Malgré l'orage qui a
rafraîchi l’atmosphère (mais m'a incitée à abandonner, presque
avec soulagement, une expédition teinturier suivie d'un spectacle)
effondrement de la petite vieille – et la découverte sur mon
agenda que, oui, j'avais bien prévu un spectacle (billet acheté)
dans la nuit pour éviter les suites de la coupe du monde – si ce
n'est que j'étais hors d'état d'être franchement gênée par
celle-ci et incapable de faire autre chose que de transpirer devant
l'ordinateur en triant, posant, les photos des expositions...
Alors après regard sur le
tas de repassage, après regard sur le catalogue off, décision ferme
de rester cool, aspirateur, bricoler (enfin pas tant bricoler que ça)
un billet pour ma petite expédition à Villeneuve et le bon
spectacle iranien auquel j'ai assisté (il est sous celui-ci si ça
vous intéresse) déjeuner bref, longue longue sieste, tentative de
réponse à la vidéo 24 de l'atelier d'été de François Bon
https://youtu.be/b5-HFwBv0eY,
petits passages sur les contributions reçues (mon retard est énorme
mais j'en suis au stade où la longue fréquentation de l'écran me
fatigue) et attendre la nuit (avec le constat ravi que depuis l'orage
de ce matin, les nuages sont partis, revenus, mais ne semblent pas
immédiatement hostiles, s'effaçaient à nouveau laissant paraître
du bleu pâle avec draperies légèrement dorées), endosser
pantalon, chemisier repassés et un léger trench jaune acheté dans
une braderie au printemps et jamais porté)
et aller m'asseoir (sauf que je suis restée debout et me suis déplacée) dans un
autre des nouveaux lieux du festival, à deux pas de chez moi, dans
la cour du Lycée Joseph Vernet,
pour écouter «Lemma», les
chanteuses du sud-algérien réunies par Souad Assia qui ont accepté
de remplacer les jeunes chanteuses cairotes du groupe féministe «Bnt
Al Masarwa» (fille des égyptiennes) dont la venue a été annulée
je ne sais plus pour quelle raison, visa ou autre. Navrée de ceci,
ravie de celà, parce que j'ai un culte pour les femmes algériennes
depuis mon enfance, leur courage, leur humour (Yamina, ses pantalons
bouffants, sa douceur, ses diatribes contre son mari qui l’avait
répudiée et laissée avec ses enfants, ma meilleure amie en
septième, berbère, grande, drôle, pauvre et qui aurait été
dédaignée si elle n'avait été aussi astucieuse, et les femmes
rencontrées brièvement, juste en étant petit témoin dans des
groupes, plus tard, à la période sombre pour les journalistes
algériens) etc… parce que n'ai jamais entendu ces chanteuses,
parce que l'Algérie sub-saharienne me fait rêver, parce que j'ai lu
Lemma peut se traduire
par réunion, rassemblement. Le mot veut dire aussi glaner ou
récolter. Autant de significations que porte le groupe créé par la
chanteuse et musicienne Souad Asla qui, accompagnée des femmes de
l'ouest saharien, s'est donné pour mission de sauver leur héritage
culturel. Pour elles : la tradition orale ne doit pas être synonyme
de disparition mais doit préserver ce patrimoine riche en influences
nomades qui passe par la collecte de morceaux ancestraux chantés et
dansés au fil du temps. Ici, trois générations recueillent et
transmettent ces musiques qui scandent la vie de la région. De diwan
en malhoun, de zeffani en gnawi, de hadra en el ferda
ou en
haydous, ces genres musicaux puisent leur force de chants et rythmes
venus aussi bien des esclaves de l'Empire du Soudan que de tribus
berbères et bédouines. Ces femmes sont la voix qui exprime avec
courage une culture ouverte et multiple aux croisements des chemins.
Le spectacle, composé de tableaux successifs, montre le bonheur
d'être ensemble, sur scène et décrit le combat pour la vie qui se
doit d'être joyeux.
Parce
que, avant de partir, j'ai vu et écouté
que je pose
ici, ne trouvant rien d’intelligent à dire, et aucun moyen autre
que l'écoute de les évoquer.
Si ce n'est
que, reste de fatigue ou simple étourderie, je m'étais trompée d'une heure dans
l'horaire (demain je saurais), si ce n'est qu'après m'être
abstenue, laissant danser en secret mes abdominaux, parce que je
trouve toujours un peu ridicules nos tentatives de rentrer dans des
danses qui ne nous sont pas vraiment natives, et que les jeunes
femmes ou certaines qui se déhanchaient autour de moi me le
confirmaient, parce que surtout j'avais peur si je cédais au rythme
dans ma déambulation à l'écart, entrecoupée de tentatives de
photos que pensais forcément ratées, de me casser la figure,
paralysée par le souvenir de ma marche hésitante au retour la
veille, j'ai bel et bien dansé, sur les joies, les provocations, les
peines, etc... surtout les peines bien sûr mais bigrement toniques,
un peu à part, et puis contre elles, mais sur le côté de leur
estrade, sans grands gestes de bras, mais de tous mes pieds, molets
raidis et hanches, perdus, sans contrôle autre que la mesure, dans la pulsation et ses variations infimes, sous le regard que je voulais sentir encourageant
d'une des ainées à tambourin et, derrière moi, plus loin, de la
jeune femme qui, me répondant de la tête, du cou, tenait la
buvette et que j'étais rudement bien, ridicule ou non.
6 commentaires:
Un peu de musique "exotique", cela fait du bien !...
c'est vrai, vous avez raison, on peut appeler ça musique exotique… mais même si elle, Yamina, n'était pas du sud, ça avait aussi pour moi un petit goût d'enfance (me restent des traces d'Algérie même si ans doute fantasmées, venues des générations antérieures)
Magnifique phrase hommage à ces femmes
celles que j'ai connues le mérite presque toutes, largement
Près de chez vous, à 11h, au Petit Louvre (Van Gogh) un excellent spectacle tiré d'un roman de Valérie Zenatti, "une bouteille à la mer" : émouvant, drôle, poignant, dramatique avec deux très bons jeunes comédiens incarnant une jeune Israelienne et un jeune "Gazzaman".
merci pour le renseignement… vais essayer d'en tirer partie (mais tant et tant)
Enregistrer un commentaire