un cadeau du 24 décembre
: la carte bleu attendue pour la fin de cette semaine, est arrivée
en avance
un gag du 24 décembre :
la nouvelle carte bleue conserve, par prudence dit la banque, le même
code secret, et pour la même raison il n'est pas répété dans le
courrier d'envoi – étant donné que c'est l'effacement brusque et
total de ma mémoire de ce code, et la mise à la poubelle anticipée
du petit almanach de sac de 2017 pour me débarrasser de cette année,
en oubliant qu'il y était inscrit... cela me posait un petit
problème.
M'en suis donc allée
poser ledit problème à la succursale locale de bon matin.
Les carreaux de la cour
étaient trempés, et l'humidité soigneusement renouvelé. Les
dalles du trottoir étaient trempés et un pigeon suicidaire ou
victime y gisait..
Mais lorsque je suis
sortie, avec la promesse d'un courrier salvateur pour les premiers
jours de 2018, la couverture s'était déchirée, et de grandes
surfaces bleues jouaient entre les nuages blancs….
Et comme le 25, dans le
calme de l'après-midi, j'avais tenté de cerner les trois premiers
souvenirs qui m'étaient venus en lisant la proposition de François
Bon pour le #2 de l'atelier d'hiver (qui m'avait amenée à relire,
ce que n'avais point fait depuis trop longtemps) W de
Pérec http://www.tierslivre.net/spip/spip.php?article4526
puis à les mettre en mots (où le je apparaît sans doute un peu
trop...) et à l'envoyer (c'était ce matin la 29ème propositions...
et j'avais lu les 25 premières avec plaisir et souvent admiration –
et suis ravie de succéder au 28 et à son auteur)
http://www.tierslivre.net/spip/spip.php?article4527
je les pose ici
Le Royal à Toulon -
1954
C'était un cinéma à
l'architecture de cinéma, de cinéma d'antan, héritée des années
1930, au dessus de la grande poste de Toulon, avec son nom en lettres
lumineuses de plusieurs couleurs. C'était des vacances de Pâques ou
de Noël et ma grand-mère nous faisant ce cadeau fabuleux, à nous
les quatre du petit peuple, une séance de cinéma... il s'agissait
de la version hollywoodienne de Vingt-mille lieux sous les mers,
qui venait de sortir... me souviens de la file d'attente qui avait du
mal à ne pas se gonfler, se déformer, au rythme de l'excitation des
enfants, que les adultes tentaient ou non de calmer et, de mon
plaisir rendu plus aigu par la nécessité de conserver la réserve
grand-maternelle, et de montrer l'exemple.
un village, années 50
Ma mémoire me présente
plusieurs noms de villages, Publier, Chambon-sur-Lac ou Féternes, me
souviens simplement que c'était pendant ces mois de vacances d'été
où mes grands parents recevaient leurs petits enfants, soumis toute
l'année à l'air de la région parisienne ou à la chaleur anémiante
de la Méditerranée, pour qu'ils respirent l'air de la campagne et
de préférence d'une moyenne montagne... c'était une année où je
n'étais qu'en pré-adolescence, avant les étés de bouderie dans
l'attente de septembre, des amis et de la mer... c'était en des
temps où, plus encore que maintenant, campagne signifiait odeur de
bouse, et absence de distraction, mais, je ne sais si c'était une
initiative du maire ou du curé, il y avait eu cette merveille – la
télévision très rare en ces temps n'était pas encore arrivée
dans les villages, ni chez nous d'ailleurs - pour que cela fasse
bruire toutes les maisons dans l'excitation de ce jour – un camion,
un écran, des bancs... sur un espace libre près de l'église ou de
l'école – en fait ce qui importe dans mon souvenir ce sont les
bancs, la toile qui fasseyait très légèrement, un chien, les
bouses fraiches des vaches qui venaient de regagner les étables, et
toutes les maisons libérant des groupes d'enfants – et parents –
mains lavées et bien repeignés, les commentaires des gars et les
chuttt. C'était un des premiers films que je voyais, et si je me
souviens que mon père était venu passer quelques jours avec nous
c'est parce que c'était un film de guerre maritime - la mer
cruelle je crois mais je dois me
tromper, il aurait été trop récent - (et j'avais ri à
quelques répliques et tremblé délicieusement devant les péripéties
et la beauté des lames en furie) et qu'en marchant dans la nuit vers
la grille de la maison – finalement je pense que c'était à
Publier... à force de brasser, agacée, des bribes de souvenirs –
en l'écoutant critiquer et ridiculiser la tempête représentée,
j'avais, pour la première fois, pensé qu'il n'avait pas raison,
puisque le cinéma c'était pas «pour de vrai», et que c'était
bien ainsi... et que je m'étais sentie adulte, enfin presque, et
navrée que ce soit justement à propos de lui.
Le cinéma d'art et
d'essai – Toulon – 1955
C'était un petit cinéma
qui n'existe plus, boulevard de Strasbourg, une de ces salles
étroites qui ne passaient que des films non familiaux, plus ou moins
étiquetés alors d'art et d'essai, en fait ce jour là c'était tout
de même un film à succès, très désiré, au moins par nous,
adolescents, puisque je l'étais enfin, assez pour qu'en récompense
de je ne sais plus quoi, j'y assiste, escortée par mon père –
premier film choisi par moi et seule, sans les plus jeunes. C'était
une attente impatiente, dans la crainte de ne pouvoir entrer, dos
bien droit et souffle retenu, avec des coups d'oeil à la recherche
d'une tête connue. Et puis il y a eu, longeant notre file, les
spectateurs qui sortaient et cet ami, accompagné d'un garçon
indifférent et d'une fille un peu plus âgée, qui s'est arrêté
pour dissuader mon père de s'infliger ce spectacle – j'ai eu si
peur qu'il soit écouté et obéi, été envahie d'une telle bouffée
de colère méprisante envers les adultes, que je ne me souviens plus
de qui il s'agissait... Ce film que nous désirions tous voir,
c'était à l'est d'Eden, et bien entendu j'ai vibré et un
peu pleuré (je me refuse à le revoir)... mon père lui était
gentiment résigné, il me semble – ne m'en a rien dit.
PS M'en vais regarder mon nombril, puis le ciel, puis mon nombril et puis des visages amis et néanmoins familiaux, ou le contraire,-- vous donne rendez-vous, si le voulez et si ça me reprend en 2018.
PS M'en vais regarder mon nombril, puis le ciel, puis mon nombril et puis des visages amis et néanmoins familiaux, ou le contraire,-- vous donne rendez-vous, si le voulez et si ça me reprend en 2018.
5 commentaires:
Oh les beaux souvenirs de cinémas ! Ils éveillent tout de suite tant d'échos... juste avant le café des vacances
moi viens de décider que j'allais en prendre des vacances jusqu'en janvier je pense
Écho écho dans tes souvenirs des lieux mais pas toujours des situations Bravo Bel exercice ..admiration ne tevade pas trop longtemps
tu viens â Toulon dun coup d'aile ou sur un ange
là ce sont des toulonnais qui passent me prendre en charge demain
Simplicité du texte écrit, d'où plaisir de lire. Ne serait-ce que pour le verbe "fasseyer".
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