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désolée, Paumée se veut à l'abri, sauf quand un acte fait déborder le vase, des allusions à la politique ambiante.. et si je suis reconnaissante aux envies de commenter je vous demande de me pardonner de rétablir la modération

mercredi, décembre 27, 2017

Ciel variable et souvenirs de cinémas

un cadeau du 24 décembre : la carte bleu attendue pour la fin de cette semaine, est arrivée en avance
un gag du 24 décembre : la nouvelle carte bleue conserve, par prudence dit la banque, le même code secret, et pour la même raison il n'est pas répété dans le courrier d'envoi – étant donné que c'est l'effacement brusque et total de ma mémoire de ce code, et la mise à la poubelle anticipée du petit almanach de sac de 2017 pour me débarrasser de cette année, en oubliant qu'il y était inscrit... cela me posait un petit problème.
M'en suis donc allée poser ledit problème à la succursale locale de bon matin.
Les carreaux de la cour étaient trempés, et l'humidité soigneusement renouvelé. Les dalles du trottoir étaient trempés et un pigeon suicidaire ou victime y gisait..
Mais lorsque je suis sortie, avec la promesse d'un courrier salvateur pour les premiers jours de 2018, la couverture s'était déchirée, et de grandes surfaces bleues jouaient entre les nuages blancs….
Et comme le 25, dans le calme de l'après-midi, j'avais tenté de cerner les trois premiers souvenirs qui m'étaient venus en lisant la proposition de François Bon pour le #2 de l'atelier d'hiver (qui m'avait amenée à relire, ce que n'avais point fait depuis trop longtemps) W de Pérec http://www.tierslivre.net/spip/spip.php?article4526 puis à les mettre en mots (où le je apparaît sans doute un peu trop...) et à l'envoyer (c'était ce matin la 29ème propositions... et j'avais lu les 25 premières avec plaisir et souvent admiration – et suis ravie de succéder au 28 et à son auteur) http://www.tierslivre.net/spip/spip.php?article4527 je les pose ici
Le Royal à Toulon - 1954
C'était un cinéma à l'architecture de cinéma, de cinéma d'antan, héritée des années 1930, au dessus de la grande poste de Toulon, avec son nom en lettres lumineuses de plusieurs couleurs. C'était des vacances de Pâques ou de Noël et ma grand-mère nous faisant ce cadeau fabuleux, à nous les quatre du petit peuple, une séance de cinéma... il s'agissait de la version hollywoodienne de Vingt-mille lieux sous les mers, qui venait de sortir... me souviens de la file d'attente qui avait du mal à ne pas se gonfler, se déformer, au rythme de l'excitation des enfants, que les adultes tentaient ou non de calmer et, de mon plaisir rendu plus aigu par la nécessité de conserver la réserve grand-maternelle, et de montrer l'exemple.

un village, années 50
Ma mémoire me présente plusieurs noms de villages, Publier, Chambon-sur-Lac ou Féternes, me souviens simplement que c'était pendant ces mois de vacances d'été où mes grands parents recevaient leurs petits enfants, soumis toute l'année à l'air de la région parisienne ou à la chaleur anémiante de la Méditerranée, pour qu'ils respirent l'air de la campagne et de préférence d'une moyenne montagne... c'était une année où je n'étais qu'en pré-adolescence, avant les étés de bouderie dans l'attente de septembre, des amis et de la mer... c'était en des temps où, plus encore que maintenant, campagne signifiait odeur de bouse, et absence de distraction, mais, je ne sais si c'était une initiative du maire ou du curé, il y avait eu cette merveille – la télévision très rare en ces temps n'était pas encore arrivée dans les villages, ni chez nous d'ailleurs - pour que cela fasse bruire toutes les maisons dans l'excitation de ce jour – un camion, un écran, des bancs... sur un espace libre près de l'église ou de l'école – en fait ce qui importe dans mon souvenir ce sont les bancs, la toile qui fasseyait très légèrement, un chien, les bouses fraiches des vaches qui venaient de regagner les étables, et toutes les maisons libérant des groupes d'enfants – et parents – mains lavées et bien repeignés, les commentaires des gars et les chuttt. C'était un des premiers films que je voyais, et si je me souviens que mon père était venu passer quelques jours avec nous c'est parce que c'était un film de guerre maritime - la mer cruelle je crois mais je dois me tromper, il aurait été trop récent - (et j'avais ri à quelques répliques et tremblé délicieusement devant les péripéties et la beauté des lames en furie) et qu'en marchant dans la nuit vers la grille de la maison – finalement je pense que c'était à Publier... à force de brasser, agacée, des bribes de souvenirs – en l'écoutant critiquer et ridiculiser la tempête représentée, j'avais, pour la première fois, pensé qu'il n'avait pas raison, puisque le cinéma c'était pas «pour de vrai», et que c'était bien ainsi... et que je m'étais sentie adulte, enfin presque, et navrée que ce soit justement à propos de lui.

Le cinéma d'art et d'essai – Toulon – 1955
C'était un petit cinéma qui n'existe plus, boulevard de Strasbourg, une de ces salles étroites qui ne passaient que des films non familiaux, plus ou moins étiquetés alors d'art et d'essai, en fait ce jour là c'était tout de même un film à succès, très désiré, au moins par nous, adolescents, puisque je l'étais enfin, assez pour qu'en récompense de je ne sais plus quoi, j'y assiste, escortée par mon père – premier film choisi par moi et seule, sans les plus jeunes. C'était une attente impatiente, dans la crainte de ne pouvoir entrer, dos bien droit et souffle retenu, avec des coups d'oeil à la recherche d'une tête connue. Et puis il y a eu, longeant notre file, les spectateurs qui sortaient et cet ami, accompagné d'un garçon indifférent et d'une fille un peu plus âgée, qui s'est arrêté pour dissuader mon père de s'infliger ce spectacle – j'ai eu si peur qu'il soit écouté et obéi, été envahie d'une telle bouffée de colère méprisante envers les adultes, que je ne me souviens plus de qui il s'agissait... Ce film que nous désirions tous voir, c'était à l'est d'Eden, et bien entendu j'ai vibré et un peu pleuré (je me refuse à le revoir)... mon père lui était gentiment résigné, il me semble – ne m'en a rien dit.

PS M'en vais regarder mon nombril, puis le ciel, puis mon nombril et puis des visages amis et néanmoins familiaux, ou le contraire,-- vous donne rendez-vous, si le voulez et si ça me reprend en 2018.

5 commentaires:

Claudine a dit…

Oh les beaux souvenirs de cinémas ! Ils éveillent tout de suite tant d'échos... juste avant le café des vacances

Brigetoun a dit…

moi viens de décider que j'allais en prendre des vacances jusqu'en janvier je pense

arlette a dit…

Écho écho dans tes souvenirs des lieux mais pas toujours des situations Bravo Bel exercice ..admiration ne tevade pas trop longtemps
tu viens â Toulon dun coup d'aile ou sur un ange

Brigetoun a dit…

là ce sont des toulonnais qui passent me prendre en charge demain

Godart a dit…

Simplicité du texte écrit, d'où plaisir de lire. Ne serait-ce que pour le verbe "fasseyer".