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désolée, Paumée se veut à l'abri, sauf quand un acte fait déborder le vase, des allusions à la politique ambiante.. et si je suis reconnaissante aux envies de commenter je vous demande de me pardonner de rétablir la modération

samedi, mars 03, 2018

Puisque n'avais rien à dire...

Le ciel gris de cendre tassée du petit matin s'était éclairci, la température était redevenu humaine, le vent était mort quand m'en suis allée, longeant rue Joseph Vernet des robes fleuries, faites pour frôler souplement les corps de sveltes et souples jeunes femmes (images des films des années 40) puis les pierres, façades, tours, humides comme le sol,
comme l'air qui hésitait à être vraie pluie, les branches noires des arbres désolés par l'hiver, allais donc me persuadant que j'étais terre de Vaucluse assoiffée et bienheureuse, ce qui accentuait mon sourire, 
allais vers la mémoire du monde
et puis avec la Corderie de Christophe Grossi que j'avais commandé, et un autre livre pour lui tenir compagnie, ai continué à la recherche vaine d'une cuillère à manche long et cuilléron étroit pour remplacer celle qui me sert pour les pots de confiture et café et qui se cache depuis trois jours, constatant, navrée, que les petits arbres (même s'ils étaient dans de grands bacs de bois carrés) enlevés pour installer le terne dallage seraient remplacés par quelques sièges pour passants fatigués (et ne craignant pas de se trouver plantés ainsi dans le chemin des allants et venants) et deux arbres qu'ils n'ont tout de même pas sacrifiés
je ne sais si ce sont les écologistes de la majorité qui nous valent cette guerre à toute végétation ou, pour celle qui est conservée, ces armures de bois ou briques pour bien les contenir... mais je sens que ma fidélité à notre maire s'érode jusqu'au fil...
Quand vers midi, renonçant à ma quête-promenade, suis revenue vers l'antre, le ciel devant, au dessus de moi, s'est doucement puis franchement déchiré en bleu... et à midi la lumière commençait à toucher le haut du mur mitoyen dans ma cour (la cuillère perdue, elle, m'attendait au fond du bac à légumes)
Et comme, n'ayant rien à dire, je fus bavarde, vais continuer à être longue, en prenant les cinq premiers mots de la première page, la première ligne de la page 76 des deux nouveaux livres
Nous n'avons jamais compris le...
C est allée se reposer à l'étage et notre fils joue dans la pièce d'à côté. Je triche et j'ajoute la 2 : La porte de sa chambre n'est pas fermée. Corderie – Christophe Grossi (la règle fixée ne lui est pas favorable, dommage... mais je sais que... sans compter la saveur des deux dessins de Daniel Schlier rencontrés en chemin vers la page 76)
Nous allions au cinéma, je...
Son corps ne grandit pas à la même vitesse et elle a eu, successivement, des oreilles immenses, des pattes interminables, un tronc de teckel, la petite queue en virgule est devenue touffue. mort d'un cheval dans les bras de sa mère – Jane Sautière
et, pour m'encourager (si ma bourse ne le faisait pas suffisamment) à décider de ne plus acheter pendant un long moment de livre, je continue ce jeu idiot et cruel (prenant toujours les premières phrases des pages 76) avec la pile de livres en attente (sans compter ceux que téléchargerai sur publie.net)
Entre les apparitions, la vie existe encore. L'apparition – Perrine Le Querrec
Dès que les montagnes reprennent position le long de la rive, la végétation déserte. En descendant les fleuves – carnets de l'Extrême-Orient russe – Eric Faye et Christian Garcin
Pour sa part, elle a été mariée naguère. et puis zut la seconde : Quand, et à qui, je ne sais pas ; elle est tout à fait vague là-dessus. New York, Haïti, Tanger et autres lieux – Truman Capote
Dans le flot franchissant, calme et indestructible, le grand pont métallique qui enjambe les rails au point de passage de Bornholmer Strasse, cette nuit-là, tandis que Martin meurt, je ne vois pas venir la grande victoire de l'Ouest, de la démocratie, toutes ces tartes à la crème dont on a fait depuis un usage iconique, je vois des milliers d'hommes, de femmes, d'enfants qui vont enfin pouvoir se réapproprier cette moitié de ville dont les ont, presque trente ans plus tôt, amputés Walter Ulbricht et sa clique sans que, tous démocrates que nous soyons, nous n'ayons levé le petit doigt. Entre les deux il n'y a rien – Mathieu Riboulet
j'imagine cependant que tu aimerais voir ta famille ?
pourquoi vous posez des questions où vous savez les réponses ? La couleur du lait – Nell Leyshon traduction Karine Lalechère
«Oh, arrête tes conneries !» Elle était en colère. Concision même avec deux phrases de Nord-Michigan – Jim Harrison, traduction Sara Oudin
Soudain mettre la main sur la chose arrête de saisir. S'en approcher suffit. Belle concision aussi de Pascal Quignard (Mourir de penser)
Invasion de Pères Noël en décembre : je hais les bruits de porte. Aphorismes dans les herbes et autres propos de la nuit – Sylvain Tesson (à vrai dire lui il traîne ça et là depuis longtemps et je pioche dedans, souvent déçue, parfois récompensée
Comme ce sont lectures pour le calme du soir et de la nuit, selon l'habitude dont mon oisiveté actuelle n'arrive que très exceptionnellement (trajet parfois ou salle d'attente) à me détourner – les jours étant pour internet, méditations, rêveries, activités, relectures et journaux, articles politiques, économiques, ou petits journaux d'ONG - et qu'outre les soirs de mauvaises humeurs où je retombe sur de vieux polars, j'ai pris actuellement, comme un rite, l'habitude, parce que je n'avais jamais lu dans l'ordre ses cinq cents et quelques pages, de savourer auparavant entre dix ou vingt pages du Discours aux animaux de Novarina.
Ce soir ce seront sans doute dix pages, impatiente suis de retrouver Le traquet kurde de Jean Rolin (page 76 – Quoi qu'il en soit, ce n'est que six ans plus tard qu'il jette l'éponge, ayant assisté quelques mois auparavant, rapporte Brian Garfield, à un congrès d'ornithologie à Oxford, dans un fauteuil roulant, et dans l'isolement croissant auquel le condamne sa surdité) dont je n'ai lu que les 24 premières pages la nuit dernière, après «le terrier» de Kafka dans la traduction de Laurent Margantin.
du danger de n'avoir rien à dire... pardon.

7 commentaires:

Claudine a dit…

Rien à dire alors on met le passant en appétit, merci !

Brigetoun a dit…

alors je ME mets en appétit

arlette a dit…

Jadore ce jeu des premières lignes d'une page sur x livres le hasard est souvent amusant et permet de rêver à une autre histoire Merci pour ta deambulation

Brigetoun a dit…

amusant de mieux comprendre la phrase en question quand on retombe sur elle

Dominique Hasselmann a dit…

En tout cas, vous n'avez pas "rien à lire" !!!

La municipalité d'Avignon (pourtant PS, non ?) cède à la mode du "écologiquement correct" (un peu de glyphosate mais pas trop, etc.).

Un pays & un livre a dit…

Très belle plume.
Et belle promenade aussi !

Brigetoun a dit…

Dominique, oui très très agaçant ce goût de la pierre et du désert végétal (ou alors arbres certifiés sains et bien en ordre… me cassent la petite anarchie qui me plaisait et m'enlève de quoi appuyer par mes yeux mes petits vertiges-
Par contre j'aime assez qu'ils se soucient d'humaniser les cités, de ne plus les abandonner (quand même 75% environ de la ville et de ses habitants) au désert de béton sans boutique ni animation (plus la pauvreté et parfois la misère) même si la tâche est tellement immense..

Un pays…. grand merci