M'en suis allée en début
d'après-midi, sous un ciel voilé qui de temps à temps s'était
laissé forer pour qu'un peu de lumière caresse le mur de la cour,
mais qui s'était bien solidement, semblait-il refermé, dans un air
qui fleurait bon la tendresse printanière (mon chandail de laine et
mon manteau léger étaient légèrement excessifs)
vers la collection Lambert
pour voir les trois expositions pour, autour ou à l'occasion de
Djamel Tatah.
Il n'est que peu, et très
anecdotiquement présent dans la première, qui débute au premier
étage de l'hôtel de Caumont, intitulée «j'aime Avignon» (le
j'aime étant remplacé par un coeur) qui évoque les artistes phares
de la collection. (et comme, malgré les photos loupées – j'étais
semble-il moins en forme que le pensais, à part la marche
difficultueuse – j'en ai beaucoup trop, je vais en rester à cela pour aujourdhui)
Avec, dans la première
salle, une série de portraits parfois malmenés, comme les grandes
photos percées de miroirs de Douglas Gordon (qui ici sont
rebrouillées par les fenêtres et les rampes lumineuses)
La salle suivante, hors
l'introduction par une première série des photos intrusives de
émouvantes d'Isabelle Huppert par Roni Horn (que l'on retrouve comme
des points de suspension au fil des salles), est vouée au souvenir
de l'exposition des «papesses» (il manque Camille Claudel et Jana
Sterbak) il y a quelques années, ici et au palais des papes
avec un grand Berlinde de
Bruyckere, un de ceux que je préfère (relativement, j'ai avec son
oeuvre des rapports ambigus), au mur une aquarelle de Bubu de la
Madeleine et sur le petit projecteur sous la fenêtre une courte
vidéo qui m'a retenue un moment de Brigitte Cornand chère
Louise consacrée
à Louise Bourgeois (ne sais si elle figurait dans l'exposition des
papesses, n'en ai pas gardé souvenir, j'ai dû la négliger)
une
autre photo d'ensemble prise - en parlant, est-ce pour cela qu'elle
est loupée – mais tant pis la garde pour mémoire de l'oeuvre de
Jannis Kounelis (jeannette, fer à repasser et oiseau empaillé)
une
grande tapisserie brodée (pas noté le nom de l'auteur) reprenant,
répétant les noms des «papesses»
Salle
suivante où, en entrant, on voit d'abord les deux grandes lames de
ciment de Claude de Soria devant un très beau panneau de Giuseppe
Penone «il verde del bosco primavera» (chlorophylle sur toile),
le
reste de la salle étant voué à Messiaen l'avignonnais avec un portrait photographie dont j'ignore l'auteur et deux oeuvres d'Idris Khan dont une très grande, «la fin du
temps» (impression numérique sur papier) acquise à l'occasion de
l'anniversaire de la naissance du compositeur
Dans
un passage plusieurs dessins d'Avignon dont un Man Ray très raide
qui m'a fait apprécier pour une fois les deux petits Auguste Chabaud
et de grandes photos de Nan Godin connues et aimées
et
puis la grande galerie qui est consacré à des artistes qui ont
résidé à Avignon comme Louise Lawler invitée par Yvon Lambert
parce que les attentats du 11 septembre 2001 avaient supprimé les
vols vers New York, d'où le nom de cette petite oeuvre «Drops Brush
not Bombs»
Joey
Kötting qui a repris l'air du pont d'Avignon avec cette grande toile
bleu installée en 2002 sur le pont où des enfants d'une école
d'Avignon et d'une école de Carpentras «réalisèrent des
performances» et qui de retour à New York fit un montage des photos
des élèves et une bande son diffusée discrètement
On
Kawara qui réalisa dans l'école primaire de Jean-Henri Fabre «Pure
Consciousness» série de petits livrets (si j'ai bien compris, mais
photos inexploitables) et Vik Muniz qui organisa aux Célestins un
atelier pour que les enfants reproduisent, en s'inspirant de son
oeuvre, avec des plantes séchées un Van Gogh, atelier dont des
photos sont exposées sur la même table
comme
les dessins d'Antoine Audiau et Manuel Warosz, graphistes du musée,
exécutés au feutre d'après les oeuvres phare de ce dernier.
Entre
les fenêtres sur la rue des hommages à la ville, avec la pochette
de disque de Mireille Mathieu retravaillée par Christian Marclay
Et
puis, sur le mur face aux fenêtres une série de tableaux de classe,
ceux qu'avaient laissés, en déménageant pour faire place à la
collection l'Université de lettres, qui ont servi de support à certains des premiers artistes exposés, et
d'autres peints pour l'actuelle exposition
avec
notamment Djamel Tatah (première présence cette après-midi) à
côté du «retour à Berratham» (en souvenir d'un des derniers
festival et d'un beau spectacle dans la cour d'honneur) d'Adel
Abdessemed
Voilà que vais
feuilletoner encore plus que ne le pensais, je garde pour demain la
suite de cette première exposition.
11 commentaires:
La pieuvre est en effet délicieuse.
Merci pour votre vigueur retrouvée!
au moins un peu de volonté
Si tous les tableaux de classes avaient cette classe, Jean-Michel Blanquer n'en reviendrait pas !
Merci pour la visite !
et les élèves apprendraient à rêver
Un grand plaisir de retrouver tous nos habitués ici ou là et Vic Muniz et les fleurs sechees en reproduction monumentale un beau souvenir entre autres
là je vais faire entendre un avis discordant, j'aime bien le principe, j'ai aimé les bouquets de fleurs séchés attendant les gosses dans la chapelle, mais à part Marlène étincelante je n'aime guère ses oeuvres (goût personnel)
étonnant comme le Penone, dont on ne voit presque rien, en photo, est immédiatement "plastique" - beau souvenir de "respirare l'ombra", dans le Palais des Papes, lors de l'expo "La Beauté" (oeuvre que j'ai revue à Beaubourg, bien plus tard - et sentie : l'odeur des feuilles de laurier...)
- ses oeuvres du début me gênaient un peu (quand il imposait aux végétaux des formes contraintes, d'une manière qui pouvait sembler violente) - je préfère quand, comme là, il permet aux végétaux de s'imprimer (s'exprimer ?) sur des supports divers...
et, au moins d'après les photos puisque n'était plus parisienne un des rarissimes dont le passage à Versailles a été en osmose avec le parc (un certain nombre d'invités banckables qui étaient dents gâtées et présence injurieuse)
pas vu, hélas, ses installations versaillaises - mais bien d'accord sur un certain nombre d'invités "banckables"...
- le barcelo, aussi, très beau (à la bnf, il y a deux ans, ses peintures sur les immenses vitres, tout le long du long couloir, étaient magnifiques !)
Barcelo il y en a pas mal chez Lambert (et puis un été grande exposition au palais et chez Lambert, plus un éléphantet longtemps sur la place du palais, les avignonnais l'auraient bien gardé, et un spectacle où lui et Joseph Nadj dansaient avec de la terre, l'aime quasi sans condition
ah, j'avais oublié l'éléphant (sur sa trompe, cul en l'air - légèrement obscène) - l'ai pourtant pris en photo, à l'époque...
(l'an dernier, à jacquemart-andré, il y avait, en guise de bouquet final, dans la dernière salle de l'expo "de zurbaran à rothko - la collection alicia koplowitz", deux très beaux barcelo (en particulier une barque, qui faisait écho, pour le parisien, à celles qu'on avait pu admirer à beaubourg, dans l'expo twombly) - il a sa place, méritée, dans les bonnes collections...)
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