dans le jour
naissant
le salut
d'une rose
tout juste
éclose
dans la
chaleur de midi,
sa
vieillesse, coeur dehors.
La petite vieille elle n'a
rien fait de notable, a beaucoup lu, a dormi, a vaqué un peu
et reprend la troisième
partie de sa contribution en réponse à la vidéo 34 de l'atelier
d'été de François Bon https://youtu.be/XojG3u1ziOg
(pour rappel, l'ensemble
des contributions :
http://www.tierslivre.net/revue/spip.php?article211)
Debout devant sa fenêtre,
dominant la rue, les quelques touristes, la porte vers le fleuve, il
s'est dit que, pour l'ouest, il ne bousculerait guère sa tendance à
la paresse. L'est donc descendu, a franchi la porte, traversé un
groupe massé devant l'entrée du châtelet, est passé sous le
pont-levis maintenant fixe qui le reliait au pont, a suivi un moment
la promenade sous les remparts puis le rocher, jusqu'à la blancheur
ensoleillée flottant sur un vert tapis de lentilles d'eau de
l'embarcadère pour l'île... Pour atteindre la limite ouest de la
ville, il a guetté l'arrivée de la navette mais comme l'attente se
prolongeait, comme parmi les langues bienheureusement
incompréhensibles s'était glissée une conversation qui
chatouillait l'humeur honteusement chagrine dont il cherchait
justement à se défaire, il a décidé que la ville s'arrêtait au
fleuve, a traversé la route entre deux flots de voitures pour
entreprendre – avec un petit sourire de travers en remerciement
ironique à la gracieuse et souple vierge qui, depuis sa niche dans
le mur de soutènement du premier degré, l'encourageait à la
négation joyeuse de sa fatigue chronique – la montée des degrés
qui, depuis la terrasse en haut du rocher, dégringolaient en
serpentant vers lui – s'est arrêté à mi-hauteur pour jouir de
la vue sur les toits des quelques vestiges de bâtiments appuyés au
rempart, sur la navette qui émergeait sous le vert lumineux d'un
micocoulier, sur le fleuve que le soleil maquillait de bleu sombre,
les feuillages et une guinguette autrefois blanche sur la rive de
l'île surmontés des arbres et toits en tuiles roses ou grises
grimpant, au delà du fleuve, vers les tours qui couronnaient une
colline, avant de reprendre l'ascension, de s'appuyer avec un soupir
de soulagement à la belle rambarde de pierre de la terrasse
supérieure, admirant le lointain, la courbe que le courant traçait
autour du rocher, les écluses à demi cachées des canaux qui
redessinaient dans l'île l'emplacement des îlots qu'elle avait
avalés, et de faire les deux pas qui le séparaient de la grande
table de pierre où étaient gravés, avec les points cardinaux, les
noms des monuments dressés de l'autre côté du fleuve et des
montagnes bleutées à l'horizon, de sourire alors, de murmurer «mais
oui», de décider, ludique pour ludique, de modifier la règle de
base et, jouant sur la position décentrée du coeur de la ville
enclos dans ses remparts au sud-ouest de l'agglomération, de
constater qu'en levant les yeux, après en avoir lu le nom, vers
telle ou telle croupe noyée par la distance au dessus du fleuve
lequel, son détour achevé, filait droit vers elles, il faisait face
au nord. Et, en redescendant à travers le jardin et les rampes en
pente douce vers la ville, il souriait, vaguement honteux et ravi
d'éviter ainsi les deux énormes centres commerciaux qui s'étalaient
au nord de l'agglomération avec leurs routes et bretelles emmêlées,
hostiles aux piétons et leurs grands magasins et galeries marchandes
qui avaient transformé le coeur en désert.
3 commentaires:
Les bielles du ciel vont vous le mettre en mouvement pour vous faire écharpe étoilée
Aime bien de lire ..admirative j'ai en plus l'esprit embrouillé par une angine inappropriée ..jamais eu ça en été le monde est fou...Madame et moi je pleure
Arlette, te plains… nombreux à être passés de peu à côté, un été un peu montagne russe entre chaud et froid… soignes toi bien
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