et ce ne me fut pas
l'excuse que j'ai cru pouvoir trouver à mon second réveil en
catastrophe vers neuf heures et quart, réveil en mode tomber
pantelante, courbatue, yeux en déroute, crâne en effervescence et
membres lourds et maladroits dans la journée envisagée avec
sérénité, et raison, vraiment raison, modération sans trop de
relâchement, en me rallongeant vers sept heures.
Lavant, frictionnant,
vêtant carcasse (moi je murmurais – me parle pour m'encourager -
vêtissant) pensais trop tard pour la mini expédition dans la ville,
en m'étranglant avec café un rien trop amer et tartine de gingembre
me suis décidée.
La ville était grise, la
pluie du matin enfuie, laissant derrière elle quelques gouttes
espacées, d'une froideur de glace, et les rues étaient larmoyantes,
tristounettes, alignant des rangées de cartons et sacs abandonnés
(les containers aux remparts étaient clairs, ont admis mon sac, mes
papiers mais étaient difficiles d'accès, environnés de débris et
sacs divers)
Les platanes tordaient
leurs bras vers ce ciel morne, mais les rares rencontres se faisaient
souriantes, comme complices.
Et puis suis restée dans
l'antre... pour écouter en paix le premier chapitre de l'ombre
sous Innsmouth de Lovecraft par
François Bon, https://www.youtube.com/watch?v=qaJ-joMI60o&t=55s,
retrouvant l'histoire après l'avoir lue par bribes sur le tiers
livre http://www.tierslivre.net/spip/spip.php?rubrique179
déjeuner
trop (je vais m'acheminer vers la mamie confortable... mais faudra
que je renouvelle frusques si je continue..) siester,
et puis avec un
thé des Fralib, parce que je me lasse d'attendre l'exemplaire papier
- mais serais heureuse de l'avoir, parce que j'en ai ainsi décidé,
et pour voir mieux, et en couleur, les beaux cartouches
dont Christine Jeanney ponctue
son texte (là je viens de commettre une injure) - ai rouvert yoko ono dans le texte
https://www.publie.net/livre/yoko-ono-dans-le-texte-christine-jeanney/
ai repris les pages déjà lues, et puis ai continué, avec quelques
pauses pour écouter Yoko Ono,
de
temps en temps, parce que si Christine Jeanney revient régulièrement
à elle, je la vois un peu comme la trame sur laquelle elle s'appuie
pour ce fabuleux tissage... et, en m'arrêtant là, un peu avant la
moitié, je ne sais ce que j'aurais envie de reprendre (l'idée rode
toujours un peu juste à la lisière, un peu au delà de la lisière,
de mon crâne quand je lis un texte qui me plait) pour tenter d'y
poser mes bafouillements...
le
moment où elle parle des mots-les-chiffres Les
mots-les-chiffres ajoutent leur papier calque, leur peau
incompréhensible, leur film transparent et opaque à la fois. Les
mots-les-chiffres sont par essence incompréhensibles. et
le classement du monde, ce que pourrait avoir peint la mère de Yoko
Ono, les images, ce qu'elles disent ou non, Christine et puis
l'écriture, comment cela vient – moi là ça vient en pagaille,
pas l'écriture, non les points auxquels voudrais revenir dans la
tapisserie dédiée à l'écriture et Y O -, les carnets, la Yoko de
Fluxus (pense que l'aurais aimée), etc... le un et le une qui
doivent être différents, et puis il y Christine à nouveau, et puis
d'autres, nous, et la peur …
peur du sable, peur de
ce qui se délite, peur du vent, peur de bien trop de vent, de la
tempête et des insectes, des piqûres, des crevasses, des béances,
peur des larmes, peur que viennent des larmes, peur de la tristesse,
celle de l'autre, peur de ne pas pouvoir éviter la tristesse de
l'autre, peur de la peur, peur de la peur de l'autre,
on
retrouve Yoko et c'est cut
piece ...ᅠet
bien d'autres choses encore, qu'aurais dû évoquer, c'est un choix
très personnel et très passager, choses plus fortes ou plus
fantaisistes (parce que la fantaisie est toujours sérieuse et forte,
ou ce qui est dessous, qu'elle chatouille un peu pour le rehausser)
et
cela quelques pages (ou l'équivalent) avant que je la quitte pour ce
soir (livre en cours de re-lecture cette nuit)
J'aurais voulu filmer
des travellings infinis sur du beurre. Sur des montagnes de beurre.
Des étendues de beurre kilométriques. Et rien ne m'en empêche.
Ecrire le mot beurre
sur des milliards de pages, à la main ou à la machine. Sur des
toiles, sur du tulle, sur des parois de containers. Sur des façades
de radiateurs, des plates-formes pétrolières, des cadavres
d'animaux. A chaque fois, le mot beurre, répété en minuscules, en
majuscules, en italiques, ou traduit dans de multiples langues,
imprimé, peint ou soudé, ou tatoué, ou déchiqueté, dira quelque
chose de la vacuité du monde ; ou de l'inanité des systèmes
d'exploitation. Ou de la violence du détail haussé au rang de
primordial. De ce qui va fondre, de ce qui ne peut que fondre, et de
nos réactions, nos faims et nos rejets, nos attractions.
Juste
pour un exemple de ce qui peut entrer dans le flux, sans qu'on ait
l'impression que se relâche la main ferme de Christine sur son
projet.
7 commentaires:
bel hommage, envie contagieuse
bon c'est toujours avec un petit plaisir anticipé et impatience que je la lis, mais là… et du coup je me passionne en dehors du texte aussi pour Yoko Ono (mais il y a beaucoup plus, Christine d'abord, le monde, Ligeti etc..)
Il excite ma curiosité, votre billet. Si bien écrit, Brigitte. Documenté à souhait.
bien écrit : ça c'est pour Christine
Yoko One ?
:-)
Et reviennent en mémoire les images de sa rétrospective à Lyon pour mieux la comprendre (Yoko Ono )
Merci à toi et à Christine
the One ou j'ai fait une futé de frappe ? Dominique
mais je ne la vois pas
Yoko est one, entière, et plusieurs à la fois
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