matin charroi un peu comme
peux (m'agace, malgré repos et amorce de poids, mes jambes dès que
sors dans la rue se désintéressent de la situation) de draps et
robe, les yeux jouant sur les ombres et la lumière
journée tranquille, dans
lecture, et le second point cardinal pour répondre, comme hier et
les deux prochains jours, à la vidéo 34 de François Bon
https://www.youtube.com/channel/UCyhmq2FXs8JxwkFLUgQ2n4w
(point cardinal qui a changé de nom en cours de route, pour jouer
avec le décentrement du coeur de cette ville qui n'est pas Avignon)
et je reprends (là aussi
ce fut un plaisir, peut-être un peu trop) ma réponse à la
proposition 32
(rappel : les
contributions sont regroupées sur
http://www.tierslivre.net/revue/spip.php?article211)
Il est revenu du cimetière
vers les remparts, a traversé la ville, sous un amas en bataille de
nuages gris, grandes masses sombres glissant sur grisaille
mouvementée, se fuyant se heurtant, se mariant, un tumulte ralenti
qui survolait la ville en grand élan, assez haut pour ne pas être
menaçant, un spectacle venant comme une distraction après des jours
de calme bleu, mais avec des blancheurs lumineuses faisant irruption
entre les boursouflures, se déformant, s'effaçant, recouvertes pour
renaître un peu plus loin, qui lui faisaient espérer que ne
s'installerait pas cette couverture grise, douce et humide que les
habitants saluaient un temps avant de se lamenter devant sa
persistance, l'impression d'être enfouis sans fin dans cette morne
neutralité, espérer que ce serait uniquement une pause dans
l'autorité, l'évidence implacable de la lumière bleue qu'ils
maudissaient certains jours de chaleur pesante et qui faisait leur
fierté, comme si elle n'avait pas été le lot partagé avec les
villages, les bourgs, les campagnes. Espoir renforcé par le vent qui
se levait dans les hauts du ciel, l'oblique fouet délicat des
minuscules gouttes d'une averse passagère, les masses noires qui
s'amenuisaient peu à peu, s'effilochaient en haillons sombres ou
d'un gris palissant. Et ce fut, le soir, depuis sa fenêtre, une
fuite de nuages, légers, une dentelle si délicate que les yeux y
trouvaient joie, une gamme du blanc le plus pur à l'or finement
ocré, un amas de mousseline, avant qu'un rose de chair illuminée,
une condensation de lumière en adieu se répande, se diffuse dans le
gris tendrement bleuté comme une aisselle de tourterelle,
l'accompagne dans son naufrage... le salut matinal d'un bleu de
vierge florentine, que des lambeaux de nuages blancs, étirés et
légers, parcouraient paresseusement, un jour tendre, un ciel sans
violence, ciel d'affiche ou de dessin, juste un peu trop chargé de
mauve, l'air devenu visible pour donner alacrité aux esprits et aux
jambes, un bleu presque pur, prenant au fil des heures force et
profondeur, sous les bourrasques ; et les jours suivants, après que
le mistral ait balayé les arbres, les couches de l'air, se soit
brisé avec rage contre les murs, le retour de leur ciel d'un bleu
improbable, saturé, profond, plombé, immobile, implacablement, la
plaque rayonnante entre indigo et lavande, l'intensité de la lumière
qu'aucune humidité ne filtrait, cette intensité qui s'effaçait en
regardant vers le soleil dont la puissance annulait toute couleur,
dardé sur la ville, brûlant les pierres. Ces jours où on ne peut
regarder la violence de cette lumière qui abolit le ciel, affaiblit
l'azur, sa sereine ironie, quand le sang bat sous les paupières.
5 commentaires:
On se demande s'il y a tout dans le ciel
Hosanna in excelsis deo... :-)
Dominique, grâce à vous mon premier rire ce matin
Si les gambettes rechignent l'esprit est au plus haut...des cieux
là François Bon était gentil avec moi parce que bien ou mal je parle encore plus du ciel que des halles… suis très animale
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