commentaires

désolée, Paumée se veut à l'abri, sauf quand un acte fait déborder le vase, des allusions à la politique ambiante.. et si je suis reconnaissante aux envies de commenter je vous demande de me pardonner de rétablir la modération

mercredi, août 22, 2018

La vie d'une rose et le nord pour l'atelier d'été du tiers livre (34)

dans le jour naissant
le salut d'une rose
tout juste éclose
dans la chaleur de midi,
sa vieillesse, coeur dehors.
La petite vieille elle n'a rien fait de notable, a beaucoup lu, a dormi, a vaqué un peu
et reprend la troisième partie de sa contribution en réponse à la vidéo 34 de l'atelier d'été de François Bon https://youtu.be/XojG3u1ziOg
(pour rappel, l'ensemble des contributions : http://www.tierslivre.net/revue/spip.php?article211)

Debout devant sa fenêtre, dominant la rue, les quelques touristes, la porte vers le fleuve, il s'est dit que, pour l'ouest, il ne bousculerait guère sa tendance à la paresse. L'est donc descendu, a franchi la porte, traversé un groupe massé devant l'entrée du châtelet, est passé sous le pont-levis maintenant fixe qui le reliait au pont, a suivi un moment la promenade sous les remparts puis le rocher, jusqu'à la blancheur ensoleillée flottant sur un vert tapis de lentilles d'eau de l'embarcadère pour l'île... Pour atteindre la limite ouest de la ville, il a guetté l'arrivée de la navette mais comme l'attente se prolongeait, comme parmi les langues bienheureusement incompréhensibles s'était glissée une conversation qui chatouillait l'humeur honteusement chagrine dont il cherchait justement à se défaire, il a décidé que la ville s'arrêtait au fleuve, a traversé la route entre deux flots de voitures pour entreprendre – avec un petit sourire de travers en remerciement ironique à la gracieuse et souple vierge qui, depuis sa niche dans le mur de soutènement du premier degré, l'encourageait à la négation joyeuse de sa fatigue chronique – la montée des degrés qui, depuis la terrasse en haut du rocher, dégringolaient en serpentant vers lui – s'est arrêté à mi-hauteur pour jouir de la vue sur les toits des quelques vestiges de bâtiments appuyés au rempart, sur la navette qui émergeait sous le vert lumineux d'un micocoulier, sur le fleuve que le soleil maquillait de bleu sombre, les feuillages et une guinguette autrefois blanche sur la rive de l'île surmontés des arbres et toits en tuiles roses ou grises grimpant, au delà du fleuve, vers les tours qui couronnaient une colline, avant de reprendre l'ascension, de s'appuyer avec un soupir de soulagement à la belle rambarde de pierre de la terrasse supérieure, admirant le lointain, la courbe que le courant traçait autour du rocher, les écluses à demi cachées des canaux qui redessinaient dans l'île l'emplacement des îlots qu'elle avait avalés, et de faire les deux pas qui le séparaient de la grande table de pierre où étaient gravés, avec les points cardinaux, les noms des monuments dressés de l'autre côté du fleuve et des montagnes bleutées à l'horizon, de sourire alors, de murmurer «mais oui», de décider, ludique pour ludique, de modifier la règle de base et, jouant sur la position décentrée du coeur de la ville enclos dans ses remparts au sud-ouest de l'agglomération, de constater qu'en levant les yeux, après en avoir lu le nom, vers telle ou telle croupe noyée par la distance au dessus du fleuve lequel, son détour achevé, filait droit vers elles, il faisait face au nord. Et, en redescendant à travers le jardin et les rampes en pente douce vers la ville, il souriait, vaguement honteux et ravi d'éviter ainsi les deux énormes centres commerciaux qui s'étalaient au nord de l'agglomération avec leurs routes et bretelles emmêlées, hostiles aux piétons et leurs grands magasins et galeries marchandes qui avaient transformé le coeur en désert.

3 commentaires:

casabotha a dit…

Les bielles du ciel vont vous le mettre en mouvement pour vous faire écharpe étoilée

arlette a dit…

Aime bien de lire ..admirative j'ai en plus l'esprit embrouillé par une angine inappropriée ..jamais eu ça en été le monde est fou...Madame et moi je pleure

Brigetoun a dit…

Arlette, te plains… nombreux à être passés de peu à côté, un été un peu montagne russe entre chaud et froid… soignes toi bien