Comme, ne sais trop
pourquoi, pressentiment heureux pour une fois, j'avais décidé de
voir, à 14 heures, à Utopia le dernier des films proposés par
c'est pas du luxe et comme
n'étais toujours pas au top de ma forme et que c'était ce qu'il y
avait de plus compatible comme horaire m'en suis allée vers la
Maison Jean Vilar
où
se tenait à 11 heures 30 une «conférence populaire» (partageons
nos savoirs, disputons nous si nécessaire, pour distinguer ensemble
le sujet qui nous réunit. Une atmosphère où l’on peut affirmer
ses rêves ou ses envies)
refrénant
la pointe de méfiance que m'inspire ce genre de choses et
qu'intensifiais l'intitulé choisi A
quoi nous sert l'art ?
Première
surprise agréable, cela avait lieu dans le jardin... quasiment vide,
ai pu aller rendre visite à la fontaine... seconde impression
renforçant un peu mes craintes, étions quelques uns (à l'évidente
déception de Bruno Bourgarel qui l'animait – en se défendant de
le faire), même si peu à peu d'autres sont arrivés mais oui sommes
le peuple mais tout de même une fraction (un peu comme l'étaient
les participants des Nuit debout ce que certains avaient sans doute
été, mais semble-t-il avec la conscience de cette uniformité
relative à travers nos différences, même si ma petite
interrogation timide, au détour d'un échange, sur notre
représentativité limitée est tombé dans une réprobation
soigneusement incompréhensive)
La
ferme liberté suggérée par Bruno Bourgarel (avec charme et humour)
nous a regroupé autour de tables (Brigetoun assise sur la marche
entre jardin et terrasse pour une question de confort personnel) et
suis tombée sur un groupe assez hétéroclite uni par notre commune
indiscipline qui nous a fait, en plaisantant, creuser nettement plus
les différentes pistes que nous ouvrions en marge du fonctionnement
commun, avec des retours à la discipline pour ne pas paralyser
l'ensemble, en jouant le jeu des questions/réponses d'une banalité
forcément assez grande et remplissant, un peu en marge de nos échanges, les quelques feuilles de
papier qu'il fallait accrocher, afficher pour une discussion générale
– enfin c'était assez sympathique, les esprits s'effleurant,
s'entrechoquant avec plaisir, pour que je reste jusqu'à la fin,
négligeant le fait que l'intervalle de temps restant était trop
court pour un aller retour vers l'antre et sa cuisine, trop long pour
le court trajet me séparant d'Utopia.
J'ai usé le temps en
restant seule, un moment, dans la salle voutée avant d'émerger dans
la cour de Vilar, écoutant les voix enregistrées pour portraits
et paysages sonores (Une photographie de mots libres et volontaires,
glanés aux vents des rencontres)
http://cestpasduluxe.fr/programme2018/portraits-et-paysages-sonores/
mais avec l'impression absurde d'être, du fait peut-être de cette
solitude, un peu illégitime comme l'est un voyeur, et d'empêcher –
ce qui bien sûr était faux – de fermer la porte sur ce local et
le jardin.
en circulant avec plaisir
dans l'air délicieux, la lumière, le quartier,
en faisant le tour de
l'allée, ouverte cette fois, dans le nouveau jardin offert au public,
sans bien entendu pouvoir m'asseoir comme on le faisait au sol ou sur
des pierres en bordure quand il était friche, en grommelant parce
que la fontaine ne délivrait pas d'eau (en fait c'était ma faute,
ne tournais pas assez) et que le petit bassin et ses jets d'eau était
espace minéral sans vie
En m’asseyant au pied
d'un arbre à la lisière du restaurant de la Manutention, que suis
trop timide pour fréquenter, ne me sentant pas assez branchée, et
qui d'ailleurs ne propose ni pâtes, ni riz, ni patates mais viandes
et crudités... donc rien pour moi, en sortant mon carnet, en
bataillant pendant plus de dix minutes avec une première phrase qui
ne voulait pas venir pour le 45 de l'atelier d'été du tiers.livre
(faudra que j'essaie de le mettre en mots demain) jusqu'à ce que
deux africains viennent s'asseoir à côté de moi, que je range mon
carnet, que nous commencions à parler, qu'ils me révèlent qu'ils
sont, pour le plus vieux le plus grand, l'un des protagonistes du
film que nous attendions (Thomas Matono, né au Congo de deux
angolais réfugiés), l'autre, plus jeune, plus petit, plus bavard du
moins à ce moment, et avec lequel me sentait tout autant à l'aise,
Babacar Sow, guinéen je crois, l'un des preneurs de son... et que
l'attente devienne pleine de charme (sur la photo jambes assises du
grand, jambes debout du preneur de son, face aux jambes d'une jeune
cameraman tenant son bébé dans les bras)
Avant de voir le film
l'Odyssée (et ce que vais
recopier sur le programme, le sujet, les participants, ne donnera aucune idée de la qualité de ce que cette équipe a produit en
trois ans, qui n'est pas documentaire, mais tissage savant aux
coutures si affirmées qu'elles ne gênent pas mais sont rythme,
entre des témoignages souvent poignants qui généralement ne sont
pas filmés frontalement mais comme des phrases prises dans le cours
d'une occupation, une flânerie au bord de l'océan, le travail du
bois, un café pris dans une cuisine etc... des résumés plus ou
moins savoureux de l'Odyssée dits par l'un ou l'autre des trois
interprètes principaux capté en buste de face et superbement
expressif et des passages qui tiennent un peu des deux ou sont le
making-of du film, le tout merveilleusement filmé, accompagné par
la musique d'un quatuor féminin – et il y a leur jeu recueilli et
l'écoute attentive par les acteurs, puisque c'est ce qu'ils sont
même si c'est parfois de leur vie, le choix de la musique qui doit
accompagner les voix etc... le fait aussi que dans le dernier des
chants en quoi est découpé le film, au voyage cruel dans la
réalité, au voyage revivifié de l'épopée, s'ajoute un discret
voyage intérieur... il y a leur liberté et leur talent devant la
caméra qui doit pas mal à eux et certainement beaucoup à leur
travail... enfin bref ai demandé à la fin quel était l'avenir
envisagé pour le film qui doit, à mon avis, être montré en salle
et pas comme un documentaire militant ou non – réponse : contacts
en cours mais fini de monter cette semaine, enfin je lui souhaite
bonne chance, pour le plaisir des éventuels spectateurs)
dont
il s'agissait de l'Odyssée
http://cestpasduluxe.fr/programme2018/lodyssee/
un film de Samuel Albaric,
produit par Carta Luna Production et l'Hôtel social 93 – boutique
solidarité (Emmaüs) de Gagny etc
ainsi
présenté (en redisant que c'est bien plus que ça) Au
travers du récit antique de l’aventure d’Ulysse, se racontent en
parallèle, les grands voyages qu’ont parcourus trois personnes
accueillies à la Boutique Solidarité de Gagny.
Sur la
photo prise sur le site du festival : de gauche à droite un
marocain image de force calme alors qu'ancien toxico etc..,
l'anglophone de la bande, plein de charme, et Thomas Matono (un peu
peur d'avoir écorché son nom en le notant)
Un
moment de prises de parole (Thomas très très en verve et Boubacar en bout de rang), un court échange avec la salle, une
sortie souriante, un adieu,
et m'en suis revenue pour faire cuire
pâtes, me mettre à table à quatre heures et demie et entamer une
longue et bienheureuse sieste.
14 commentaires:
Pâtes au fromage ? Épices ? Beau dimanche entouka.
épices avec extrême modération, ce qui me navre
belles rencontres
juste ce qu'il fallait pour se sentir bien
Dans la lumière crue du ciel en mistral gagnant
Belle sortie épicée, l'esprit émoustillé, de quoi éveiller l'appétit.
Arlette mais d'après mistral, faisait doux et sans vent (notre dernier jour au dessus de 30° je crois)
oh Pierre pas besoin de cela ni d"épices pour avoir appétit après huit heures à jeun
On dirait que ce film, et vos rencontres avant ainsi que ce lieu assez magique, vous ont redonné le "peps" qui semblait vous manquer ces derniers temps... Allez plus souvent au cinéma !
Nul doute que notre Président humaniste ne vienne honorer de sa présence la projection de cette œuvre quand elle sortira sur les écrans parisiens. :-)
Dominique il trouverait le moyen de s'approprier la chose d'une façon ou d'une autre (sans lever le petit doigt pour aider ces migrations en partie inévitables - dans deux des cas ce n'était pas purement économique - ils ne méritent pas ça
Merci pour le témoignage de cette culture régionale pleine de vie et de diversité. Cette vitalité locale est nécessaire à notre démocratie qui se repose un peu, beaucoup trop sur un centralisme politique, économique, culturel.......j'en passe et des meilleures comme il se disait autrefois.
en fait ce n'était pas régional (enfin certaines choses venaient de la région... ce qui n'était pas le cas du film, de la plupart des pièces etc...) à moins de considérer la pauvreté comme une région (sourire)
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Bonjour,
Merci de votre jolie description de la conférence populaire, un peu flottante ce jour là. Pour ceux qui s'intéresseraient à la question : www.reseauarcencieltheatre.org
Au plaisir de revenir vous lire.
Bruno Bourgarel
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