Brigetoun mérite des
coups de pied dans le derrière, le sait, ne la fait pas assez.
Brigetoun avait décidé, sans que cela soit strictement nécessaire
et urgent, d'aller renouveler réserves patates, huile locale en
bidon – plus que pour deux ou trois jours de ces bidules –
agrémenter de légumes pas trop caloriques, et s'offrir poisson
frais et puis le Canard, bien sûr le Canard.. Brigetoun avait trop
de force ou de tension, et puis flottait à la surface du monde et du
réel, a vu les branches lianes de l'olivier fou danser avec énergie
désordonné, sous un ciel blanc, a jugé qu'elle tremblait avec lui,
a regardé le couffin posé près de la porte, a pensé bof, l'a
rangé, est restée lâchement dans l'antre, a eu sommeil, a pensé
non, s'est installé dans lectures, dans les ruminations et le réveil
de honte provoqués par le film de Denys Granier-Deferre 93 rue
Lauriston vu à l'entrée de la
nuit, mardi soir, l'empressement des très distingués (ou moins
distingués) recyclables à solliciter et assister aux fêtes sur
fond ignoble de sombre sang et de trafics, et puis, pendant que des
nuages courraient au dessus de la cour, que l'ombre alternait avec
l'illumination des murs, a entrepris de trier les photos ramenées de
la collection Lambert, a préparé ce qui suit, qui se limite à deux
salles et un escalier... pour la suite s'interroge : peut-être se
borner à un album personnel, paumée est en basses eaux, donc
ennuyeux, et flemme de mettre en ligne ce que chacun aura la flemme
ou pas le temps (je connais assez souvent ce mélange d'intérêt
léger ou fort et d'agacement grand) de regarder
Enfin,
pour reprendre là où j'avais laissé j'aime Avignon
Dans la dernière salle du
premier étage de l'hôtel de Caumont, deux grandes photos
impossibles à photographier de Douglas Gordon, photos prises de sa
double exposition, au musée et dans la grande chapelle du palais, en
2008 (serpents, paons, scorpions et ânes...) photos exposées
ensuite à la gare TGV
Et les ânes dont l'image projetée dans la chapelle avait été photographiée marchent maintenant dans
le reflet de la grande oeuvre (peinture murale pouvant être exécutée
en formats différents) de Lawrence Weiner All
the Stars in the Sky have the Same Face ou
: chaque religion a des résonances dans les autres, conçue pour
l'exposition «Mirages d'Orient, grenades et figues de Barbarie» de
2012
Surtout,
peut-être, à l'entrée dans la salle, petit, discret, et beau, un
dessin d'Adel Abdessemed le joueur de
flutte que
viens de retrouver dans le beau catalogue de la même exposition
(presque plus intéressant par les textes rassemblés que ne l'était
cette exposition touffue) à côté d'une photo extraite de sa vidéo
de la même année, 1996, sur le même sujet.
Par
un passage, où je retrouve en format plus petit, d'autres photos de
la série des portraits d'Isabelle Huppert par Roni Horn
gagner
l'escalier et puisque la jeune femme, sur le palier du haut m'assure
que la période flot de fumée rouge est close, grimper sous les
combles
pour
trouver presque secrète, émouvante et dépouillée une
évocation de la distribution des
lucioles dans
la prison Sainte Anne avec
près
de l'entrée, une photo de Douglas Gordon Guilty
(Tatoo for Reflection) qui
y figurait et une sérigraphie de François Halard Prison
de cette
photographie telle qu'elle était exposée «François Halard a
réalisé plusieurs reportages photographiques pour le musée... Il
fut un des premiers à pénétrer dans la prison vide avec moi, puis
quand les oeuvres commençaient à peupler les cellules des anciens
prisonniers» Eric Mezil
Reserves que
j'ai retrouvé en regardant ce matin la
dernière de trois belles vidéos tirées d'un film de Heinz Peter
Schwerfel, les vies possibles de Christian Boltanski, où
il parle de son oeuvre, de son regard, sa philosophie, son projet (y
compris la dérision), la conservation de la mémoire d'inconnus,
l'autoportrait de nos fragilités etc... (si vous aviez le temps...)
et
une oeuvre (installations de grands caissons avec des photographies
éclairées) tout au fond de la salle, rappelant les heures sombres
de notre histoire
et
surtout (mais je me suis arrachée et n'ai vu qu'à peu près dix
minutes sur les vingt-cinq environ de sa durée, parce qu'il y avait
tant à voir) l’oeuvre vidéo où la
documentariste et auteure Marceline Loriden-Ivens revient dans la
prison après 70 ans : elle y avait été jetée avec son père
pendant la Guerre — père qu’elle ne reverra pas alors qu’elle
est envoyée à Auschwitz-Birkenau où elle devient camarade de
paillasse avec Simone Weil, avec qui elle sera amie jusqu’à sa
mort en juillet 2017.
et les
deux autres expositions Rêvez#2 et
Djamel Tatah viendront plus tard.
6 commentaires:
Huile locale en bidon (olive bien sûr ?); le Canard...enchaîné ou confit?; vous avez flotté au monde flottant.
si belle expo merci
Bravo pour cette rétro et revoir et entendre le témoignage si émouvant de la flamboyante Marceline Loriden Ivens oui le titre de l'expo est juste j'aime Avignon
casabotha huile d'olive bien entendu, et canard enchaîné… tant pis pour lui
Hue Lanlan ce n'était qu'une faible partie
Arlette malheureusement je ne sais pas où on peut trouver cette vidéo (d'autres oui mais pas celle là où elle déambule dans les couloirs vides (la transformation est en cours)
Souplesse d'esprit hors norme nous permettant de passer d'un repas ascétique (les œufs de Pâques), à un repas pantagruélique sur la collection Lambert. J'ai bien conscience que l'explication est dans la carcasse. Mais le plaisir est toujours le même de vous suivre dans ces deux parcours.
merci (mais le vrai pantagruélique sera pour plus tard peut-être
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