de petites lanières. Quand je
travaille avec mon petit couteau je me sens bien….
Et
puis j'ai cherché des échos de ce qui s'était dit au Mans pour la
mise en place de l'ex Mouvement du 1er juillet 2017 (et non 1917 comme l'écrivait petite vieille)... avant
d'écouter la Belle Hélène avec Félicity Lott parce que, ma foi,
ça faisait confortablement du bien à mon humeur.
5 commentaires:
(Benoît Hamon aurait fait sa révolution russe... ?)
Maryse Hache nous manque.
Hamon tente d'amorcer une renaissance de la gauche (ou d'une partie)
Maryse nous manque, oui
Classement par ordre alphabétique ...bravo n'y arrive pas vraiment
J'adore ce fou ...qui fréquente le bureau complication des choses simples
Merci à toi
Pas de meilleur asile qu'un livre encore faut-il savoir lire.
Heureusement que vous aviez effectué des provisions culturelles dans l'antre en prévision de l'hiver.
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