hiver
goût pour rien
même
en un hiver gentil
comme
le nôtre
et
pourtant la lumière et le bleu, avec un petit vent pour courir
dedans, nous étaient revenus,
suis
cependant restée dans l'antre, ai vaqué un peu, classiquement comme
un dimanche en commençant par un shampoing, enchaînant sur le
ménage quotidien ou presque
brusquant
la reprise de conscience en sortant de l'hébétude de ma sieste en
frottant avec volupté quelques surfaces de bois, mais regardant avec
un intérêt plein de détachement l'argenterie et le repassage,
avant
de reprendre des revues ou journaux qui dormaient depuis une
quinzaine de jours sous les nouveaux venus et d'y trouver des
intérêts divers, comme, dans le Monde diplomatique, Quand le
droit d'asile mobilisait au nom de la République d'Anne Mathieu,
sur les années 30 et les lois pour limiter l'immigration et refouler
les étrangers «indésirables» dans un contexte de chômage
grandissant, article qui cite certaines prises de position
d'intellectuels et militants, au nom de l'ancienne tradition
d'accueil de la France, vraies ou revendiquées,
A l'opinion
désorientée, on jette en pâture les étrangers, bouc émissaire
idéal pour conjurer l'orage qui menace (Centre
de liaison des comités pour le statut des immigrés – 14 mai 1938)
Un pays
gris, méchant, hostile, un pays sans issue, sans air, sans ciel,
sans horizon, sans chaleur, sans espoir ; un pays que nous ignorons,
nous, les Français, et qui pourtant se trouve en France, en plein
coeur de Paris (Magdeleine Paz
après visite aux files d'attente des réfugiés devant la Préfecture
de Police – été 38)
La France
n'était-elle pas la nation riche et généreuse qui éveillait dans
l'âme des révoltés politiques d'ailleurs l'amour d'un sol où la
liberté était enracinée ? (Henri
Levin – Le Droit de vivre – mars 1935)
Je fais
partie de ces individus que rien au monde n'empêchera de porter une
«aide directe ou indirecte» aux réfugiés et aux proscrits. Je
suis de vieille souche française, monsieur le ministre, j'obéis à
une tradition que j'ai reçue en naissant ; si c'est être rebelle
que d'offrir au proscrit une place au foyer d'asile, comptez-moi
parmi les rebelles (Magdeleine
Paz à nouveau en réponse à un décret d'Albert Sarraut en mai
1938)
toutes
choses qui ne sont pas sans rapport avec ce que vivons, la différence
étant que nous, et les plus attentifs des étrangers, qui ne
désirent pas dépose de demande d'asile en France (en partie à
cause de l'interdiction de travailler) sommes habitués depuis lors
et, sans admettre, avec révolte, ne nous étonnons plus.
Et,
comme une envie m'était venue, ai exhumé ce qui me restait de
papier plus ou moins adaptés à l'aquarelle ou au dessin, ce qui
était fort maigre... fouillé pour retrouver un étui de mauvais
pinceaux (le matériel oublié depuis une douzaine d'années
correspond à une époque où j'avais honte de mes tentatives de
maladroite ignare, pour peupler ma dépression latente, et trouvait tout trop beau ou de trop bonne qualité
pour moi) qui perdaient leurs poils, et puis sur une esquisse
abandonnée depuis plus de dix ans ai essayé une partie des bouts de
pastels et crayons tirés de plusieurs boites, pour un résultat fort
peu concluant (litote)
6 commentaires:
Oh mais ça me plaît beaucoup!
Et puis ces citations si justes montrent bien que notre époque dérape et couve bien du malheur
trop indulgente Claudine
Le "Diplo", toujours droit au milieu des tempêtes...
Bonne idée que de ressortir vos pastels : l'abstraction ouvre des horizons (ou des frontières).
pas très certaine de persévérer - faudrait aller renouveler matériel… et l'encadreur près des Célestins où j'allais acheter ma terre quand suis arrivée est depuis plusieurs années devenu un café branché comme tous les autres commerçants de la place des Corps Saints (chercher hors remparts mais sais pas où)
Beau ..comme un exutoire cette infinie profondeur des couleurs
Courir dans le vent devient ici périlleux
Arlette, ne m'y risquerais pas (pour le bidule c'est un bout, parce qu'il y a une grande zone noire baveuse - essai d'utiliser le pinceau que croyais sauvable - qui qu'est, ben vraiment pas terrible du tout)
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