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désolée, Paumée se veut à l'abri, sauf quand un acte fait déborder le vase, des allusions à la politique ambiante.. et si je suis reconnaissante aux envies de commenter je vous demande de me pardonner de rétablir la modération

mardi, juillet 17, 2018

Avignon – festival – jour 11 – pas à la hauteur alors juste les femmes algériennes dans la nuit

Malgré l'orage qui a rafraîchi l’atmosphère (mais m'a incitée à abandonner, presque avec soulagement, une expédition teinturier suivie d'un spectacle) effondrement de la petite vieille – et la découverte sur mon agenda que, oui, j'avais bien prévu un spectacle (billet acheté) dans la nuit pour éviter les suites de la coupe du monde – si ce n'est que j'étais hors d'état d'être franchement gênée par celle-ci et incapable de faire autre chose que de transpirer devant l'ordinateur en triant, posant, les photos des expositions...
Alors après regard sur le tas de repassage, après regard sur le catalogue off, décision ferme de rester cool, aspirateur, bricoler (enfin pas tant bricoler que ça) un billet pour ma petite expédition à Villeneuve et le bon spectacle iranien auquel j'ai assisté (il est sous celui-ci si ça vous intéresse) déjeuner bref, longue longue sieste, tentative de réponse à la vidéo 24 de l'atelier d'été de François Bon https://youtu.be/b5-HFwBv0eY, petits passages sur les contributions reçues (mon retard est énorme mais j'en suis au stade où la longue fréquentation de l'écran me fatigue) et attendre la nuit (avec le constat ravi que depuis l'orage de ce matin, les nuages sont partis, revenus, mais ne semblent pas immédiatement hostiles, s'effaçaient à nouveau laissant paraître du bleu pâle avec draperies légèrement dorées), endosser pantalon, chemisier repassés et un léger trench jaune acheté dans une braderie au printemps et jamais porté)
et aller m'asseoir (sauf que je suis restée debout et me suis déplacée) dans un autre des nouveaux lieux du festival, à deux pas de chez moi, dans la cour du Lycée Joseph Vernet, 

pour écouter «Lemma», les chanteuses du sud-algérien réunies par Souad Assia qui ont accepté de remplacer les jeunes chanteuses cairotes du groupe féministe «Bnt Al Masarwa» (fille des égyptiennes) dont la venue a été annulée je ne sais plus pour quelle raison, visa ou autre. Navrée de ceci, ravie de celà, parce que j'ai un culte pour les femmes algériennes depuis mon enfance, leur courage, leur humour (Yamina, ses pantalons bouffants, sa douceur, ses diatribes contre son mari qui l’avait répudiée et laissée avec ses enfants, ma meilleure amie en septième, berbère, grande, drôle, pauvre et qui aurait été dédaignée si elle n'avait été aussi astucieuse, et les femmes rencontrées brièvement, juste en étant petit témoin dans des groupes, plus tard, à la période sombre pour les journalistes algériens) etc… parce que n'ai jamais entendu ces chanteuses, parce que l'Algérie sub-saharienne me fait rêver, parce que j'ai lu
Lemma peut se traduire par réunion, rassemblement. Le mot veut dire aussi glaner ou récolter. Autant de significations que porte le groupe créé par la chanteuse et musicienne Souad Asla qui, accompagnée des femmes de l'ouest saharien, s'est donné pour mission de sauver leur héritage culturel. Pour elles : la tradition orale ne doit pas être synonyme de disparition mais doit préserver ce patrimoine riche en influences nomades qui passe par la collecte de morceaux ancestraux chantés et dansés au fil du temps. Ici, trois générations recueillent et transmettent ces musiques qui scandent la vie de la région. De diwan en malhoun, de zeffani en gnawi, de hadra en el ferda
ou en haydous, ces genres musicaux puisent leur force de chants et rythmes venus aussi bien des esclaves de l'Empire du Soudan que de tribus berbères et bédouines. Ces femmes sont la voix qui exprime avec courage une culture ouverte et multiple aux croisements des chemins. Le spectacle, composé de tableaux successifs, montre le bonheur d'être ensemble, sur scène et décrit le combat pour la vie qui se doit d'être joyeux.
Parce que, avant de partir, j'ai vu et écouté
que je pose ici, ne trouvant rien d’intelligent à dire, et aucun moyen autre que l'écoute de les évoquer.

Si ce n'est que, reste de fatigue ou simple étourderie, je m'étais trompée d'une heure dans l'horaire (demain je saurais), si ce n'est qu'après m'être abstenue, laissant danser en secret mes abdominaux, parce que je trouve toujours un peu ridicules nos tentatives de rentrer dans des danses qui ne nous sont pas vraiment natives, et que les jeunes femmes ou certaines qui se déhanchaient autour de moi me le confirmaient, parce que surtout j'avais peur si je cédais au rythme dans ma déambulation à l'écart, entrecoupée de tentatives de photos que pensais forcément ratées, de me casser la figure, paralysée par le souvenir de ma marche hésitante au retour la veille, j'ai bel et bien dansé, sur les joies, les provocations, les peines, etc... surtout les peines bien sûr mais bigrement toniques, un peu à part, et puis contre elles, mais sur le côté de leur estrade, sans grands gestes de bras, mais de tous mes pieds, molets raidis et hanches, perdus, sans contrôle autre que la mesure, dans la pulsation et ses variations infimes, sous le regard que je voulais sentir encourageant d'une des ainées à tambourin et, derrière moi, plus loin, de la jeune femme qui, me répondant de la tête, du cou, tenait la buvette et que j'étais rudement bien, ridicule ou non. 

6 commentaires:

Dominique Hasselmann a dit…

Un peu de musique "exotique", cela fait du bien !...

Brigetoun a dit…

c'est vrai, vous avez raison, on peut appeler ça musique exotique… mais même si elle, Yamina, n'était pas du sud, ça avait aussi pour moi un petit goût d'enfance (me restent des traces d'Algérie même si ans doute fantasmées, venues des générations antérieures)

Claudine a dit…

Magnifique phrase hommage à ces femmes

Brigetoun a dit…

celles que j'ai connues le mérite presque toutes, largement

Compagnie de théâtre Grenobloise "En aparté" a dit…

Près de chez vous, à 11h, au Petit Louvre (Van Gogh) un excellent spectacle tiré d'un roman de Valérie Zenatti, "une bouteille à la mer" : émouvant, drôle, poignant, dramatique avec deux très bons jeunes comédiens incarnant une jeune Israelienne et un jeune "Gazzaman".

Brigetoun a dit…

merci pour le renseignement… vais essayer d'en tirer partie (mais tant et tant)